Sommaire :
- Partie 1 : Introduction et la figure de Saint Augustin, et le combat des deux Cités
- Partie 2 : La figure du théologien néerlandais Guillaume Groen Van Prinsterer (1801-1876)
- Partie 3 : La figure du théologien et homme politique néerlandais Abraham Kuyper (1837-1920)
- Partie 4 : La figure du philosophe néerlandais Herman Dooyeweerd (7 oct. 1894-12 févr. 1977) ; Le thème de l’antithèse avec Saint Augustin, Jean Calvin et Abraham Kuyper ; La philosophie réformée et la critique de la prétendue autonomie de la pensée théorique
- Partie 5 : Conclusion : La reconstruction chrétienne doit commencer par l’
É glise et se poursuivre dans tous les domaines de la vie des hommes
[Ndlr : C’est nous qui soulignons (en gras) ; les titres rajoutés par nous]
L’Église en priorité
Il est évident que le mouvement reformé de reconstruction chrétienne doit être entrepris ou poursuivi, en priorité, dans l’Église, profondément pénétrée hélas ! par l’esprit de révolution, de sécularisation et d’apostasie.
La vraie foi venant de ce qu’on entend la Parole du Christ[59], la priorité des priorités est celle d’une prédication, d’un enseignement, d’une catéchèse, aussi rigoureusement fidèles que possible à l’Écriture Sainte reçue, sans aucune restriction, dans sa singularité et sa totalité, comme Parole inerrante de Dieu Lui-même. La saine doctrine[60] doit recouvrer dans l’Église la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Aussi, dans les Écoles, Facultés, Séminaires, Instituts, qui forment au saint Ministère, à la lumière et sous la norme de cette infaillible Parole de Dieu qu’est la Sainte Écriture, les confessions de foi de l’Église des premiers siècles (Symboles apostolique, de Nicée-Constantinople, de Chalcédoine) et des Églises réformées des XVIe et XVIIe siècles, comme aussi les œuvres anciennes ou modernes des docteurs de la grande tradition ecclésiale fidèle à l’Écriture Sainte, doivent-elles être étudiées pour être suivies, continuées ; et les erreurs et hérésies qu’elles ont combattues doivent-elles être étudiées pour être réfutées, rejetées. Notre temps ne manque pas, grâce à Dieu, de docteurs fidèles rappelant l’Église à sa vraie tradition qui est de suivre humblement ce que dit le Christ de l’Écriture et l’Écriture du Christ[61].
A la saine doctrine divine qu’elle doit enseigner et proclamer, l’Église doit se conformer toujours mieux dans sa vie et dans la vie de ses membres, progressant ainsi dans la sanctification qui est en Jésus-Christ, son unique Chef, par la puissance du Saint Esprit, afin d’être vraiment le sel de la terre et la lumière du monde[62].
Tous les domaines de l’existence
Mais – et je le répète car c’est pour le dire et le redire que cet article est écrit – , le mouvement reformé de reconstruction chrétienne doit être entrepris ou poursuivi, aussi, dans tous les autres domaines de l’existence.
Il est temps d’en finir avec le défaitisme « chrétien » qu’un Autre a mis à la mode !
Depuis des décennies, un peu partout, c’est comme si les « chrétiens » s’entretenaient à jouer battu. C’est comme s’ils étaient prêts à se replier sans cesse sur des positions même pas préparées à l’avance ; c’est comme s’ils étaient fascinés et attirés par tout ce qui va contre la Foi, contre la Sainte Écriture, contre la Vérité qui, seule, peut affranchir des peurs, des doutes et de la puissance des Ténèbres ; c’est comme s’ils s’ingéniaient à ouvrir les portes de la Cité de Dieu aux adversaires et se proposaient d’être leur cinquième colonne.
Et les « chrétiens » de parler eux-mêmes, constamment, de fin de l’ère chrétienne, d’inéluctable sécularisation, de post-chrétienté. De répéter à qui veut bien (et comment !) les entendre que tout est profane et que rien n’est sacré.
Alors que le Seigneur leur tend et leur ordonne d’employer, pour qu’ils soient vainqueurs dans leur faiblesse même, des armes invincibles, ne dédaignent-ils pas ces armes, ne les jettent-ils pas bas, prêts à pactiser (paix ! paix ! paix !) avec l’Adversaire, sous quelque masque qu’il se présente ?
Non au défaitisme « chrétien » !
Dans cet horrible temps de défaitisme « chrétien », les leçons de fidélité, de courage, d’entreprise, d’espérance, d’un Saint Augustin, d’un Jean Calvin, d’un Groen Van Prinsterer, d’un Kuyper, d’un Dooyeweerd et d’un Van Til, sont exemplaires. C’est un sursum corda qui doit retentir.
Toute espérance humaniste, toute espérance d’un salut (même seulement temporel) de l’homme par l’homme, est illusion, mensonge, duperie. L’homme est bien trop petit pour être un dieu pour l’homme.
Seule l’espérance chrétienne, seule l’espérance du salut (temporel et éternel) de l’homme par Dieu, par la grâce souveraine de Dieu, par l’Évangile-Loi de Dieu, est la vraie espérance. Dieu seul peut être Dieu pour une créature aussi grande, jusque dans sa misère, que l’homme.
Parce que Dieu est le souverain Créateur et Recteur de toutes les réalités visibles et invisibles, ni le salut qui est son œuvre de grâce, ni le combat dans lequel Il entraîne et conduit les siens, ne se bornent à je ne sais quelle sphère purement « intérieure », mais doivent s’étendre à toutes les sphères sans exception. Tout doit, devenir ou redevenir chrétien parce que la seigneurie du Christ Jésus, le Fils unique de Dieu incarné pour nous et pour notre salut, est une seigneurie totale. La Foi chrétienne place tout sous cette seigneurie du Christ. A Lui, comme au Père et au Saint Esprit l’honneur, la louange et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen.
– Pierre Courthial
[59] Rom. 10.17.
[60] 1 Tim. 1.10 ; 2 Tim 4.3 ; Tite 1.9 ; 2.1.
[61] Il peut être utile à tel ou tel lecteur de se référer aux œuvres maîtresses suivantes :
A. Du XIXe siècle :
a) parmi les théologiens réformés écossais :
William Cunningham : Historical Theology, 2 vol. (Banner of Truth Trust) ;
id. The Reformers and The Theology of the Reformation. (B. of T.T.) ;
James Barnerman : The Church of Christ, 2 vol. (B. of T.T.).
b) parmi les théologiens réformés américains :
Charles Hodge : Systernatic Theology,3 vol. (Eerdmans) ;
Robert L. Dabney : Lectures in Systematic Theology (Zondervan).
B. Du XXe siècle :
a) du théologien réformé néerlandais G.C. Berkouwer (en traduction anglaise) : Studies in Dogmatics, 14 vol. (Eerdmans) ;
b) de l’exégète réformé américain Meredith G. Kline : By Oath Consigned (1968) ; id. The Structure of Biblical Authority (1972) ;
c) du théologien réformé néerlandais Herman Ridderbos : The Authority of the New Testament Scriptures (1963) ; id. The Coming of the Kingdom (1962) ; id. Paul (1974) ;
d) de l’exégète réformé américain Geerhardus Vos : Biblical Theology (1948) ;
[62] Francis Schaeffer a particulièrement insisté sur ce point dans : The Church before the Watching World (1972).
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