J’ai écrit récemment un article sur le thème de la musique dans le culte, l’importance du chant des Psaumes et du choix des cantiques. Pour être complet, je me devais de proposer un article sur le culte réformé, sa spécificité et sa beauté, en tant qu’expression liturgique de la théologie de l’Alliance (foedus).
Parler de la beauté du culte réformé, c’est forcément parler de sa vérité : la beauté sans la vérité n’a guère de sens ; ce qui fait la beauté d’une chose, c’est son rapport avec la vérité. Ce qui fait la beauté du culte réformé, c’est qu’il est biblique : il n’est beau que d’autant qu’il est résolument biblique.
L’erreur est laide ! Elle peut parfois paraître belle, mais cette beauté est trompeuse, comme la beauté du diable.
Il faut nous arrêter sur les trois mots : beauté, culte et réformé. Commençons par le dernier.
Réformé
Ce mot désigne une tradition, une certaine manière de comprendre la foi, une « école » de pensée, une théologie spécifique qui doit beaucoup au Réformateur Français Jean Calvin, sans pour autant se réduire à celui-ci. Vous verrez que dans cet article, je cite aussi souvent Martin Luther.
La foi réformée s’inscrit dans un courant : elle est comme un fleuve qui trouve sa source dans la théologie des Réformateurs et dans les confessions de foi de la Réforme, avec notamment la Confession de La Rochelle, le Catéchisme de Heidelberg et les Canons de Dordrecht.
Inutile de s’attarder davantage sur ce mot, car vous trouverez sur ce blog de nombreux articles sur le sujet, sous la rubrique « Foi réformée confessante ».
Voir en particulier :
- Semper reformanda – Vincent Bru
- Les dix points du calvinisme – Vincent Bru
- Que signifie être calviniste aujourd’hui ? – Vincent Bru
- La théologie de l’Alliance – Vincent Bru
- La Foi réformée en France – Pierre Courthial
Culte
Le culte est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu. C’est le moment où l’Église est rassemblée pour répondre à l’appel de Dieu, à sa convocation, afin de l’écouter, et de lui exprimer sa reconnaissance, conformément au quatrième commandement sur le respect du Sabbat. C’est une rencontre pleine de sens, un échange d’amour, où les fidèles viennent puiser à la Source de la Vie. C’est la rencontre du Ciel avec la terre, et de la terre avec le Ciel. Et cela n’est pas rien !
Le culte est avant tout écoute, de laquelle découle, naturellement, notre adoration.
L’homme a deux oreilles et une bouche : l’écoute est centrale ; il s’agit d’entendre la Parole de Dieu, de la recevoir jusqu’au plus profond de notre être, afin de la mettre en pratique.
Ensuite seulement vient l’expression de la foi de l’Église, à travers les prières et le chant, et comme le disait Luther : « Chanter c’est prier deux fois » !
La prière est la réponse reconnaissante de l’homme à la grâce de Dieu en Jésus-Christ, qui est première.
Le chant des Psaumes revêt une importance primordiale, car en les chantant, nous savons que ce sont les paroles même de Dieu que nous faisons monter vers lui.
En un sens, il en est du chant des Psaumes comme de la prière du Notre Père : dans les deux cas, c’est Dieu qui nous les a donnés, afin que nous sachions avec certitude ce qu’il convient de lui demander, et comment il nous appartient de le louer.
Le culte n’est pas quelque chose qui est laissé à la fantaisie des hommes. Il doit être conforme à l’enseignement de la Parole de Dieu, ou pour reprendre les paroles de l’Apôtre Paul, ce doit être un « culte logique » (logikos, en grec) (Romains 12.1-2), un culte selon la Parole.
Chaque élément du culte doit être soigneusement pensé, réfléchi, médité afin de refléter au mieux ce que Dieu attend de nous.
On dit, à juste titre, que le salut est par grâce, qu’il est l’œuvre de Dieu. Ainsi en est-il pour le culte : il est par grâce, c’est un cadeau que Dieu fait aux hommes, afin de nous permettre de vivre pleinement notre vocation chrétienne.
« Dieu ne peut être l’Objet de notre culte que s’il est d’abord le Sujet qui nous donne le culte. Nous ne pouvons lui offrir notre service que si lui-même le suscite et l’ordonne tout d’abord. »
R. Paquier, Traité de liturgique, p. 3.
Il est possible de dégager de l’Écriture Sainte une certaine forme de culte, et ce faisant, d’adorer Dieu de la bonne manière, autrement dit « en esprit et en vérité » !
« Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que le Père recherche. »
Jean 4.23 NVS78P
Les images dans le culte
Un culte « en esprit et en vérité » implique de prendre très au sérieux le premier et le deuxième commandements de la Loi de Moïse, car ils posent la question de l’utilisation ou non des images dans le cadre des célébrations cultuelles.
3Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
4 Tu ne te feras pas de statue, ni de représentation quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, et de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. 5Tu ne te prosterneras pas devant elles, et tu ne leur rendras pas de culte ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent, 6et qui use de bienveillance jusqu’à mille (générations) envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.
