Hilaire de Poitiers

13 Janvier : Saint Hilaire de Poitiers (315-367)

Immense Père de l’Église, antidote à l’humanisme moderne – dans le sens du culte que l’homme se rend à lui-même. Chez Saint Hilaire, Dieu seul est Dieu et est digne de notre adoration. Théocentrisme contre anthropocentrisme. L’homme n’est vraiment homme que devant Dieu : Coram Deo disait Luther !

Hilaire de Poitiers (en latin Hilarius Pictaviensis), surnommé le Marteau des Ariens ou l’Athanase d’Occident est le premier évêque de Poitiers réellement attesté, né vers 315 et mort en 367.

Il est de même l’un des premiers écrivains latins chrétiens. Théologien du ive siècle, il fut un grand défenseur de l’orthodoxie nicéenne face à l’arianisme et au sabellianisme.

Il a été élevé au rang de Docteur de l’Église par le pape Pie IX en 1851. Saint pour les catholiques et les orthodoxes, il est commémoré le 13 janvier selon le Martyrologe romain.

Il est déjà marié et père d’une fille quand il devient évêque. Sa fille, Abra de Poitiers, est reconnue sainte par l’Église catholique et l’Église orthodoxe et commémorée le 1er décembre.

Voir : Hilaire de Poitiers (315-367)

Au souffle de l’Esprit

« Rien ne te pénètre, si ce n’est ce qui est de toi, et le porteur d’une force extérieure et étrangère à toi ne mesure pas la profondeur de ta majesté immense. Tout ce qui entre en toi est tien et rien de ce qui est en toi avec pouvoir de te scruter n’est étranger à toi.
Pour moi est ineffable celui dont les paroles en ma faveur me sont ineffables. Pour la naissance de ton Fils unique, à partir de toi avant les siècles éternels, toute ambiguïté de langage ou toute difficulté de comprendre une fois tombées, il ne reste que le fait qu’il est né de toi : de même, que ton Saint-Esprit vienne de toi à travers ton Fils, je puis à la vérité ne pas le saisir par l’intelligence, mais je le tiens tout de même en ma connaissance.

L’Esprit souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né de l’eau et du souffle de l’Esprit (Jn 3, 8). Je m’attache, sans savoir, à la foi en ma régénération et ce que j’ignore, je le tiens dorénavant. Je renais sans m’en rendre compte, d’une renaissance efficace. Mais, pour l’Esprit, il n’est pas de mesure lorsqu’il s’agit de parler, quand il veut, de ce qu’il veut, là où il veut. La raison de sa présence ou de son absence, même si j’ai conscience de son assistance, je l’ignore. »

— Hilaire de Poitiers. La Trinité, XII, 55-56, trad. M. de Durand, G. Pelland et C. Morel, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 462, 2001, p. 467.
Trinité

Icône de la Trinité, dite La Paternité, icône de l’école de Novgorod, début du xve siècle, galerie Tretiakov, Moscou.

Un travail invisible

« Le Seigneur ordonne aux Apôtres de donner aux foules de quoi manger. Ignorait-il qu’il n’y avait rien à donner ? Et lui qui voit à l’intérieur de l’esprit de l’homme (cf Mt 12, 25), ne savait-il pas la quantité mesurée de nourriture mise en réserve entre les mains des Apôtres ? Mais c’était là une figure dont la raison devait se manifester. Ils répondirent qu’ils avaient seulement cinq pains et deux poissons, parce qu’ils étaient encore retenus sous le régime des cinq livres de la Loi — les cinq pains — et nourris par l’enseignement des deux poissons, c’est-à-dire des Prophètes et de Jean Baptiste.
Voilà donc ce que les Apôtres servirent en premier lieu, parce qu’ils étaient encore à ce régime, mais on nous montre la prédication des Évangiles partant de là, et s’étendant à partir de ces origines. Elle se développe, en accroissant sa puissance à profusion.
Les cinq pains n’en font pas plusieurs en se multipliant, mais les morceaux succèdent aux morceaux et l’on ne voit pas qu’ils se présentent coupés au bout, chaque fois qu’on les coupes. Au fur et à mesure la matière croît : est-ce à l’emplacement des tables ou dans les mains qui prennent ou dans la bouche des convives ? Je ne sais. Qu’on ne s’étonne pas que les sources jaillissent, qu’il y ait des grappes aux ceps, que le vin coule partout des grappes et que toutes les ressources de la terre se répandent selon un rythme annuel indéfectible !
Un travail invisible s’accomplit en effet dans l’œuvre visible et le Seigneur des mystères célestes opère le mystère de l’action présente. »

— Hilaire de Poitiers. Sur Matthieu 14, 10-12, trad. J. Doignon, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 258, 1979, p. 21-27.

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