Epiphanie

Matthieu 2.1-12 : La visite des mages – Vincent Bru (prédication)

Source iconographique : Extrait de l’œuvre d’Andrea Mantegna « Adoration des Mages » – Vers 1497-1500 – Détrempe et or sur bois ; 54,6cm x 70,7cm • © Andrea MANTEGNA – The J. Paul Getty Museum – Malibu.

  • Dimanche de l’Épiphanie – 7 janvier 2024
  • Notes de prédication sur Matthieu 2.1-12 : La visite des mages et le roi Hérode (Pasteur Vincent Bru)
  • Autres lectures de la Bible : Ésaïe 60.1-6 ; Éphésiens 3.2-6

J’adopte ici un format différent par rapport à celui que je vous ai proposé ces derniers dimanches avec les vidéos sur YouTube et le texte intégral de mes prédications.

Je vous propose, pour vous aider dans la compréhension du texte et l’écriture de votre propre prédication pour ceux qui sont appelés à le faire, les éléments suivants que vous pouvez utiliser librement :

  1. Le texte lui-même dans la version Louis Segond
  2. Les autres lectures du jour
  3. Une introduction, car l’introduction dans la prédication c’est ce qui montre l’intérêt du texte, qui éveille l’attention, et il faut la préparer soigneusement
  4. Une partie explication avec les principaux points d’intérêt du texte sur lesquels il peut être utile d’insister
  5. Une partie illustration
  6. Une partie application
  7. La conclusion : même chose que pour l’introduction, une partie du sermon à ne pas négliger !
  8. Des citations (optionnel)
  9. Divers : points en marge du texte, éclairages archéologiques, critique textuelle, etc.

Le textes de Matthieu 2.1-12 (NVS78P, Bible Louis Segond dite « à la Colombe »)

1 Jésus était né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode. Des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem 2et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer. 3À cette nouvelle le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. 5Ils lui dirent : À Bethléhem en Judée, car voici ce qui a été écrit par le prophète :

6Et toi, Bethléhem, terre de Juda,

Tu n’es certes pas la moindre

Parmi les principales villes de Juda  ;

Car de toi sortira un prince,

Qui fera paître Israël, mon peuple.

7Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et se fit préciser par eux l’époque de l’apparition de l’étoile. 8Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations précises sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille moi aussi l’adorer.

9Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici : l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait ; arrivée au-dessus (du lieu) où était le petit enfant, elle s’arrêta. 10À la vue de l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. 11Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Introduction

C’est aujourd’hui la fête de l’Épiphanie, la fête de la lumière, la lumière de l’Évangile venue éclairer les nations.

Le mot vient du grec ancien. Il signifie « apparition » ou « manifestation », et marque la révélation de Jésus comme Messie aux Gentils, représentés par ces mages venus d’Orient.

A cette occasion, nous sommes invités à nous souvenir que le Christ est véritablement la lumière du monde, et qu’il nous conduit vers Dieu et vers la vérité comme l’étoile lumineuse dans le ciel a conduit les mages.

Après le solstice d’hiver, les jours rallongent sensiblement à partir de cette date.

Jésus-Christ est la véritable étoile, comme il est la véritable lumière qui en venant dans le monde, éclaire tout homme, comme le dit le prologue de l’évangile de jean.

Je pense à cette citation du grand Saint Athanase :

« De même que lorsque paraît le soleil, les ténèbres perdent leur force, et, s’il en reste quelque chose, il les chasse ; de même, quand est venue la divine manifestation du Dieu Verbe, les ténèbres des idoles n’ont plus de force, mais partout toutes les parties de l’univers sont illuminées par son enseignement. »

La fête de l’Épiphanie, c’est aussi l’occasion pour chacune de nos familles de se retrouver, autour du traditionnel gâteau des rois, lointaine évocation de la visite des mages à la crèche de Bethlehem.

Ce gâteau des rois nous rappelle que le salut de Dieu est un don gratuit, que nous sommes invités à partager avec nos proches.

Il faut rappeler que la tradition de la galette remonte aux Saturnales romaines, des fêtes en l’honneur de Saturne, le dieu du temps et du soleil. Pendant ces fêtes, un repas était partagé entre maîtres et esclaves, et une fève (un haricot à l’époque) était cachée dans un gâteau rond et doré, symbolisant le soleil. Celui qui trouvait la fève devenait « Prince des Saturnales » pour une journée, incarnant un roi éphémère​​.