Exode 20.3-6
Il suffit d’entrer dans un temple protestant pour se rendre compte de la différence qui existe sur cette question essentielle entre les trois confessions chrétiennes que sont le catholicisme romain, l’orthodoxie et le protestantisme.
L’idée novatrice des Réformateurs a été de focaliser le plus possible l’attention des fidèles sur l’écoute, plutôt que sur la vue, d’où la centralité de la prédication (Parole audible), plutôt que de l’eucharistie (Parole visible).
L’argument du catholicisme romain au XVIe siècle, c’était de dire que les images et les statues servaient de livre pour les ignorants, et avaient donc une portée pédagogique. L’argument est recevable, en un certain sens. Pour autant, les Réformateurs ont fait un autre choix que celui-ci, qui est le choix exigeant de l’alphabétisation du peuple. En effet, il était essentiel pour eux que tous les fidèles, sans exception, puissent lire la Bible directement, et soient en mesure de comprennent, et de bien comprendre, ce qui se disait pendant le culte.
Il est là, aussi, le sens du Sola Scriptura, l’Écriture comme unique intermédiaire ‒ ou médiateur ‒ entre Dieu et les hommes, reçue dans et avec la lumière et la puissance du Saint-Esprit.
Les représentations des réalités célestes
Pour autant, l’intention de Luther et de Calvin n’a jamais été d’exclure toute forme d’art religieux du culte et des lieux de culte. L’interdiction de la Loi de Moïse concerne l’idolâtrie, le fait de vouer un culte aux idoles, aux faux dieux. Il n’est pas exclu d’étendre cette interdiction au fait de représenter Dieu de manière fantaisiste, sous les traits d’une créature, sans aucune référence à la symbolique scripturaire, comme c’était le cas dans les peuples païens, voisins d’Israël. L’épisode du veau d’or est là pour nous le rappeler. Se représenter Dieu sous les traits d’un animal est contraire aux exigences de la Loi de Dieu. Cela s’apparente à un blasphème1.
Les représentations faites par nos grands peintres chrétiens, comme Michel-Ange, ne me semblent pas concernées (ou pas forcément) par le 2e commandement. Ce sont des œuvres d’art qui entendent rendre compte de certaines vérités qui se trouvent bel et bien dans la révélation.
Ce qu’il faut bien comprendre ici c’est que les seules représentations légitimes des choses célestes sont celles qui se trouvent dans l’Écriture Sainte elle-même2. Les trois confessions chrétiennes sont d’accord là-dessus d’ailleurs. Les trois sont résolument monothéistes et condamnent l’idolâtrie ‒ comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement ?
La question des représentations artistiques des réalités célestes se posent, d’une certaine manière, de la même façon quelle que soit la confession. L’art religieux a bien évidemment toute sa place comme expression à la fois culturelle et spirituelle de la dimension religieuse de la société, et comme marqueur civilisationnel. L’iconoclasme est une grave erreur.
Des images dans le culte réformé ?
La différence entre le protestantisme et le catholicisme romain tient en réalité à l’utilisation des images dans le culte. Le hiatus entre les trois confessons chrétiennes concerne plus précisément les conclusions du 7e Concile œcuménique qui a statué sur la question des images dans et pour le culte, et non pas des images en elles-mêmes. Il s’agit d’ailleurs davantage d’une différence d’accentuation que de fond. Car il y a bel et bien des images dans un lieu de culte réformé, des symboles plus exactement : la Bible ouverte sur la table de communion est une image, la croix latine souvent mise en évidence aussi. La chaire pastorale avec ses formes souvent joliment travaillées qui participent à l’esthétique du lieu de culte. Les bancs d’église, dont la symbolique renvoie à quelque chose de communautaire, plutôt que des chaises individuelles. La table de communion et le rituel eucharistique lui-même revêtent une forme hautement symbolique et imagée, avec le pain, le vin, la coupe. L’homme n’est pas une réalité purement cérébrale, il n’est pas un pur esprit. Il faut bien, donc, que le culte s’adresse aussi à cette autre dimension de l’être humain qu’est la vue, comme aussi le toucher. Tout est une question d’équilibre. La beauté du culte réformé, c’est l’équilibre.
Pour un symbolisme résolument biblique
L’important, encore une fois, c’est que le symbolisme dans le culte découle directement de la Sainte Écriture, et non pas de l’imagination des hommes, et que l’accent soit résolument portée sur la Parole écrite de Dieu, et sur l’intelligence de la foi. Et ce, contre toute forme de superstition qui ne manquent pas de s’insinuer dans la piété des fidèles dès lors que les images prennent le pas sur la parole audible.
Je cite Calvin dans son Catéchisme, au sujet du 2e commandement.
145. Quelle forme d’adoration Dieu rejette-t-il ?
Celle qui consiste à se tourner vers une statue ou une image pour lui adresser une prière, se prosterner, s’agenouiller devant elle ou lui rendre honneur de quelque manière, comme si c’était Dieu qui, dans cet objet, se présentait à nous.
