Saint Athanase

Saint Athanase (296/298-373)

Source iconographique : Saint Athanase le Grand, fresque du xiiie siècle à Ohrid (Macédoine du Nord).

Textes en ligne de Saint Athanase

Biographie [wiki]

Athanase d’Alexandrie (en grec ancien : Ἀθανάσιος), né vers 296/298 et mort le 2 mai 373, dit le Grand, est évêque (patriarche) d’Alexandrie du 8 juin 328 à sa mort : il disparaît après quarante-cinq ans d’épiscopat et cinq exils. Sa personne est au cœur des controverses entre Orient et Occident. Né sous la dernière persécution, Athanase vit le moment historique du passage d’un christianisme minoritaire à un christianisme de masse dans cette partie de l’Orient ; l’époque voit aussi l’émergence d’une Église égyptienne solidement structurée, capable de résister durablement aux adversaires de l’orthodoxie nicéenne.

Saint Athanase est une figure majeure du christianisme antique : l’Église copte orthodoxe l’appelle l’« Apostolique », le « Phare de l’Orient » et la « Colonne de la foi ».

Les autres Églises orthodoxes le fêtent le 18 janvier et le comptent parmi les quatre grands docteurs de l’Église. L’Église catholique (qui le fête le 2 mai) le compte parmi ses trente-six docteurs et un des Pères de l’Église.

Icône d’Athanase d’Alexandrie.

Héritage spirituel

Parmi les Pères de l’Église antique, Athanase est surtout retenu comme un théologien passionné de l’incarnation du Logos, le Verbe de Dieu qui, comme l’exprime le Prologue du quatrième évangile, « s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1.14).

Ainsi, Athanase fut aussi un tenace adversaire de l’arianisme qui défendait une perception du Christ comme une simple créature « intermédiaire » entre Dieu et l’homme. Antoine le Grand apporta un important soutient aux préceptes d’Athanase. Rétabli définitivement sur son siège épiscopal, l’évêque d’Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes.

L’incarnation du Verbe

Le Verbe de Dieu « s’est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s’est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l’incorruptibilité ». Athanase d’Alexandrie, Sur l’incarnation du Verbe (54,3).

La divinité de l’Esprit

Les lettres d’Athanase d’Alexandrie à Sérapion de Thmuis tirent leur intérêt et leur importance de ce qu’elles sont seules à faire connaître un épisode des grandes luttes menées au ive siècle autour du dogme de la Trinité, et tout autant de ce qu’elles sont les premières à marquer l’introduction dans la discussion publique d’un nouveau point de cette doctrine fondamentale de la foi : à savoir la divinité du Saint-Esprit, niée par certains chrétiens.

« Athanase est le premier qui ait affirmé la pleine divinité de l’Esprit » (dans ses Lettres à Sérapion, datées de 360).

Le fondement des Apôtres

« L’assemblée de Jérusalem » (Ac 15, 5-29) a servi de modèle symbolique au concile de Nicée, qui, en 325, a affirmé la divinité du Fils, qui était niée par les ariens et défendue par Athanase d’Alexandrie.

Lettre sur les synodes 54 :

« Le synode de Nicée a mis correctement par écrit ce qu’il convenait de dire, c’est-à-dire que le Fils, engendré de la substance du Père, lui est consubstantiel. Quant à nous, puisque nous l’avons appris nous aussi, cessons de combattre des fantômes, surtout quand nous savons que ceux qui l’ont mis par écrit ont confessé la foi, non en déviant de la vérité dans leur interprétation, mais en revendiquant la vérité et la piété envers le Christ. »

« À vous de demeurer sur le fondement des Apôtres (Ep 2.20) et de conserver les traditions des Pères, tout en priant pour que cessent dorénavant toute querelle et toute dispute, pour que les folles tentatives des hérétiques soient condamnées, ainsi que toute lutte de mots. Et puisse la meurtrière hérésie des ariens au nom abominable être éliminée, et la vérité resplendir dans tous les cœurs, de façon que tous, partout, disent la même chose et pensent la même chose (1 Co 1.10). Et sans plus rien laisser subsister du blasphème arien, qu’on dise et confesse à travers toute l’Église : Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême (Ep 4.5) dans le Christ Jésus notre Seigneur, par qui soient rendues au Père la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. »

Écrits

Athanase, évêque d’Alexandrie, se justifie ici d’avoir dû fuir son église, en racontant les événements survenus le 8 février 356, alors que l’hérésie arienne était dominante.