Ainsi, la fêtes romaines des Saturnales de la Rome antique voulait que les hiérarchies sociales et la logique des choses soient bousculées ce jour-là :

  • Un condamné à mort devient roi par tirage au sort le temps d’une journée. La sentence est ensuite exécutée.
  • Le maître et l’esclave changent de rôle ce jour-là également par tirage au sort.

L’épiphanie est la seule fête chrétienne jusqu’au 4e siècle. Elle représente la manifestation du Christ dans le monde. Ce n’est qu’au 19e siècle qu’elle deviendra le Jour des rois commémorant la manifestation de Jésus enfant aux Rois mages venus l’adorer.

Initialement combattue par l’Église catholique en raison de ses origines païennes, la coutume a été finalement christianisée, remplaçant la graine par une figurine de l’enfant Jésus, puis par des fèves en porcelaine à la fin du XVIIIe siècle. Lorsque la tradition de la galette a été adaptée par les chrétiens pour célébrer l’Épiphanie, qui est en un certain sens la fête de la lumière qu’est Jésus-Christ, la forme et la décoration solaire du gâteau ont été conservées, bien que la signification ait évolué. Quant à l’emploi de la fève, il remonte aux Grecs anciens qui l’utilisaient pour élire leurs magistrats.

Le récit des mages venus de leur lointain pays pour offrir à l’enfant de la crèche de l’or, de l’encens et de la myrrhe, a quelque chose à nous dire alors que nous sommes engagés dans la nouvelle année.

C’est dans cette attitude d’offrande et d’adoration de ces quelques représentants des nations païennes, des sages venus d’Orient, que cette fête de l’Épiphanie nous invite à vivre la nouvelle année.

Le texte de ce matin met en cène deux type de personnages, qui représentent deux types d’attitude et deux humanités opposées face à la révélation de Dieu en Jésus-Christ.

Si les mages représentent les nations païennes objet de l’élection divine, qui répondent oui à l’appel de Dieu, dans l’obéissance de la foi, le roi Hérode représente, quant à lui, l’humanité en révolte contre Dieu, l’humanité qui s’oppose à Dieu et à son Messie, et qui n’a de cesse de vouloir prendre la place de Dieu, pour sa propre perte.

Explication

Au sujet de l’attente du Messie à l’époque de Jésus

On sait à quel point l’attente du Messie était vive au temps de Jésus. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue. La majorité des Juifs pensait que ce serait un roi : ce serait un descendant de David, il régnerait sur le trône de Jérusalem, il chasserait les Romains, et il établirait définitivement la paix, la justice et la fraternité en Israël ; et les plus optimistes allaient même jusqu’à dire que tout ce bonheur s’installerait dans le monde entier.

Dans ce sens, on citait plusieurs prophéties convergentes de l’Ancien Testament : d’abord celle de Balaam dans le Livre des Nombres. Je vous la rappelle : au moment où les tribus d’Israël s’approchaient de la terre promise sous la conduite de Moïse, et traversaient les plaines de Moab (aujourd’hui en Jordanie), le roi de Moab, Balaq, avait convoqué Balaam pour qu’il maudisse ces importuns ; mais, au lieu de maudire, Balaam, inspiré par Dieu avait prononcé des prophéties de bonheur et de gloire pour Israël ; et, en particulier, il avait osé dire : « Je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël… » (Nb 24,17). Le roi de Moab avait été furieux, bien sûr, car, sur l’instant, il y avait entendu l’annonce de sa future défaite face à Israël ; mais en Israël, dans les siècles suivants, on se répétait soigneusement cette belle promesse ; et peu à peu on en était venu à penser que le règne du Messie serait signalé par l’apparition d’une étoile. C’est pour cela que le roi Hérode, consulté par les mages au sujet d’une étoile, prend l’affaire très au sérieux.

Autre prophétie concernant le Messie, celle de Michée : « Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. » (Mi 5,1). Prophétie tout à fait dans la ligne de la promesse faite par Dieu à David : que sa dynastie ne s’éteindrait pas et qu’elle apporterait au pays le bonheur attendu.

Au sujet des mages

Les mages étaient, à l’époque de Jésus, une caste sacerdotale très considérée chez les Perses, et chez les peuples d’alentour.