146. Ainsi, il ne faut pas voir dans ce commandement une condamnation pure et simple de la peinture et de la sculpture : il nous est simplement défendu, quand nous faisons des images, d’y chercher la présence de Dieu et de l’adorer à traverse elles ; ou bien (cela revient au même) de les adorer à la place de Dieu ; bref, de les utiliser abusivement dans un esprit de superstition et d’idolâtrie.
C’est bien cela.
147. Quel est donc le but de ce commandement ?
Dans le premier, Dieu déclarait que c’était lui, et lui seul, qu’il fallait adorer. Dans celui-ci, le second, il nous enseigne ce qu’est la vraie adoration, afin de nous détourner de toute forme de superstition ou de vénération coupables d’objets tirés de la matière.
Jean Calvin, Catéchisme de Genève, Questions 145-147, Éditions Kerygma, 1991.
Tout est dit !
Le rôle du pasteur
J’ajouterai que dans la tradition réformée, le pasteur occupe une place à part, au même titre que le prêtre dans l’ecclésiologie romaine catholique, bien que de manière différente. C’est sous sa responsabilité et sous sa direction que le culte est célébré, car il représente le Christ aux yeux de tous les fidèles. Il a une fonction de représentation. Sa vocation, à la fois intérieure et extérieure, fait de lui, et de lui seul, le ministre de la Parole et des sacrements, pour reprendre une formule de la Réforme.
A ce titre-là, je préconise, pour ma part, le port de la robe pastorale, comme « cache-homme », et pour signifier de manière symbolique et visible l’appartenance à un corps – en l’occurrence celui des pasteurs. Je trouve très dommageable le fait d’avoir abandonné cette pratique dans bien des Églises pourtant issues de la Réforme. Quel appauvrissement !
Le Pasteur Adolphe Monod (1802-1856), grande figure du Réveil du 19e siècle, en robe pastorale.
Porter la robe pastorale, c’est donner à la Parole de Dieu la première place ; c’est une manière de s’effacer derrière celle-ci ; c’est cacher l’homme derrière son ministère de ministre de la Parole de Dieu (Dei Verbi Minister).
Rappelons que, depuis Calvin qui la portait sans discontinuer, il s’agit d’abord d’une robe doctorale, plutôt que d’un vêtement ecclésiastique ; c’est une robe de docteur de l’Université et de ministre de l’Évangile, c’est-à-dire de celui qui a la compétence pour annoncer « la vérité des Écritures », fondement de l’Église.
La robe noire est actuellement la plus couramment utilisée. C’est une sorte d’ample tunique d’un tissu soyeux avec des plis partant des épaules et des manches larges.
Elle n’a pas de col : la robe s’ouvre sur le devant et le pasteur met par-dessus une sorte de haut de col en tissu blanc amidonné, prolongé par deux bandes blanches d’environ 25 cm, figurant l’ancienne et la nouvelle alliance.
Si on ne peut pas la comparer à la robe sacerdotale du prêtre, pour la majorité des protestants la robe reste bien le symbole du ministère pastoral. Si elle peut intimider, elle rassure aussi, car elle est à la fois le signe d’une présence et d’une tradition à laquelle on souhaite rester fidèle.
Musée Virtuel du Protestantisme
Ne pas confondre sacerdoce universel et pastorat universel !
Faut-il préciser qu’il n’est nullement question en théologie réformée de pastorat universel. Le sacerdoce universel ne signifie pas le ministère universel. N’est pas pasteur qui veut. On ne s’aurait s’auto-proclamer pasteur. On est pasteur parce que l’on a été ordonné, dument ordonné, et reconnue par les instances autorisées. Il n’appartient donc pas à tous les fidèles, indistinctement, de prendre la parole pendant le culte. Le culte n’est pas une rencontre improvisée où chacun peut dire ce qu’il veut, comme des scouts qui se retrouvent autour d’un feu de camp. Il ne s’agit pas de ça. Le culte est quelque chose de très codifié où chaque éléments doit être à sa juste place, et où les prises de paroles doivent être réglementées, sous la conduite du pasteur. C’est à cette condition que des fidèles peuvent participer à la liturgie du culte, pour les lectures de la Bible par exemple, voire exceptionnellement pour la prière d’adoration ou d’intercession, mais sans que cela soit une obligation non plus. Le pasteur est celui qui célèbre le culte pour l’ensemble de la communauté, il n’est pas un animateur liturgique. La participation des fidèles se vit essentiellement à travers le chant des Psaumes et des cantiques. Et ceci est une vraie participation. La meilleure qui soit.
Beauté
La liturgie réformée comporte les éléments suivants (voir ci-après), qui en font toute la beauté. On peut lui appliquer les qualificatifs de : harmonieuse, équilibrée, claire, sobre, solennelle, majestueuse, profonde. J’insiste particulièrement sur la clarté et la sobriété qui sont les deux versants de ce qu’il convient d’appeler la rhétorique réformée.
La liturgie doit parler avant tout à l’intelligence mais aussi au cœur, à la raison, mais aussi aux émotions (bien que de manière seconde). L’important, c’est qu’elle soit résolument biblique. Le culte réformé est centré sur la prédication de la Parole, qui est le cœur du culte, avec la célébration de l’Eucharistie, quand celle-ci a lieu. Les deux forment une ellipse à deux foyers : la Parole audible (prédication), et la Parole visible (Sainte Cène).