« La nuit était déjà tombée, quelques fidèles veillaient dans l’attente de la célébration. Soudain, le général Syrianos se trouva là avec des soldats, plus de cinq mille en armes, les glaives tirés, des arcs, des flèches, des bâtons. Il fit encercler l’église, s’occupant lui-même de placer ses soldats tout près, pour que personne ne pût quitter l’église et s’en échapper. Pour moi, j’estimai indigne d’abandonner mon peuple en un moment si critique, au lieu de le protéger. Je pris place sur mon trône et donnai ordre au diacre de lire un psaume et au peuple d’y participer en répondant : Car éternelle est sa miséricorde (Ps 135.1).

Là-dessus tout le monde devait partir et rentrer chez soi. Mais le général avait alors forcé l’entrée, et ses hommes encerclaient le chœur pour se saisir de nous. Les clercs présents et le peuple commençaient à crier, estimant déjà venu le moment de nous éloigner nous aussi. Pour moi, je répondais que je ne m’en irais pas avant que tous, jusqu’au dernier, ne fussent échappés.

La plupart étaient sortis et le reste suivait quand les moines nous entraînèrent. Et c’est ainsi ‒ la Vérité m’en est témoin : une partie des soldats encerclait le chœur et l’autre patrouillait autour de l’église ‒ que nous nous échappâmes. Le Seigneur nous guidait et nous gardait lui-même. ».

— Athanase d’Alexandrie. Apologie pour sa fuite, trad. J. M. Szymusiak, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 56, 1987, p. 235-237.

Évêque d’Alexandrie, Athanase n’eut qu’un objectif : défendre la foi en la divinité du Christ, qui avait été définie à Nicée mais se trouvait battue en brèche de partout. Ni la pusillanimité des évêques, ni les tracasseries policières, ni cinq exils ne vinrent à bout de son caractère et surtout de son amour pour Jésus, Dieu fait homme.

Fidélité à un mode de vie

Grégoire de Nazianze fait l’éloge d’Athanase qui, pendant l’un des multiples exils qu’il a subis, a séjourné parmi les moines du désert, présentés ici comme les vrais « philosophes ».

« De la même manière que les dessinateurs insistent sur certains traits des figures représentées, Athanase fixa dans un seul type de vertu tous les traits épars : il surclassa les intellectuels par ses activités et les hommes d’action par sa science.

Tirant le meilleur parti de son bannissement, il se rend dans les monastères saints et vénérables des moines d’Égypte. Au cours de son séjour dans ces milieux, Athanase le Grand y joua comme partout un rôle de médiateur et de conciliateur à l’exemple de celui qui apaisa les différents par son sang. Il concilie ainsi la vie en solitaire et la vie en communauté, en montrant qu’il y a un sacerdoce qu’il est une sorte de « philosophie » et une « philosophie » qui a besoin aussi du ministère sacerdotal. Il harmonisa de cette manière les deux genres de vies et les associa sous forme d’activités compatibles avec la retraite, et de retraite compatible avec la vie active, de façon à convaincre tout le monde que l’essentiel de la profession monastique consiste dans la fidélité constante à un genre de vie plutôt que dans le fait matériel de vivre retiré du monde. »

— Grégoire de Nazianze. Discours 21, 4.19-20, trad. J. Mossay et G. Lafontaine, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 270, 1980, p. 117.149-151.