Ils formaient le conseil secret des rois, administraient les affaires religieuses, et se vouaient à l’étude de la nature, spécialement à l’astronomie.

La tradition a fait des mages de notre récit des rois, bien que le texte biblique ne dise rien à ce sujet.

On a aussi prétendu qu’ils étaient trois, et on leur a même attribué des noms : Gaspar, Melchior et Balthazar !

Tout cela relève en fait davantage de l’imagination populaire que de l’histoire, car les écrivains sacrés sont restés très discrets sur l’identité réelle de ces sages venus d’Orient.

Les traditions et légendes sur les mages vont se développer plus tard : du IV°s. au XI°s. Ainsi on peut trouver, selon les auteurs :

  • 3 mages, selon le nombre de leurs offrandes : myrrhe, encens et or.
  • 4 mages pour représenter les points cardinaux.
  • 12 mages comme en écho aux douze apôtres (ici 12 païens)
  • Ou encore 10,  nombre exprimant, bibliquement, une totalité.

Les rois mages symbolisent les trois continents connus à l’époque : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Leurs âges représentent les trois âges de la vie : le roi noir Balthazar incarne la jeunesse, Gaspard la maturité et Melchior, avec sa grande barbe, la vieillesse.

Enfin, ils sont caractérisés par leurs offrandes : l’or en hommage à la royauté du Christ, l’encens en hommage à sa divinité et la myrrhe, servant à embaumer les corps, annonce sa mort pour la rédemption de l’humanité.

Cela étant, on peut retenir le fait que ces personnages étaient des hommes d’une position considérable, et que, vraisemblablement, ils faisaient partie de ces non-juifs qui partageaient avec le peuple d’Israël l’espérance messianique, à l’exemple de la Cananéenne, du centenier de Capernaüm, et de tant d’autres prosélytes craignant Dieu.

A ce titre, l’Église ancienne n’a pas manqué de voir dans les mages les prémices des nations païennes amenées aux pieds de Jésus, les « frontières » de la grâce et du salut s’ouvrant désormais au-delà du seul Israël.

Le récit de l’évangile de Matthieu indique qu’ils viennent d’Orient. Cet orient nous renvoie au monde perse où exerçaient des savants à la fois astrologues, médecins-guérisseurs, devins, et conseillers politiques… Ils interprétaient les signes de la nature comme des messages venant des dieux. L’apparition d’un astre était d’ailleurs souvent interprétée, par tous, comme l’annonce d’un grand bouleversement, généralement catastrophique, et annonciateur d’un nouveau règne, d’un changement de monde.

C’est bien ce qu’annonce ici nos mages : l’avènement d’un roi.

Matthieu fait se confronter deux royautés : celle des puissants comme Hérode, et celle de Dieu en ce roi des juifs qui sera reconnu sur la croix.

Au sujet du Roi Hérode le Grand

Hérode le Grand, originaire d’Idumée, avait pris le pouvoir sur la Judée grâce à ses amitiés romaines. Bien qu’il ait épousé une fille de grand-prêtre, il fut toujours considéré comme un demi-juif, sans piété et d’une violence reconnue et crainte.

Hérode obtint du Sénat romain le titre de roi des juifs en 40 avant JC, et il est sensé avoir exercé son règne jusqu’en 4 avant Jésus-Christ.

Il était réputé pour sa cruauté.

L’historien juif Flavius Joseph nous apprend que pour mieux asseoir son autorité, Hérode fit mettre à mort sa femme, ses deux fils, ainsi qu’une foule de juifs de distinction, qui faisaient opposition à son gouvernement.

Ces crimes, aussi bien que son penchant pour des usages et des divertissements publics empruntés au paganisme, le rendirent odieux à la nation juive.

Ainsi donc, la réaction d’Hérode à la nouvelle de la naissance de celui que les mages surnomment le « roi des juifs » ne nous étonne guère.

Au sujet de l’étoile

Dans son récit, Matthieu fait appel à de nombreuses références symboliques et bibliques, à commencer par cette étoile (ou cet astre) que les mages ont observé. L’évangéliste fait référence, ici, à la prophétie de Balaam, ce prophète-devin et païen qui bénit les fils d’Israël conduit par Moïse se dirigeant vers la terre de Canaan.