Salutation/Invocation
Dès le début du culte, le peuple de Dieu se prépare à la rencontre avec le Dieu Saint dont il invoque la présence.
Il est possible ici de chanter, après les paroles liturgiques de salutation et d’invocation, le spontané : « Saint, Saint, Saint, est le Seigneur » par exemple (ARC 863).
A l’instar du « Notre Père », le culte commence par un rappel de la transcendance de Dieu : Il est celui qui est « aux cieux », et dont le nom doit être sanctifié, mis à part ; celui aussi dont la volonté doit être faite, non seulement dans le ciel, mais aussi sur la terre, et sur la terre comme au ciel !
Les premières paroles du culte sont déterminantes : elles colorent tout le reste du culte ; elles constituent un rappel sommaire de la finalité comme aussi du contenu de celui-ci, comme dans cet exemple de la Liturgie verte (abrégée) : « La grâce, la miséricorde et la paix vous sont données, de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ notre Seigneur. Invoquons le Seigneur notre Dieu ! »
Inutile d’en dire plus. Il s’agit de la porte d’entrée, après une introduction musicale qui a aussi toute sa place ici. Il faut prendre conscience d’être sur une terre sainte. Il y a un avant et un après. J’aime pour ma part que cette « entrée en matière » soit particulièrement travaillée, et non pas improvisée. Je choisis une musique majestueuse, qui porte à la méditation, souvent du Bach. Un jeu d’orgue. C’est une invitation au silence, comme une prière d’illumination qui dit : « Fais taire en nous toute autre voix que la tienne » ! Après le bruit et l’agitation de la semaine : le silence, la musique, et puis, la Parole de Dieu, enfin !
C’est le Seigneur qui appelle et rassemble son peuple. L’Église, une fois rassemblée dit, comme Samuel : « Me voici ! Parle. Ton serviteur écoute ! » (1 Samuel 3.10).
Adoration
Ce moment de la liturgie du culte réformé se subdivise en deux partie : la prière d’adoration (voir dans la rubrique Liturgie) et le chant d’un Psaume ou d’un cantique.
Qu’est-ce qui pourrait convenir davantage, en se sachant en présence du Dieu Saint, que le chant d’un Psaume d’adoration ? Le Peuple de Dieu l’adore à travers les paroles même de sa Sainte Écriture.
Il est bien évidemment possible aussi de chanter, en lieu et place d’un Psaume, un cantique d’adoration, pourvu que celui-ci soit soigneusement choisi dans l’hymnologie chrétienne, pour la profondeur de ses paroles, et la sobriété et la majesté de sa musique.
Je rappelle ici ce que dit Calvin dans son introduction au Psautier de Genève : « Il faut toujours veiller à ce que le chant ne soit ni léger, ni volage, mais qu’il ait poids et majesté (comme dit saint Augustin) et ainsi, qu’il y ait grande différence entre la musique qu’on fait pour réjouir les hommes à table et en leur maison, et les Psaumes qui se chantent en l’Église, en la présence de Dieu et de ses anges. »
L’adoration est une partie essentielle du culte rendu à Dieu. A la question : « Quelle est la véritable connaissance de Dieu ? », Calvin répond, dans son Catéchisme, après avoir affirmé que le but principal de la vie de l’homme, c’est de connaître Dieu : « Celle qui nous pousse à lui témoigner l’honneur qui lui est dû. » (Question 6) De-même il dit ceci (questions 1 et 2) : « Si Dieu nous a créés et placés dans ce monde, c’est pour être glorifié en nous. Cette vie, dont il est le Créateur, n’est-il pas juste de la consacrer à sa gloire ? »
Comment ne pas penser ici au Catéchisme de Westminster qui ne dit pas autre chose, en répondant à la question (la première) : « Quel est le but principal de la vie de l’homme ? » Réponse : « C’est de glorifier Dieu et de trouver en lui notre bonheur éternel. »
Glorifier Dieu, en l’adorant !
L’adoration est, avec l’écoute de la Parole de Dieu, l’un des éléments central du culte, comme de toute la vie de l’Église et du chrétien.
Loi de Dieu
Il peut s’agir de la lecture des Dix paroles de l’Alliance (ou « Dix Commandements »), ainsi que du rappel du sommaire de la Loi avec le double commandements d’amour de Dieu et du prochain.
L’objectif ici, c’est de nous rappeler combien Dieu et Saint, et combien nous sommes pécheurs.
Le culte réformé reprend la structure du Catéchisme de Heidelberg (voir questions 1 et suivantes), qui pose la question : « Combien de choses dois-tu savoir pour vivre et mourir dans cette heureuse consolation (ou assurance) ? » Réponse : « Trois. D’abord combien son grand mon péché et ma misère ; ensuite comment j’en suis délivré ; enfin, quelle reconnaissance je dois à Dieu pour cette délivrance. » Tout est dit ici. C’est un véritable sommaire de la vie chrétienne : Péché-Grâce-Reconnaissance ; Loi (2e usage, pédagogique)-Évangile (pardon/grâce)-Loi (3e usage, didactique).
