Né vers 1610, Abraham Duquesne est un officier de la marine de guerre de Louis XIV, autorisé à rester protestant malgré la révocation de l’Édit de Nantes.
Alors qu’il a refusé d’abjurer le protestantisme pour devenir Maréchal, Louis XIV lui écrit : « Je voudrais, Monsieur, que vous ne m’empêchiez pas de me récompenser les services que vous m’avez rendus comme ils méritent de l’être, mais vous êtes protestant et vous savez quelles sont mes intentions là-dessus. »
Duquesne répond : « Sire, quand j’ai combattu pour Votre Majesté, je n’ai pas examiné si Elle était d’une autre religion que moi. »
Il fut malgré tout anobli par le roi en 1662.
Pour approfondir : Wikipedia
Portrait d’Abraham Duquesne (1610-1688), Huile sur toile par Antoine Graincourt, Cercle militaire de Versailles.
Abraham Duquesne (puis du Quesne après son anoblissement2), baron d’Indret dès 16503 puis marquis du Quesne en 1682, né à Dieppe en 1610 et mort le 2 février 1688 à Paris, est l’un des grands officiers de la marine de guerre française du xviie siècle.
Né dans une famille huguenote au début du xviie siècle, il embarque pour la première fois sous les ordres de son père, capitaine de vaisseau . Il sert sous Louis XIII pendant la guerre de Trente Ans et se distingue en plusieurs occasions, notamment aux combats de Tarragone et du cap de Gata, mais doit quitter la marine en 1644 après avoir perdu un navire.
Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il obtient de Mazarin l’autorisation de servir dans la marine royale suédoise, en compagnie de son frère. Il prend part à la guerre de Torstenson qui oppose le royaume de Suède au Danemark et se distingue au combat de Fehmarn en prenant le navire amiral du commandant de la flotte danois Pros Mund.
Rentré en France, il réintègre la Marine royale et est envoyé en 1669 au secours de Candie, assiégée par les Turcs. Il prend part à la guerre de Hollande (1672-1678) et combat à la bataille de Solebay (1672) et à Alicudi (janvier 1676). Mais, c’est à la bataille d’Agosta (avril 1676) et à celle de Palerme qu’il se distingue tout particulièrement. Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales, freiné dans son avancement par sa religion qu’il refusera d’abjurer malgré l’insistance de Louis XIV et de ses conseillers (Colbert et Bossuet).
La religion, obstacle à toute promotion
Ces succès lui laissent espérer une promotion. Cependant, Colbert lui écrit pour lui dire que Louis XIV est satisfait de ses services mais qu’il est au regret de l’informer que sa religion, qu’il refuse d’abjurer, rend impossible le fait de l’élever à la dignité d’amiral.
Contrairement à d’autresNote 12, Duquesne refuse d’abjurer le protestantisme. Le roi lui écrit « Je voudrais, monsieur, que vous ne m’empêchiez pas de récompenser les services que vous m’avez rendus comme ils méritent de l’être ; mais vous êtes protestant et vous savez quelles sont mes intentions là-dessus. » Au cours d’un de ces congés, il se rend à la Cour à Versailles, pour plaider sa cause. À Louis XIV, Duquesne répond, sûr de lui : « Sire, quand j’ai combattu pour Votre Majesté, je n’ai pas examiné si Elle était d’une autre religion que moi. »
Colbert et Bossuet essayeront à leur tour de le persuader, lui faisant voir la possibilité d’être promu maréchal, mais ce dernier reste intraitable. Pas rancunier, Louis XIV le fait marquis et érige sa terre du Bouchet près d’Étampes en marquisatNote 13.
En 1685, il est l’un des très rares personnages autorisé à rester protestant et à pouvoir demeurer en France malgré l’Édit de Fontainebleau, à condition qu’il ne se livre à aucun acte d’allégeance public « à la religion prétendue réformée ». Il demande à émigrer, mais cette faveur lui est refusée, de peur qu’il ne renseigne l’étranger sur l’état des forces navales françaises18.
Il meurt d’une attaque d’apoplexie, le 1er février 1688 à Paris, à l’âge de 78 ans. Il est enterré dans son château du Bouchet, domaine érigé en marquisat par Louis XIV. Abraham Duquesne possédait le manoir du Moros à Concarneau.
Une semaine après sa mort, le Roi ordonne que tous ses biens soient mis sous séquestre. À sa veuve on laisse le choix de l’émigration ou de l’abjuration. Cette dernière finit par renier sa foi et peut conserver ses biens. Sur les quatre fils du couple, deux se convertiront au catholicisme, les deux autres émigreront en Suisse.
Parmi eux, son fils Henri Duquesne, qui transporte le cœur de son père au temple d’Aubonne, dans le canton de Vaud (Suisse). Ce dernier lui compose l’épitaphe suivante en latin dont voici la traduction :
Du Quesne fils à son père :
Ce tombeau attend les restes de Duquesne
Son nom est connu sur toutes les mers
Passant, si tu demandes pourquoi les Hollandais
Ont élevé un monument superbe à Ruyter vaincu,
et pourquoi les Français
Ont refusé une sépulture au vainqueur de Ruyter
Ce qui est dû de respect et de crainte à un monarque,
Dont s’étend au loin la puissance,
M’interdit toute réponse.
Source iconographique (photo mise en avant) : Marquis Abraham Duquesne (1610-1688), Alexandre Joseph von Steuben – Royal Museums Greenwich
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