Nombres 24.15-17

15 Balaam prononça sa sentence et dit :

Oracle de Balaam, fils de Beor,

Oracle de l’homme qui a l’œil clairvoyant,

16Oracle de celui qui entend les paroles de Dieu,

De celui qui connaît les desseins du Très-Haut,

De celui qui voit la vision du Tout-Puissant,

De celui qui se prosterne et dont les yeux s’ouvrent.

17Je le vois, mais non maintenant,

Je le contemple, mais non de près.

Un astre sort de Jacob,

Un sceptre s’élève d’Israël.

Il blesse les flancs de Moab

Et il abat tous les fils de Seth.

L’étoile des mages, chez Matthieu, représente, en elle-même, l’accomplissement des Écritures guidant ceux qui espèrent ce roi des Juifs. Les mages ont trouvé une étoile et cherchent un roi comme Balaam l’annonçait : de Jacob (c’est-à-dire Israël) monte une étoile, d’Israël surgit un sceptre (c’est-à-dire un roi) qui brise les temps de Moab et les fils de Seth…

Hérode pourrait bien être concerné, L’Idumée étant voisine de l’ancienne Moab.

On peut s’interroger sur l’origine de ce phénomène céleste, de cette étoile.

Comment une étoile a-t-elle pu guider les mages jusqu’à Bethlehem ?

Bien des hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène.

Pour ma part, je suis porté à penser, à la suite de Calvin, qu’il s’agit là en réalité d’un phénomène sans précédant dans l’histoire, qui relève d’une intervention divine toute spéciale.

Comme l’a dit un commentateur récent : « Les termes du récit et surtout le verset 9 prouvent avec évidence que l’écrivain se représente, non un astre céleste ordinaire, non le résultat d’observations astrologiques, mais l’apparition d’un luminaire spécial, qui détermine le départ des mages de leur pays, qui leur réapparaît sur le chemin de Bethlehem et qui vient s’arrêter sur le lieu où était le petit enfant. »

Qui plus est, et bien que le texte ne le précise pas, on peut aussi penser que, comme les bergers de Bethlehem, les mages ont étaient l’objet d’une révélation divine particulière, de la même façon qu’ils furent, comme nous le lisons au verset 12, « divinement averti en songe » de ne pas retourner vers Hérode.

A moins que ceux-ci aient tout simplement été préparés à ce grand événement qui les a emmenés jusqu’à Jérusalem, par l’attente vague, mais universellement répandue en Orient, d’un grand personnage religieux qui devait apparaître à cette époque ?

Quoi qu’il en soit, à la naissance du Sauveur, les savants mages sont conduits vers lui par une étoile.

Le contraste Hérode/Joseph

Le contraste entre l’attitude de Joseph, le père adoptif de Jésus et celle d’Hérode est frappant : foi obéissante du premier contre hostilité et révolte du second ; humanité rachetée, peuple de l’Église d’un côté, humanité pécheresse de l’autre ; la Cité de Dieu contre la Cité de ce monde (Saint Augustin), Christ contre Satan ! L’opposition est radicale, l’antithèse est totale.

Hérode est l’anti-Joseph ! Il est son opposé. Il représente l’humanité pécheresse en révolte contre Dieu et contre son Messie.

Le personnage d’Hérode est décrit en contraste à celui de Joseph dont nous parle le chapitre 1 de l’évangile de Matthieu.

Joseph écoute la parole de Dieu et accepte le dessein divin en accueillant Marie et l’enfant.

Hérode prend connaissance des Écritures, la parole de Dieu, mais va tout faire pour s’y opposer.

Ainsi, face à la docilité croyante de Joseph, Hérode apparaît comme celui qui instrumentalise la Parole de Dieu pour parvenir à ses fins, par orgueil, pour se maintenir au pouvoir, coûte que coûte.

 La convocation des mages en secret relève déjà du complot contre Jésus. Hérode fait de ces étrangers des agents de renseignement malgré eux.

Le roi de Judée est l’homme du mensonge, là où Joseph cherche la vérité.

La prophétie de Michée (2.4-6)

Hérode convoque les grands prêtres et les scribes du peuple, afin d’obtenir des renseignement sur la naissance de ce roi des juifs annoncés par les mages.

Ceux-ci se réfère à la prophétie messianique de Michée (Michée 5.1-3) :

1  Et toi, Bethléem Éphrata

Toi qui es petite parmi les milliers de Juda,

De toi sortira pour moi

Celui qui dominera sur Israël

Et dont l’origine remonte au lointain passé,

Aux jours d’éternité.