Le culte réformé renvoie à chacun de ces aspects de la vie de la foi, et ce, de manière harmonieuse.
Il s’agit d’abord de se reconnaître pécheur. C’est le commencement de tout.
Question : « Comment connais-tu ta misère ? » Réponse : « Par la Loi de Dieu. »
Voilà pourquoi cet élément du culte est essentiel. La Loi de Dieu nous révèle et la sainteté de Dieu, et notre misère. Il s’agit de l’usage pédagogique de la Loi de Dieu (2e usage de la Loi), la Loi comme pédagogue qui nous conduit au Christ-Sauveur. La Loi me révèle mon péché, et me conduit à Jésus-Christ, l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. Seuls les malades ont besoin d’un médecin. Jésus-Christ est le médecin des âmes. Je dois d’abord savoir que je suis malade avant de me faire soigner par lui.
Le peuple de Dieu doit plus particulièrement se souvenir, que ce que Dieu attend de tout homme, c’est l’amour, et que c’est précisément ce dont nous manquons le plus, et qui nous manque le plus aussi. L’homme est malade de ne point aimer. Il ne sait plus ce que c’est que d’aimer. L’orgueil et la vanité ont pris la place de l’amour dans son cœur.
Question (Catéchisme de Heidelberg) : « Qu’exige donc de nous la Loi de Dieu ? » Réponse : « Jésus-Christ nous l’apprend dans le sommaire qu’il en donne : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être, et ton prochain comme toi-même. »
Question : « Peux-tu parfaitement observer tout cela ? » Réponse : « Non, car par nature, je suis plutôt enclin à haïr Dieu et mon prochain. »
Le culte réformé entend ainsi nous placer devant Dieu, dans la reconnaissance de notre situation de pécheur-ne-sachant-plus-aimer, afin de mieux recevoir la grâce qui vient d’en haut, et de lui exprimer toute notre reconnaissance pour un si grand amour.
Les Dix Commandements
Le Décalogue, dans une église anglicane.
« Les Écritures n’exigent pas explicitement que les ministres lisent les Dix Commandements pendant les cultes. Cependant, certains principes ont informé les Églises tout au long de l’histoire afin qu’elles incluent le Décalogue fréquemment, voire hebdomadaire. Cette pratique a prévalu chez les protestants jusqu’au XIXe siècle, lorsque le revivalisme a commencé à déplacer les formes liturgiques traditionnelles et que le dispensationnalisme a diminué la pertinence du Décalogue pour les croyants du Nouveau Testament. »
Michael Spotts, L’utilisation du décalogue dans le culte.
Confession du péché
Il existe de nombreux textes liturgiques de confession du péché sur ce blog, et il est bon que ceux-ci s’inspirent plus ou moins directement de la Bible (le Psaume 51 par exemple, qui est la prière de confession du péché du roi David). La confession du péché de Calvin lue par Théodore de Bèze au Colloque de Poissy, est particulièrement remarquable par sa profondeur et sa justesse. Je la lie souvent, personnellement.
Je préfère pour ma part parler du péché, au singulier, plutôt que des péchés, car ce que l’on confesse à Dieu au moment du culte, c’est principalement notre manque d’amour. Le péché est tout ce qui est contraire à l’amour, l’amour qui est le cœur de la Loi. Les péchés, au pluriel, ne sont que la conséquence du péché. Pécher, c’est manquer le but, étymologiquement parlant. Manquer d’amour, c’est passer à côté de la vie. C’est vivre dans les ténèbres, et c’est être esclave de soi-même, et de Satan, l’ennemi de Dieu. Pécher, c’est vivre en étant séparer de Dieu, c’est la volonté d’autonomie : orgueil et incrédulité. Le péché, c’est le contraire de la foi-confiance. « Dieu a-t-il réellement dit ? » (Genèse 3)
C’est là tout ce qu’il nous faut confesser à Dieu au moment du culte. Avant de recevoir l’assurance de son pardon.
Déclaration du pardon/actions de grâces
C’est le cœur de l’Évangile, la réconciliation avec Dieu par la foi au Christ-Sauveur, lui, l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde (Jean 1).
Imaginer que l’Évangile puisse être autre chose que cela, c’est tout simplement passer à côté du message central de la Bible. Christ est venu pour nous réconcilier avec Dieu, en prenant la place du pécheur, en se substituant à lui (substitution pénale), en étant jugé et condamné à sa place sur la croix. Le mystère de la croix, c’est celui du « joyeux échange » pour reprendre les paroles de Martin Luther : Christ nous donne sa justice en échange de notre péché (justice passive, forensique). Il meurt comme un coupable sur le bois de la croix, à la place du pécheur, et ce faisant, il nous rend Dieu propice – la théologie chrétienne parle à cet égard du sacrifice expiatoire et de la mort substitutive et propitiatoire de Jésus-Christ sur la croix.
Il y a tout cela dans la déclaration du pardon et l’annonce de la grâce. Le message de la rédemption en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour nous, doit être rappelé tous les dimanches sans exception. Bien sûr ! Sans cela, plus rien n’a de sens.
