Vincent Bru

Jean 1.35-42 : L’appel des premiers disciples – Vincent Bru (prédication)

Dimanche 14 janvier 2024 – 2e dimanche du temps ordinaire – N’Djaména

1 Samuel 3.3b-10, 19 ; 1 Corinthiens 3.2-6 (Pasteur Vincent Bru)

Prédication sur Jean 1.35-42 : « L’appel des premiers disciples »

35Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ; 36il regarda Jésus qui passait et dit : Voici l’Agneau de Dieu. 37Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus. 38Jésus se retourna, vit qu’ils le suivaient et leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui dirent : Rabbi – ce qui se traduit : Maître – où demeures-tu ? 39Il leur dit : Venez et vous verrez. Ils allèrent et virent où il demeurait ; ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure. 40 André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus. 41Il trouva d’abord son propre frère Simon et lui dit : Nous avons trouvé le Messie – ce qui se traduit : Christ. 42Il le conduisit vers Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, fils de Jonas : tu seras appelé Céphas – ce qui se traduit : Pierre.

Jean 1.35-42

Notre texte met en scène cinq personnages : Jean-Baptiste, dont il est déjà question dans les versets précédents, Jésus que Jean-Baptiste désigne comme l’agneau de Dieu, et évidemment, c’est le personnage central, ensuite i lest question de deux disciples de Jean-Baptiste, André et un autre disciple qui n’est pas nommé, et enfin, cinquième personnage, celui qui occupera un rôle de premier plan par la suite, l’apôtre Pierre, Simon, frère d’André.

Il s’agit donc ici de l’appel des tout premiers disciples de Jésus.

Trois disciples, trois parmi les douze que le Christ a choisi, comme un rappel des douze tributs d’Israël.

Douze disciples pour poser les bases d’un monde nouveau : témoins privilégiés de l’avènement du royaume de Dieu en Jésus-Christ, lui, l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde !

Témoin, témoignage

Je voudrais dire en introduction que ce récit a quelque chose à nous dire au sujet de notre propre vocation de témoins et de disciples de Jésus-Christ, de notre vocation de chrétiens et d’Église du Christ.

On retrouve constamment, tout au long du Nouveau Testament, les mots témoin ou témoignage, et le verbe témoigner : ils reviennent sans cesse, comme un leitmotiv.

On le voit bien dans notre texte, car les disciples ne sont pas désignés par hasard, ils ont débord été l’objet d’un témoignage avant de devenir disciples du Christ et à leurs tours, témoins.

Car « la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu », c’est ce que dit l’apôtre Paul.

La foi vient de ce qu’on entend !

Nous-mêmes, si nous sommes ici aujourd’hui dans cette église, c’est que nous avons entendu le message de l’Évangile, à un moment donné dans notre vie, et que Dieu nous a fait la grâce de répondre à cet appel, de répondre oui !

Il y a un passage de témoins d’un disciple à l’autre, d’un chrétien à l’autre, et ce, jusqu’à aujourd’hui.

Et c’est le mystère de l’Église, cela !

Un bien beau et grand mystère qi l’on y réfléchit bien.

Vous connaissez ce texte du livre des Actes qui dit que « le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui devaient être sauvés »…

Mystère de l’élection : Dieu rassemble son peuple, et dans sa providence, il fait en sorte que personne ne manque à l’appel.

Quand le Christ reviendra son épouse, l’Église, sera là pour l’accueillir, majestueuse et belle, et les noces auront lieu !

Agneau de Dieu

La deuxième vérité que l’on trouve dans notre texte concerne le contenu même du témoignage : de quoi devons-nous témoigner ? De quoi l’Église est-elle appelée par Dieu à rendre témoignage ? Du Christ bien sûr ! Mais du Christ en tant que quoi ? En qualité de quoi ? Comment faut-il donc que nous nous représentions la personne de Jésus-Christ ? Et comment devons-nous parler de lui, témoigner de lui autour de nous et à la face du monde ?

