Rubrique : Protestantisme libéral
Alors qu’il est pasteur au temple de l’Oratoire du Louvre, Wilfred Monod (1867-1943) assure l’éducation religieuse des jeunes protestants du quartier des Halles et des enfants de familles défavorisées. Il fonde l’Ecole du Jeudi. Cette œuvre sociale prend le nom de la Clairière, car elle est selon lui « un espace défriché, libre et clair dans la sombre forêt ». Il crée en 1923 avec son fils Théodore Monod la Fraternité des Veilleurs, un tiers-ordre centré sur la prière et sur la vie chrétienne authentique inspirée par les Béatitudes.
Source : Mon calendrier protestant aux Editions Olivétan.
C’est l’une des grandes figures pastorales réformées de la famille Monod (qui en compte beaucoup).
Né à la fin du Second Empire, il exerce un Ministère pastoral, d’abord à Rouen, puis à Paris (à l’Oratoire) de type revivaliste. Mais il a surtout pris conscience des problèmes sociaux qui sont liés au développement industriel et il a été immédiatement frappé par l’influence du socialisme en milieu ouvrier, influence dont il redoute le caractère irréligieux. Selon sa formule, l’Église tend à prêcher un Messie sans messianisme, tandis que le socialisme prêche un messianisme sans Messie. Son exigence est de trouver cette voie étroite qui ne sépare plus le Messie du Messianisme, c’est-à-dire celle qui permet de renforcer l’action sociale de l’Église, d’en faire sa vocation crédible pour le temps présent. Il s’engage alors dans deux voies complémentaires que sont le mouvement du Christianisme social d’une part, le mouvement œcuménique de rassemblement des Églises d’autre part. Le Christianisme social, doté d’une revue brillante, maintenant remplacée par Autres Temps, vise à proposer un programme social que les Églises protestantes devraient s’efforcer de réaliser.
Pour ce faire, elles doivent au moins paraître agir ensemble dans le monde de plus en plus laïc. La réalisation la plus visible en a été la création de la Fédération Protestante de France en 1905. Mais la Fédération ne regroupe à ses débuts que peu d’Églises. C’est pourquoi Wilfred Monod s’est engagé activement dans le mouvement de rassemblement des Églises protestantes qu’avait créé en 1908 l’évêque Suédois luthérien Nathan Söderblom sous le nom de Christianisme pratique, lequel tentait d’oublier les querelles théologiques pour se concentrer sur la question sociale.
Dans ce contexte, Wilfred Monod s’est aussi efforcé de construire concrètement, localement, le souci œcuménique. C’est la mise en œuvre de la Communauté des Veilleurs en 1923 dont la liturgie a pour fondement les Béatitudes et s’inspire des liturgies de différentes confessions.
Parce qu’il ne faisait pas de la rigueur de la problématique théologique sa préoccupation première, Wilfred fut écarté de la Faculté de Théologie de Paris en 1929, ce qu’il ressentit très douloureusement.
Voir : Musée Virtuel du Protestantisme
William Frédéric Monod, dit Wilfred Monod, né le 24 novembre 1867 à Paris et mort le 2 mai 1943 dans la même ville1, est un pasteur et théologien réformé français. Pasteur au temple protestant de l’Oratoire du Louvre de 1907 à 1938, c’est une figure historique du christianisme social.
Wilfred Monod, fils du pasteur Théodore Monod (1836-1921) et de Gertrude Monod (1846-1878) fait partie de la descendance de Jean Monod et de Louise de Coninck2. Il fait ses études à la Faculté de théologie protestante de Montauban, où il soutient une thèse pour le grade de bachelier en théologie intitulée Les bases psychologiques du dogme de la rédemption en 18913. Il soutient en 1901 une thèse de doctorat en théologie intitulée L’espérance chrétienne à la Faculté de théologie protestante de Paris et il est professeur dans cette même faculté4.
Il est d’abord pasteur en Normandie, à Condé-sur-Noireau et à Rouen. De 1907 à 1938 il est pasteur du temple protestant de l’Oratoire du Louvre à Paris5,6. Il y assure l’éducation religieuse des jeunes protestants du quartier des Halles et des enfants de familles défavorisées. En 1911, il fonde ainsi l’École du Jeudi, rebaptisée ensuite La Clairière, selon ses mots « un espace défriché, libre et clair dans la sombre forêt »7. En 1935, elle devient une association loi de 1901. Elle existe toujours, est membre du Centre d’action sociale protestant (CASP)8. Son centre historique est au 60 rue Greneta, dans le 2e arrondissement de Paris.
En 1923, il crée avec son fils le naturaliste Théodore Monod, le Tiers-Ordre des Veilleurs, une fraternité de prière. Centrée sur la vie chrétienne pratique et la méditation de la Bible, la Fraternité est régie par une Règle, sous la direction d’un(e) Prieur(e). Les membres s’engagent notamment à prier trois offices quotidiens et à s’imprégner des Béatitudes.
Wilfred Monod est aux côtés d’Élie Gounelle, l’une des figures phare du christianisme social et un pionnier du mouvement œcuménique en France9,10,11. Il meurt le 9 mai 1943 dans Paris occupé. Il repose au cimetière de Châtillon12.
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