« Chaque semaine, je prêche la justification par la foi à mon peuple, parce que chaque semaine, ils l’oublient. »
Martin Luther
Le motif biblique fondamental est : Création – Chute – Rédemption. Ces trois éléments clefs, et notamment la rédemption, doivent être rappelés au moment du culte, afin de se remémorer ce que cela signifie que de vivre devant Dieu (Coram Deo, comme le disait si bien Luther). Afin de penser juste, et de mener une vie sainte, dans lumière du Christ-Seigneur-et-Sauveur.
Cela peut être dit simplement, avec la lecture, par exemple, du verset qui, dit-on, résume toute la Bible, Jean 3.16 : « Car Dieu a tant aimé le monde… ». Il y a mille autre textes, tant dans la Bible hébraïque que dans la Tradition des Apôtres, qui nous rappellent combien l’amour de Dieu envers les hommes, ses créatures, est grand.
Dans la tradition réformée, il est d’usage, avec le rappel de la grâce de Dieu manifesté en Jésus-Christ, et l’annonce du pardon, de prononcer les paroles d’absolution du péché, au nom de la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, comme c’est le cas par exemple dans la Liturgie Verte (service abrégé), je cite : « Fondé sur cette promesse, en tant que serviteur de Jésus-Christ, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, à ceux qui se repentent et qui croient, j’annonce ici le pardon de Dieu et j’atteste l’absolution de leurs péchés. »
Le pouvoir des clefs que l’Église de Rome réserve aux prêtres, qu’ils exercent en particulier lors du sacrement de la Confession, s’exerce, en théologie réformée, par les pasteurs, lors du culte dominical, et ce, de manière générale (plutôt que particulière). Il faut noter, cela étant dit, que cette absolution ne trouve de véritable efficacité que chez ceux qui « se repentent et qui croient ». Ce n’est qu’avec la foi du récipiendaire, et à travers elle, que le sacrement trouve toute sa plénitude de sens et d’efficacité. Il n’agit pas tout seul (ex opere operato, comme le prétend Rome). Théologiquement, ceci est d’une grande importance.
« Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »
Jean 20.23 (NVS78P)
Confession de foi
L’expression de notre reconnaissance envers Dieu passe par la confession de la foi de l’Église. J’insiste sur le caractère objectif de la foi que les fidèles doivent confesser au moment du culte. Il ne s’agit pas de confesser sa foi personnelle, mais bien la foi une et indivisible de l’Église. Il y a la foi et la Foi. La foi par laquelle on croit, et puis la Foi qui doit être crue et confesser par tous (distinction entre fides qua et fides quae creditur).
La théologie réformée se distingue ici du protestantisme libéral qui refuse les affirmations doctrinales et oppose une prétendue religion de l’esprit à la religion de l’autorité. Chez les Réformateurs, cette opposition n’existe pas. L’Esprit Saint parle dans la Sainte Écriture, dont le contenu de sens et la droite interprétation sont exprimés de la meilleure façon possible dans les confessions de foi chrétiennes : le Credo, le symbole de Nicée, les confessions de la Réforme. Il est essentiel de comprendre cela.
La beauté du culte réformé repose, en grande partie, sur la possibilité, pour l’Église du Christ, de dire sa Foi de façon unanime, magistérielle. En dehors de cette Foi-là, il y a l’erreur, ou l’hérésie. Dire ce en quoi je crois, c’est aussi dire ce en quoi je ne crois pas, ce en quoi nous ne croyons pas, ce que l’Église considère comme erroné.
La confession de foi affirme la vérité de la Parole de Dieu, à travers les grands faits chrétiens (Credo), l’affirmation de la pleine divinité de Jésus-Christ, la Sainte Trinité, le salut par la foi seule, la vérité du monde à venir quand le Christ reviendra dans sa gloire (parousie), la communion des saints, etc. Les Catéchismes de la Réforme comportent tous un chapitre qui commente tous les points du Credo (ou Symbole des Apôtres). C’est dire le caractère essentiel et fondamental de ce dernier.
La confession de foi devrait comporter au minimum le Credo, et à défaut, des textes s’y rapportant, ou se rapportant à tels ou tels articles de celui-ci.
Le texte le plus complet et le plus œcuménique est le symbole de Nicée-Constantinople. Il convient de le lire au moins de temps en temps, et notamment, lors des cultes de Fêtes.
A l’occasion du culte de la Réformation, il existe une très belle confession de foi de Martin Luther.
Prière d’illumination
Il faudrait ici faire tout un développement sur le rôle du Saint Esprit dans la vie de l’Église et du chrétien. Qu’il me suffise, pour l’heure, de dire que sans son efficacité, sans sa puissance, sans sa lumière, il est impossible à l’homme irrégénéré et pécheur de comprendre quoi que ce soit de la Parole de Dieu, ou du moins de la comprendre de la bonne manière.
Alors il faut demander à Dieu cette lumière. Ni plus, ni moins. C’est la finalité de cette prière d’illumination, qui n’est rien moins que nécessaire, en bonne théologie réformée.