2 C’est pourquoi il les abandonnera

Jusqu’au temps où enfantera celle qui doit enfanter,

Et le reste de ses frères

Reviendra auprès des fils d’Israël.

3Il se dressera et les fera paître

Avec la force de l’Éternel,

Avec la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu :

Et ils auront une demeure (assurée),

Car il est dès maintenant glorifié

Jusqu’aux extrémités de la terre.

Avec cette citation, le récit donne à entendre qui est ce roi des Juifs que cherchent les mages.

Hérode veut savoir où ? Il va aussi entendre qui il est.

Le livre du prophète Michée donne Bethléem comme lieu de naissance.

La ville est d’abord celle qui vit naître le grand roi David à qui Dieu promit une éternelle descendance royale, siégeant sur le trône de Jérusalem.

La citation accentue le drame. Hérode entend que ce roi à venir, est un descendant de David, un messianique roi des Juifs face à ce demi-juif Iduméen.

Un enfant est donc né qui possède toute légitimité pour prendre sa place sur le trône. Du moins, si cet enfant arrive à majorité.

Nous savons qu’Hérode fera tout pour empêcher cette naissance, jusqu’à faire massacrer tous les enfants de moins de deux ans dans la ville de Bethléem, comme nous l’apprends les versets 13 et suivants.

Illustration

Toute prédication devrait comporter ces trois pôles, ou ces trois aspects :

  1. Explication
  2. Illustration
  3. Application

La prédication c’est l’application d’un texte aux gens qui écoutent !

A vous de voir quelles illustrations peuvent convenir ici. Le texte en lui-même est déjà à mon sens suffisamment illustré avec les personnages qui entrent en scène : les mages, le roi Hérode, l’enfant de la crèche, etc., et aussi l’étoile qui les guide jusqu’à Bethléem.

Application

  • A qui donc voulons-nous ressembler ? Joseph ou les mages, ou bien Hérode ? A quelle humanité voulons-nous appartenir ? Il faut choisir. La neutralité n’est pas possible ici.
  • Comme Joseph, sommes-nous toujours disposés à recevoir la volonté de Dieu quelle qu’elle soit ? Il nous faut apprendre à dire oui à Dieu, toujours, à nous soumettre à sa volonté, comme nous le demandons dans le Notre Père.
  • Comme les mages, il nous faut apprendre à nous laisser guider par Dieu, par sa Parole, la lumière de sa Loi et de son Évangile : son étoile nous mènera toujours vers le Christ, car la vraie piété est centrée sur Jésus-Christ. Il est le seul chemin qui conduit à Dieu, le seul médiateur de l’Alliance, entre Dieu et les hommes, le seul Sauveur.
  • Les cadeaux des mages : l’or, l’encens et la myrrhe représentent des cadeaux de grandes valeurs, surtout l’or, qui symbolise la pureté, car c’est un matériau inaltérable, et Jésus a dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » (Matthieu 5). Quels cadeaux voulons-nous faire à Dieu, en réponse à son amour manifesté en Jésus-Christ ? Le plus beau cadeau que nous pouvons lui faire, c’est celui de notre vie, et d’une vie abandonnée, car il s’agit ici de céder les rênes de notre vie au Christ à qui nous appartenons, il s’agit de lui donner de notre cœur ‒ comme dit le livre des Proverbes : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Proverbe 23.26) ‒, de notre volonté, de notre intelligence aussi, puisque nous sommes appelés à l’aimer ainsi, de tout notre être, et notre prochain comme nous-mêmes.
  • En aimant notre prochain, nous aimons Dieu aussi, et c’est comme un cadeau que nous faisons à Dieu : or, encens et myrrhe.
  • Les mages ont suivi l’étoile qui les ont mené jusqu’à l’enfant de la crèche. Aujourd’hui, les mages sont eux-mêmes, à travers le récit qui nous est rapporté dans l’évangile de Matthieu, cette étoile qui nous guide jusqu’au Sauveur. Nous-mêmes sommes invités à devenir des exemples, en menant une vie digne de Dieu, digne de son royaume de lumière et d’amour, et à être les témoins du Christ ressuscité, la véritable lumière du monde. Lorsque les gens nous regardent vivre, est-ce qu’ils peuvent voir en nous cette étoile qui a jadis conduit les mages jusqu’à Jésus Toute la question est là !
  • Jésus-Christ est la lumière du monde, mais nous sommes appelés à devenir à notre tour sel et lumière, selon Matthieu 25 !