C’est là que notre texte nous intéresse, et nous apprend quelque chose d’essentiel, de fondamental, de central, quelque chose qui est le cœur même de l’Évangile, la bonne nouvelle de l’Évangile.

Je lis au verset 35 :

35Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ;

36il regarda Jésus qui passait et dit : Voici l’Agneau de Dieu.

37Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus.

Jean-Baptiste prêche, comme à son habitude, au bord du Jourdain, et ce jour-là il est accompagné de deux de ses disciples, André, et un autre, dont nous ne saurons pas le nom.

Voyant Jésus, Jean-Baptiste dit à ses disciples : « Voici l’Agneau de Dieu » et, chose assez singulière, il n’en faut pas plus pour que les deux disciples quittent leur maître pour suivre Jésus.

C’est en entendant les paroles de Jean-Baptiste au sujet de l’agneau de Dieu, que les deux disciples décident de suivre Jésus.

Pourquoi cela ?

Le texte dit :

37Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus.

Il faut croire que l’expression « Agneau de Dieu » était connue des disciples, et qu’elle revêtait une signification particulière, et que c’est à cause de cette signification qu’ils ont décidé de suivre le Christ sans plus attendre.

Je vous propose donc de nous arrêter ce matin sur cette expression si riche de sens, et qui désigne Jésus, lui « l’agneau de Dieu ».

Jésus-Christ, l’agneau de Dieu.

Quatre images différentes

Pour des hommes qui connaissaient bien la Bible hébraïque, la Bible juive ou Ancien Testament – ce qui était manifestement le cas des disciples de Jean-Baptiste – l’expression « agneau de Dieu » pouvait évoquer quatre images différentes et complémentaires.

Et ces quatre image dessinent remarquablement les contours de la christologie biblique.

En théologie, la christologie désigne un ensemble de doctrines autour de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ.

Alors quelle christologie est-il possible de construire autour de cette expression d’« agneau de Dieu » ?

Le mystère du Christ ne se réduit pas à cette seule expression, mais celle-ci, comme nous allons le voir, en dit long sur le sens de sa venue dans ce monde, le sens de sa mission.

L’agneau pascal

La première chose à laquelle les disciples de Jean-Baptiste, et Jean-Baptiste lui-même pouvaient associer l’expression « agneau de Dieu », c’était l’agneau pascal.

La fête juive de la Pâque, qui avait lieu chaque année, rappelait au peuple de l’Alliance que Dieu l’avait libéré de l’esclavage du pays d’Égypte. La nuit de la sortie d’Égypte, Moïse avait fait pratiquer par le peuple le rite traditionnel de l’agneau égorgé, avec cette instruction solennelle : « Désormais, chaque année, ce rite vous rappellera que Dieu est passé parmi vous pour vous libérer. Le sang de l’agneau signe votre libération. »

Le Serviteur de l’Éternel (Ésaïe 53)

Deuxièmement, le mot « agneau » pouvait aussi faire penser au Messie dont avait parlé le prophète Ésaïe. Dans le livre du prophète Ésaïe, le Messie est appelé le « Serviteur de Dieu » et il est comparé à un agneau. Vous connaissez tous ce texte je pense ?

« Brutalisé, il s’humilie ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche. » (Ésaïe 53.7 – BDJ)

D’après Ésaïe, le Serviteur de l’Éternel, le Messie allait devoir subir la persécution et la mort, d’où l’image de l’abattoir. Mais ensuite il serait reconnu comme le sauveur de toute l’humanité.

Ésaïe écrit : « Voici que mon serviteur triomphera, il sera haut placé, élevé, exalté à l’extrême. » (52.13)

Le sacrifice d’Isaac

Troisièmement, l’évocation d’un agneau pouvait faire penser, bien entendu, à Isaac, le fils unique d’Abraham. Vous vous rappelez l’histoire. Dieu avait exigé de son serviteur Abraham le sacrifice de son fils. Abraham était disposé à accomplir ce geste, parce qu’à son époque, d’autres religions le demandaient, les religions païennes pratiquaient les sacrifices humains.