Liturgie de la Parole
Je crois beaucoup à la symbolique et à la beauté de la chaire pastorale. Certaines d’ailleurs sont fort belles. L’autorité de la Parole de Dieu est soulignée quand, au moment de la prédication, le pasteur monte en chaire. Il monte… Comme pour rejoindre le ciel. Il est entre ciel et terre. Il n’est plus vraiment de ce monde-ci quand il prêche. Il est comme Moïse au Mont Sinaï. C’est comme si c’était le Christ lui-même qui s’adressait à l’Église depuis son ciel de gloire, « assis à la droite du Père » depuis son Ascension.
Le pasteur s’adresse à l’assemblée revêtu d’une autorité céleste. Il dit « vous » plutôt que « nous » quand il applique le texte de sa prédication aux gens qui écoutent, comme autrefois les prophètes s’adressaient au peuple d’Israël. Non pas pour signifier qu’il est au-dessus des autres et sans péché. Mais parce qu’à ce moment précis, il parle de la part de Dieu, il représente le Christ qui s’adresse à son épouse, l’Église. Voilà pourquoi la symbolique de la chaire liée à celle de la robe pastorale est si forte et si belle. Cela participe grandement à la beauté du culte réformé.
Je recommande personnellement de prêcher sur les textes du jour, qui sont communs avec l’Église romaine catholique. En particulier pour les dimanches de Fête. Et de temps en temps, sur des livres entiers (prédication séquentielle), ou sur une unité de textes comme le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5 à 7), une Épitre, etc. Je crois à la valeur de la prédication exposition.
Il ne faut jamais perdre de vue que la prédication, c’est l’application d’un texte aux gens qui écoutent, et que chaque concept développé (explication) devrait être accompagné d’une illustration et d’une application.
Voir à ce sujet : Page prédication (méthodes homilétiques, etc.)
Trois lectures : une dans la Bible juive, une dans l’un des quatre évangiles, et une dans le reste de la Tradition des Apôtres (Nouveau Testament).
Une formule à la fin des lectures de la Bible du genre : « Jusqu’ici la Parole de Dieu », est de rigueur, ainsi qu’une courte prière comme : « Ta Parole est la vérité, sanctifie-nous par la vérité. »
Sainte Cène
L’Eucharistie est le centre de la Messe. C’est entendu : le centre du culte réformé, c’est la prédication. C’est une évidence. Pour autant, Calvin était, initialement, favorable à ce que la Sainte Cène soit célébrée tous les dimanches. Il nous faut garder cela à l’esprit. Je n’en ferais pas une loi. Dans de nombreuses Églises réformées dans le monde, elle a lieu une fois par mois, et à l’occasion des dimanches de Fête. Il y aurait sans doute une réflexion à avoir ici, plus approfondie. Une certaine liberté semble de rigueur. Mais jusqu’à un certain point tout de même.
Dois-je rappeler que pour Calvin, le Christ est réellement présent au moment de la célébration de l’Eucharistie ? Présence, certes, spirituelle, et non pas charnelle. Mais réelle, vraiment. Une présence toute particulière du Christ par son Esprit, à ce moment-là. Alors pourquoi s’en priver ?
Prière d’intercession
Le culte réformé est à la fois centré sur Dieu et sur le prochain. Sur Dieu d’abord ! Soli Deo Gloria. Le premier commandement est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée ». C’est vrai. Il faut respecter cet ordre de priorité. Mais le second, qui lui est semblable, est : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La prière d’intercession entend refléter cette réalité-là.
La prière d’intercession fait partie de la vocation de l’Église, comme l’attestent de nombreux textes bibliques. C’est un devoir de charité. Prier pour le monde, pour les frères, pour ceux qui nous gouvernent, pour les malades, ceux qui souffrent. Nous ne sommes pas encore au ciel ! Notre devoir c’est d’être présents pour le monde, dans notre monde, car le Christ n’a pas prié pour nous ôter du monde, mais pour que nous soyons protégés du Malin (Jean 17).
« Priez comme si tout dépend de Dieu, alors quand vous avez fini, allez travailler comme si tout dépend de vous. »
Luther
Il faut être Marthe et Marie en même temps : s’en remettre à Dieu et s’attendre à lui, et agir, conformément aux directives de sa Parole, entendues au moment de la prédication, comme au moment de l’annonce de la Loi de Dieu.
Il y a donc une logique ici : de la salutation à l’intercession, en passant par tous les autres éléments du culte.
C’est là ce qui caractérise un culte allianciel, selon la structure de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Et la théologie réformée est une théologie de l’Alliance. Ne l’oublions jamais !
Offrande
Cet élément est trop souvent négligé dans nos Églises en France. En Afrique, c’est un moment très important, parce qu’il donne l’occasion à tous les fidèles d’exprimer leur reconnaissance envers Dieu, comme aussi leur joie, à travers les offrandes.
Dans l’histoire du peuple de l’Alliance, cet élément du culte rendu à Dieu a toujours occupé une place importante. Il y a matière à réflexion ici.
De nombreux textes bibliques peuvent servir à illustrer le geste de l’offrande.