Conclusion

A la naissance du Sauveur, les savants mages sont conduits vers lui par une étoile.

A la vue de l’enfant Jésus, ils n’hésitent pas à offrir à celui-ci de l’or, de l’encens et de la myrrhe, richesses et parfums traditionnels du lointain Orient.

En la personne des mages, ce sont les nations païennes qui offrent là, au Roi-Messie, l’hommage et les offrandes qui lui sont dues.

Les mages ont ajouté foi au signe que Dieu leur a envoyé concernant l’apparition du Messie.

Ils ont vu son étoile dans le ciel, et ils l’ont suivie, envers et contre tout ; ils se prosternent et adorent l’enfant-Roi, dont ils pressentent déjà l’identité : il est le Messie promis, celui devant lequel toutes les nations de la terre devront tôt ou tard se prosterner pour lui rendre l’hommage qui lui est dû.

N’y a-t-il pas là, une leçon de foi, pour nous qui trouvons si facilement de bonnes excuses pour mettre en doute la Parole du Seigneur, et pour ne pas vivre dans la reconnaissance que Dieu attend de nous ?

Notre époque ressemble étrangement à celle qui a vu les mages se prosterner devant l’enfant de la crèche.

Comme eux, nous rencontrons l’indifférence des uns, et l’hostilité des autres : nombreux sont les obstacles qui se dressent sur notre chemin, dans notre vie de foi.

Et pourtant, notre texte nous invite à suivre, avec les mages, l’étoile qui nous conduit jusqu’au Christ.

L’étoile de l’amour de Dieu, qui nous invite au partage, à la fraternité, et l’amour.

L’étoile de l’Évangile, qui vient éclairer notre nuit, et qui nous donne un nouvel élan, une nouvelle espérance, qui ne tarit jamais, et qui nous porte jusque dans les moments les plus difficiles de la vie, puisque le Seigneur est là, présent, et qu’il règne sur toutes choses, au-delà des apparences trompeuses de ce monde.

Nous attendons le jour où toutes les nations de la terre viendront déposer aux pieds du Christ toutes leurs richesses, et leur adoration, et lui rendront l’hommage qui lui est dû, lui seul.

Alors, comme les mages, et en cette nouvelle année qui s’ouvre devant nous, n’ayons jamais de cesse de regarder au Christ-Jésus, et de nous prosterner devant lui, pour lui offrir plus que nos richesses, plus que de l’or, de l’encens ou de la myrrhe, pour lui offrir nos propres vies, afin qu’il leur donne un nouvel élan, celui de la foi, de l’espérance et de l’amour.

Quelques citations à propos :

Saint Athanase, Sur l’incarnation du Verbe :

« De même que lorsque paraît le soleil, les ténèbres perdent leur force, et, s’il en reste quelque chose, il les chasse ; de même, quand est venue la divine manifestation du Dieu Verbe, les ténèbres des idoles n’ont plus de force, mais partout toutes les parties de l’univers sont illuminées par son enseignement. »

« Le Seigneur a touché toutes les parties de la création, il les a toutes délivrées et détrompées de toute erreur, comme dit Paul : « Il a dépouillé les principautés et les puissances et il en a triomphé sur la croix », afin que personne ne puisse plus désormais être égaré, mais qu’on trouve en tous lieux le véritable Verbe de Dieu. »

Divers

Épiphanie [wiki]

Cette fête célèbre la visite et l’adoration de l’Enfant Jésus par les « mages », relatée dans l’Évangile selon Matthieu. Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de « savants venus d’Orient », la tradition a fait qu’ils sont habituellement appelés les trois Rois mages et sont nommés respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar, noms dont les initiales reprennent celles de la bénédiction : « Christus Mansionem Benedicat », « que le Christ bénisse la demeure ».

Elle est la quatrième des cinq grandes fêtes cardinales de l’année liturgique catholique.

Dans certains pays, la célébration liturgique de la fête est reportée à un dimanche, en vertu d’un indult papal. Il s’agit de permettre aux gens de célébrer la fête dans les cas où ils doivent travailler le 6 janvier, si ce jour n’est pas férié. Ainsi, en France et en Belgique, cette fête est célébrée le deuxième dimanche après Noël.