Isaac pose alors la question à son père : « Mais où est donc l’agneau pour l’holocauste ? », et Abraham de répondre : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ».

Genèse 22.7Alors Isaac adressa la parole à son père Abraham et dit : Mon père ! Il (lui) répondit : Me voici, mon fils ! (Isaac) reprit : Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? 8Abraham répondit : Mon fils, Dieu va se pourvoir lui-même de l’agneau pour l’holocauste.

Abraham ne croyait pas si bien dire, car au moment où il allait offrir son fils en sacrifice, Dieu arrête son bras, et lui dit : « Ne porte pas la main sur l’enfant ».

Dieu désigne alors à Abraham un animal pour le sacrifice. Et depuis ce jour-là, en Israël, on a toujours su que Dieu ne veut à aucun prix voir couler le sang des hommes. Un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson est sacrifié sur le lieu, nommé Adonaï-Yirè (« Dieu-pourvoira »).

Moïse

Enfin, quatrièmement, en entendant Jean-Baptiste parler d’un agneau, les disciples ont sans doute pensé à Moïse. Or, le Messie devait être un nouveau Moïse, un prophète comme Moïse plus exactement.

Il faut savoir que les commentaires juifs de l’Exode comparaient Moïse à un agneau. Ils imaginaient une balance, et sur l’un des deux plateaux, il y avait toutes les forces de l’Égypte rassemblées : Pharaon, ses chars, ses armées, ses chevaux, ses cavaliers. Sur l’autre plateau, Moïse représenté sous la forme d’un petit agneau. Eh bien, face à la puissance des Pharaons, c’étaient la faiblesse et l’innocence qui l’avaient emporté.

Jésus, l’agneau de Dieu

Il est difficile de savoir ce que Jean-Baptiste avait exactement en tête lorsqu’il a comparé Jésus à un agneau ; mais ce qui est certain c’est que, lorsque l’évangéliste Jean rapporte la scène, il invite ses lecteurs à rassembler toutes ces images, pour se représenter la personne de Jésus.

A ces yeux, c’est très probablement l’ensemble de ces quatre images qui dessine de manière fort pertinente, le portrait du Messie.

Tout d’abord, il est le véritable « agneau pascal », car c’est lui, et lui seul qui libère l’humanité du pire esclavage, bien plus grave que l’esclavage en Égypte, l’esclavage du péché, qui nous sépare de Dieu.

En Jean 1.29, au moment où Jésus vient vers lui pour être baptisé dans le Jourdin, Jean-Baptiste dit : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » !

Enlever le péché du monde, c’est une manière de dire que Jésus-Christ est venu pour nous réconcilier avec Dieu, et pour réconcilier surtout Dieu avec l’humanité pécheresse.

La deuxième facette de la personne du Christ, c’est celle du « serviteur de l’Éternel ». Par sa vie et par sa mort sur la croix, comme aussi par sa résurrection, il a pleinement et parfaitement accompli la mission fixée au Messie, celle d’apporter le salut à l’humanité.

Comme le serviteur souffrant décrit par Ésaïe, Jésus a connu l’horreur et la persécution, la mort sur la croix, puis la gloire, c’est la résurrection.

Troisièmement, l’apôtre Jean nous invite à voir en Jésus un nouvel Isaac.

Lui aussi est un fils tendrement aimé et totalement offert et disponible à la volonté du Père.

Comme le dit la lettre aux Hébreux, en reprenant le psaume 40 : « En entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande… alors j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté. » (Hé 10.5-6).

Enfin, quatrièmement, vous vous souvenez que la petitesse de Moïse face aux forces de Pharaon était comparée à celle d’un agneau. Et, grâce à Dieu, comme plus tard l’humble berger David a su triompher du géant Goliath, le petit l’avait emporté sur le grand et le puissant pour conquérir sa liberté et celle de son peuple.