Exhortation/Bénédiction
Le culte réformé se termine par ces deux éléments distincts et complémentaires, essentiels. L’harmonie de l’ensemble serait fortement altérée sans ces derniers.
L’exhortation, car l’homme pécheur et gracié que je suis, a toujours besoin d’être stimulé et encouragé à faire ce que Dieu demande. Rappelez-vous les mots de Luther : semper justus, semper peccator, semper penitens : toujours justifié, toujours pécheur, toujours repentant, et ce, simultanément.
J’ai beau essayé de noyer ma vielle nature, mon viel homme sait nager, avait découvert Luther !
Alors oui, nous avons toujours besoin d’être exhortés, et qu’on nous rappelle les exigences de la loi de Dieu, et pourquoi c’est important de la mettre en pratique.
Il y a l’Évangile, certes. Mais il y a aussi la Loi, les deux, inséparablement unis, comme l’avers et le revers d’une médaille.
L’Alliance avec Dieu comporte des commandements et des promesses. Il y a ce que Dieu a fait pour moi (l’Évangile), et puis il y a ce que Dieu attend de moi (la Loi).
La chrétien marche avec ces deux jambes que sont l’Évangile et la Loi. Et c’est parce que le salut est gratuit qu’il peut avancer un pas après l’autre, dans une dynamique qui est celle de l’amour.
Luther disait : « Pèche courageusement, mais crois en Christ encore plus courageusement ! »
Voilà encore une parole de Luther, qui m’aide à comprendre que sans la lumière du Saint Esprit et sans l’aide des moyens de grâce, je suis bien peu de chose, en réalité, et qu’il me faut saisir toutes les promesses du Christ pour m’aider à marcher d’une manière digne de Dieu.
Car ccomme le dit si bien le Catéchisme de Heidelberg : « Même le plus saint des chrétiens n’a jamais ici-bas qu’un petit commencement d’obéissance. »
Que pouvons-nous donc faire de mieux sinon de nous attendre à la bénédiction de Dieu, afin qu’il accomplisse lui-même en nous ce qu’il attend de nous ?
Voilà bien le sens de la bénédiction finale, ces quelques paroles qui clôture le culte, comme un ultime rappel de la grâce imméritée de Dieu.
Sans la bénédiction de Dieu, je ne peux rien, je ne suis rien.
Il est d’usage, au moment de la bénédiction, de s’incliner profondément, afin de se mettre dans la disposition d’esprit de la recevoir, humblement : la bonne posture du corps, qui reflète celle de l’esprit du fidèle à ce moment-là.
Pasteur Vincent Bru
Un exemple de culte réformé en entier :
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Qu’est-ce qu’un pasteur ? – Vincent Bru
Selon la théologie réformée un pasteur est d’abord et avant tout le ministre de la Parole de Dieu et des Sacrements. Il est Verbi Dei Minister, ministre du Verbe de Dieu.
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La beauté du culte réformé – Vincent Bru
Il existe de multiples manières de rendre un culte à Dieu. Pour autant, le culte réformé nous semble la plus fidèle et la plus pure. Elle entend être résolument biblique et rappeler dans chacun des éléments de la liturgie tous les aspects de l’alliance entre Dieu et son peuple (foedus).
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La musique dans le culte – Vincent Bru
Dans la tradition réformée, ce qui caractérise la véritable piété, c’est la recherche de la gloire de Dieu avant tout : Soli Deo Gloria. Voilà bien ce qui doit orienter toute notre vie chrétienne, et notamment le culte dominical.
- Notons cependant que le Saint-Esprit est représenté, de manière symbolique, par une colombe, au moment du baptême de Jésus par Jean-Baptiste (Marc 1.10-11). Ailleurs, dans le livre des Actes, ils est question de langues de feu, posées sur la têtes des disciples dans la chambre haute, le jour de la Pentecôte. Cette symbolique-là est biblique, et rien n’empêche de l’utiliser dans l’art religieux, comme on le voit par exemple avec la croix Huguenote, qui comporte, suspendue à la croix de Malte boutonnée (avec ses huits pointes qui renvoient aux huit béatitudes), en pendentif, une colombe, sensée représenter le Saint-Esprit. ↩︎
- Ceci explique pourquoi Dieu est souvent représenté sous les traits d’un homme mûr, avec une longue barbe qui représente l’autorité. A cause des représentations anthropomorphiques de Dieu que l’on retrouve tout au long du texte sacré. C’est ainsi que la Bible parle du bras de Dieu, qui n’est jamais trop court pour sauver, de la prunelle de ses yeux, des paroles de sa bouche, de sa paternité et parfois même, de sa maternité. Ceci n’est pas étonnant puisque l’homme est dit avoir été créé à l’image de Dieu. Le langage imagé de la Bible pour parler de Dieu fait partie de l’accommodatio Dei, Dieu s’accommode, s’adapte à notre compréhension. En christologie, le Christ est souvent comparé à un agneau, il est aussi le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis, il est le roi du royaume, l’époux céleste de l’Église épouse, etc. Il n’est donc pas exclu de le représenter sous ses traits d’annales œuvres d’art, pour lui rendre hommage. ↩︎
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