En Espagne, où la célébration de l’Épiphanie est particulièrement importante, le jour est férié. C’est aussi un jour férié en Suède (Trettondedag jul).

Dans les Églises orthodoxes byzantines, l’Épiphanie commémore le baptême du Christ dans le Jourdain, la descente du Fils de Dieu au milieu de sa création, et la manifestation de la divine Trinité : la voix du Père témoigne du Fils et la colombe de l’Esprit Saint descend sur lui. Le Saint Esprit qui se manifeste sous la forme d’une colombe signifie la sanctification et la déification de la nature humaine que le Fils de Dieu assume : il la purifie en l’immergeant dans les eaux du Jourdain, et il la déifie en l’exposant au rayonnement de son Esprit qui repose sur lui de toute éternité.

Durant les quatre premiers siècles de l’histoire chrétienne, l’Église avait l’habitude de fêter le 6 janvier toutes les manifestations de Dieu sur la terre : la Nativité (Noël), l’Adoration des mages, le baptême du Christ et les noces de Cana. Le changement de l’eau en vin et la multiplication des pains (ou Phagiphanie) étaient ainsi commémorés par une même fête avec la Nativité.

Les fêtes ont ensuite été dissociées : pour le 6 janvier, les Latins ont retenu l’Adoration des mages et les Grecs le Baptême du Christ. Les Éthiopiens et les Arméniens ont conservé une fête unique pour la célébration de Noël, le 6 janvier pour les Arméniens et le 6 ou le 7 janvier pour les Éthiopiens en fonction du calendrier.

Le gâteau des rois ?

La Galette des Rois, avec sa fève cachée, est plus un élément festif et social associé à cette célébration. Celui qui trouve la fève devient le « roi » ou la « reine » du jour, une pratique qui coïncide avec la fête de l’Épiphanie mais qui n’est pas une représentation directe de la découverte de Jésus par les mages. Cette tradition de la galette s’est mêlée à la célébration de l’Épiphanie, reflétant une fusion des traditions païennes des Saturnales romaines avec les traditions chrétiennes.

Voir : Quel est le lien entre la Galette des Rois et l’Épiphanie ?

La tradition veut que l’Épiphanie soit l’occasion de « tirer les rois » : une fève et parfois une figurine sont cachées dans les pâtisseries (galette des roisgâteau des rois) ; le convive qui découvre cette fève devient le roi ou la reine de la journée.

Cette pratique trouverait son origine dans les Saturnales de la Rome antique. Pendant ces fêtes païennes célébrées début janvier, les rôles étaient inversés entre les maîtres et les esclaves qui devenaient les « rois d’un jour ».
Ce n’est que vers 1875 que les figurines en porcelaine remplacent les fèves.

Depuis le xive siècle, on mange la galette des rois et le gâteau des rois à l’occasion de cette fête. La tradition veut que l’on partage la pâtisserie en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre », est destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.

À Paris, les boulangers-pâtissiers offrent tous les ans la galette de l’Élysée. Cette galette ne contient pas de fève afin que le président de la République ne puisse pas être couronné. Cette tradition remonte à l’année 1975, date à laquelle fut offerte à Valéry Giscard d’Estaing une grande galette d’un mètre de diamètre.

Suivi de cette tradition

En 2014, un sondage réalisé en France révèle que 97 % des Français fêtent l’Épiphanie ; un autre sondage OpinionWay donne quant à lui 85 %.

Ils mangent pour 70 % une galette frangipane, 11 % un gâteau des rois, principalement dans l’extrême Sud et 8 % une galette des rois à la pomme. 9 % en consomment plus de cinq. 68 % trichent pour donner la fève aux plus jeunes.

[wiki]

La date de naissance de Jésus ?

Au passage, on notera que c’est l’un des rares indices que nous ayons de la date exacte de la naissance de Jésus ! On connaît avec certitude la date de la mort d’Hérode le Grand : 4 av JC (il a vécu de 73 à 4 av JC)… or il a fait tuer tous les enfants de moins de 2 ans : c’est-à-dire des enfants nés entre 6 et 4 (av JC) ; donc Jésus est probablement né entre 6 et 4 ! Probablement en 6 ou 5… C’est quand, au sixième siècle, un moine du nom de Denys le Petit a voulu – à juste titre – compter les années à partir de la naissance de Jésus, (et non plus à partir de la fondation de Rome) qu’il y a eu tout simplement une erreur de comptage.


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