L’image s’applique tout aussi bien à Jésus, le « doux et humble de cœur », comme il le disait lui-même, au sujet de lui-même.

Face au pouvoir de la mort et du péché, de Satan, de l’empire romain aussi, et de tous ceux qui se sont opposés à lui, Jésus-Christ a triomphé de tout cela, par résurrection d’entre les morts.

Les événements de la vie, la mort et la résurrection du Christ accompliront donc encore mieux que Jean-Baptiste ne pouvait l’entrevoir ce mystère de l’agneau victime et pourtant triomphant.

Comme le dit l’apôtre Pierre dans sa première lettre : « Vous avez été rachetés, c’est-à-dire libéré, de la vaine manière de vivre héritée de vos pères, par le sang précieux, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ… » (1 P 1.18-19).

Le sang, c’est-à-dire la « vie offerte ».

Une identité nouvelle reçue (1.40-42)

Je termine avec les versets 40 et suivants :

40 André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus.

41Il trouva d’abord son propre frère Simon et lui dit : Nous avons trouvé le Messie – ce qui se traduit : Christ.

42Il le conduisit vers Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, fils de Jonas : tu seras appelé Céphas – ce qui se traduit : Pierre.

Peu après la dixième heure, André va trouver son frère lui présentant Jésus comme « le Messie ».

Ainsi, André affirme avoir trouvé le Messie.

L’absence de remarque et sa présence auprès d’André exprime une certaine acceptation de la part de Simon.

Mais c’est Jésus qui aura l’initiative de l’appel.

Le cadre narratif souligne le changement d’identité qui s’opère pour le disciple.

Ainsi Simon est d’abord désigné comme frère, le frère d’André, puis comme le fils de Jonas, avant d’être renommé Kèphas-Pierre.

Il faut noter l’insistance sur les liens familiaux (frère et fils) qui contraste avec le nom nouveau qui résonne comme une nouvelle naissance.

A notre naissance nous recevons de nos parents un nom.

Et lorsque le Christ nous appelle à la vie nouvelle du royaume, nous recevons un nom nouveau, car c’est comme d’une nouvelle naissance dont il s’agit.

Comme le dit Jésus à Nicodème (Jean 3.3) : En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu.

C’est ainsi, frères et sœurs, et c’est ce que je dirai en conclusion, c’est ainsi que la foi, la vraie foi, celle qui ne s’obtient pas seulement par tradition, ni par habitude, mais par inspiration, la vraie foi suscite un réel changement d’identité. Et c’est cela le plus important, c’est ce changement d’identité, cette nouvelle manière de voir la vie, centrée sur l’amour de Dieu et di prochain, qui fait de nous des fils du royaume, de véritables chrétiens.

La Parole du Christ, Verbe du Dieu créateur fait naître à une vie nouvelle.

2 Corinthiens 5.17 :

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : (toutes choses) sont devenues nouvelles.

Aujourd’hui bien des puissances obscures envahissent notre monde, comme à chaque époque de l’histoire de l’humanité.

L’Église ressemble bien souvent davantage à un faible petit agneau qu’à un étalon puissant.

Qu’est ce que l’Église pèse dans la balance face à tous les puissants de ce monde ?

Pourtant, la Parole de Dieu ne laisse planer aucun doute là-dessus, c’est l’agneau qui a la victoire à la fin.

David a triomphé du géant Goliath avec sa fronde.

Christ a vaincu la mort par la puissance de sa résurrection.

Dans le livre de l’Apocalypse, il est écrit au chapitre 2, versets 8 et suivants :

8 Écris à l’ange de l’Église de Smyrne :

Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie :

9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté – et pourtant tu es riche – et les calomnies de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. 10Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici que le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.

11 Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises !

Que ces quelques mots puissent vraiment vous accompagner tous les jours de votre vie :

« Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. »

Amen !


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