Œuvres

  • Contre les païens ;
  • Sur l’Incarnation du Verbe (2e partie de l’ouvrage précédent) ;
  • Mémorandum sur la déposition d’Arius ;
  • Lettres festales (328 – 373) ; les « lettres festales » ou « pascales » étaient des lettres que les papes d’Alexandrie écrivaient chaque année pour annoncer la date de Pâques (et traiter en même temps des questions d’actualité), et qui étaient reproduites par leur chancellerie pour être envoyées à tous les évêques suffragants et aux grands monastères. Il y en avait donc une par an. Elles étaient écrites en grec et ensuite traduites en copte. Certaines ont été aussi traduites en syriaque ;
  • Exposition de la foi ;
  • Encyclique aux évêques de l’Église catholique (339) ;
  • Lettres sardiques (343) ;
  • Apologie contre les ariens (351 ?) ;
  • Sur les décrets du concile de Nicée (352 ?) ;
  • Vie de saint Antoine cet ouvrage fut traduit rapidement du grec en d’autres langues, dont deux fois en latin dès le ive siècle, la seconde fois en 373 par Évagre d’Antioche, traduction aussitôt diffusée en Occident (cf. saint AugustinConfessions, VIII, 14-15) et qui y eut un succès considérable dans les siècles suivants ;
  • Lettre aux évêques d’Égypte et de Libye (356) ;
  • Apologie à Constance (356) ;
  • Apologie sur sa fuite (357) ;
  • Histoire des ariens (pour les moines) (358) ;
  • Quatre discours contre les ariens (358) ;
  • Quatre discours (ou lettres dogmatiques) à Sérapion de Thmuis en Egypte (359) ;
  • Sur les synodes de Rimini et de Séleucie (359/360) ;
  • Tome aux Antiochiens (362) ;
  • Lettre à Jovien (363) ;
  • Lettre synodale aux Africains (369 ?) ;
  • Contre Apollinaire de Laodicée (I : Sur l’Incarnation de Jésus-Christ ; II : Sur la Venue salutaire de Jésus-Christ) ;
  • Sur la Trinité et le Saint-Esprit (conservé seulement en traduction latine) ;
  • Sur l’Incarnation contre les ariens (attribution douteuse ; présenté comme authentique par Théodoret de Cyr et le pape Gélase Ier) ;
  • Lettres diverses (plusieurs dizaines, not. à Sérapion de Thmuis, à Lucifer de Cagliari…).
  • Symbole de saint Athanase connu aussi sous le nom de Quicumque est attribué à l’évêque Fulgence de Ruspe vers 533.
  • Clavis Patrum Græcorum 2090-2309.

Éditions

Éditions de l’œuvre complète
  • Édition bénédictine de Bernard de Montfaucon, grec-latin, 2 vol., Paris, 1698.
  • Vol. V de la Bibliotheca patrum d’Andrea Gallandi, Venise, 1769.
  • Vol. 25 à 28 de la Patrologia Græca de Migne.
Éditions avec traductions publiées dans Sources Chrétiennes (Éditions du Cerf)
  • Apologie à l’empereur Constance (Apologia ad Constantium) ; CPG 2129; SC no 56 bis ; 1958.
  • Apologie pour sa fuite (Apologia de fuga sua) ; CPG 2122 ; SC no 56 bis ; 1958.
  • Discours contre les païens (Oratio contra gentes) ; CPG 2090 ; SC no 18 bis ; 1947.
  • Sur l’Incarnation du Verbe (Oratio de incarnatione Verbi) ; CPG 2091 ; SC no 199 ; 1973 (2e édition).
  • Histoire « Acéphale » et Index syriaque des Lettres festales (Index Epistularum Festalium) ; CPG 2102 ; SC no 317 ; 1985.
  • Lettre à Diodore de Tarse citée par Facundus d’Hermiane (Epistula ad Diodorum Tarsensem apud Facundum Hermaniensem) ; CPG 2164 ; SC no 478 ; 2003.
  • Lettres à Sérapion (Epistulæ ad Serapionem) ; CPG 2094 et 2096 ; SC no 15 ; 1947.
  • Vie d’Antoine (Vita Antonii) ; CPG 2101 ; SC no 400 ; 1994.
Chez d’autres éditeurs
  • Lettres festales et pastorales en copte, avec traduction française de Louis-Théophile Lefort, CSCO 151-152, Louvain, 1965.
  • Trois Discours contre les ariens (traduction française), éditions Lessius, 2004.

En ligne

Écrits d’Athanase en traduction française

Écrits d’Athanase en grec

Traduction anglaise

Études sur Athanase


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