Jean 1.8ss : « Ce Messie que vous ne connaissez pas ! » – Vincent Bru (prédication)

Dimanche 17 décembre 2023 – 3e dimanche de l’Avent

Pasteur Vincent Bru, N’Djaména (Tchad)

Autres textes : Ésaïe 61.1-2a, 10-11 ; 1 Thessaloniciens 5.16-24

6 Il y eut un homme envoyé par Dieu, du nom de Jean.

Dimanche dernier nous nous sommes penchés sur le personnage de Jean-Baptiste à travers ce qu’en dit le premier chapitre de l’évangile de Marc.

Personnage au charisme décoiffant, vêtu de poils de chameau, prêchant le baptême de repentance dans le désert.

Nous sommes loin ici de notre société marchande.

Et cela fait du bien de se recentrer ainsi sur l’essentiel.

J’avais un ami autrefois qui parlait de se recentrer dans le sens du vertical !

Le sens du vertical : c’est tout-à-fait ça !

C’est de cela dont il est question pendant cette période de l’Avent, et c’est de cela dont nous avons besoin, dont l’homme moderne a besoin, sans qu’il le sache.

Retour au désert, à la source, pour rencontrer Dieu dans le dénuement, les mains vides, sans artifices, sans faux-semblants…

Est-ce bien là aussi votre état d’esprit ce matin ? Soyez honnêtes avec vous-mêmes !

Êtes-vous vraiment prêts à rencontrer Dieu ? A vous laisser surprendre par Lui, à vous laisser changer aussi s’il le faut ? A changer votre mentalité, votre façon de penser, votre façon de vivre aussi ?

« Avent » signifie venue, ou avènement, et avec la naissance de Jésus, c’est bien de la venue de Dieu lui-même dont il s’agit.

A Noël, Dieu vient à notre rencontre, il vient nous rencontrer pour nous sauver.

Il vient pour bousculer nos habitudes, pour nous surprendre, et pour nous révéler qui il est véritablement, lui, la lumière du monde. La seule vraie lumière.

« il en est un que vous ne connaissez pas » !

Au verset 26 le texte dit :

« Au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas… »

Il peut paraître assez étrange que Jean-Baptiste dise cela aux spécialistes de la Loi qu’étaient les pharisiens, les théologiens dument autorisés de l’époque, avec aussi les prêtres, Lévites et sacrificateurs.

Tout ce beau monde qui est venu interroger Jean-Baptiste sur son identité, tout ce beau monde revêtu non pas de poils de chameau mais de toute l’aura d’une institution multiséculaire, avec tout leur savoir, toute leur intelligence, tous leurs diplômes, toutes leurs connaissances, avec surtout leurs idées préconçues, leurs idées toute faites, bien ficelées, bien phagocytées du Messie : il fallait que le Messie soit comme ceci ou comme cela, et pas autrement !

Tout ce beau monde me fait penser à bien des théologiens aujourd’hui pour qui les contours de la foi chrétienne doivent nécessairement s’inscrire dans les limites de notre raison : un christianisme raisonnable, pour gens raisonnables, un Christ humain, un maître de sagesse, un guide, mais certainement pas Dieu lui-même, comme l’affirme pourtant le symbole de Nicée.

Un tel dit être un adepte de la « christologie d’en bas » qui s’oppose à la « christologie d’en haut » : un Christ à notre portée dont il s’agit de s’inspirer, de suivre l’exemple, enfin, jusqu’à un certain point tout de même ! L’homme moderne n’est-il pas sensé être beaucoup plus intelligent que l’humanité primitive de l’époque du Christ et des Apôtres ?

Je pense aussi à toutes ces prétendues vies de Jésus qui ont fleuries au 19e siècle. C’était un phénomène de mode, et il s’agissait, à la suite du philosophe rationaliste Ernest Renan de tenter de dégager le véritable Jésus, le Jésus historique, par-delà la gangue mythologique du récit des évangiles : Christ de la foi ou Jésus de l’histoire ? Comme s’il ne pouvait en aucun cas s’agir du même Jésus ? Du même Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme à la fois !

Notre texte nous invite à nous laisser surprendre et à recevoir la révélation de Dieu, à recevoir le Christ de l’Écriture, et l’Écriture du Christ, car autrement, ce serait passer à côté de l’essentiel, ce serait imaginer au autre Messie, un faux Messie, un Messie de paille comme le sont trop souvent ceux de l’imagination débridée de l’homme moderne.

« Au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas… »

« envoyé par Dieu »

Je lis au verset 6 :

6 Il y eut un homme envoyé par Dieu, du nom de Jean.

La première chose que l’on doit dire au sujet de Jean-Baptiste c’est que cet homme a été « envoyé par Dieu ».

C’est ce que le texte dit.

Il faut comprendre que dès lors que l’on admet l’existence de Dieu, alors tout est possible, car rien n’est impossible à Dieu.

Aussi quand la Bible dit que Dieu a envoyé Jean, comme il a envoyé tant de prophètes avant lui, comme il a envoyé son Messie après lui, comme le Christ a envoyé les Apôtres après sa résurrection, alors c’est que c’est vrai.

C’est quelque chose qu’il nous faut recevoir dans la foi.

Parce que c’est là l’essence même de la foi chrétienne.

Fides quarens intellectum disait Saint Anselme : la foi en quête d’intelligence.

La foi est première, l’intelligence suit.

Les deux ensemble, mais la foi d’abord !

« témoin »

Verset 7 :

7 Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.

Notez bien l’expression « témoin » : Jean est envoyé par Dieu pour rendre témoignage à la lumière.

Le verbe « témoigner » est un verbe souvent utilisé dans un contexte judiciaire : Jean est appelé à être témoin en faveur de la cause du Christ. Le dialogue avec les autorités religieuses est d’ailleurs construit comme un véritable interrogatoire lors d’un procès avec dans le boxe des accusés : Jean-Baptiste. Qui est-il donc ?

« à la lumière »

7 Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.

Jean-Baptiste a été envoyé par Dieu pour rendre témoignage à la lumière. La lumière !

On pense ici à la parole de Jésus : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8.12 ; 9.5)

Ou encore dans ce même chapitre 1 :

1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement avec Dieu. 3Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 4En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. 5La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.

Verset 8 :

8 Il n’était pas la lumière, mais (il vint) pour rendre témoignage à la lumière.

Évidemment, l’intention de l’évangéliste ici, l’apôtre Jean, c’est de bien nous faire comprendre que nos regards doivent se porter sur le Christ, non sur son témoin.

Vous connaissez le proverbe : « Quand le sage montre la lune avec son doigt, le fou regarde le doigt » !

N’avons-nous pas la fâcheuse tendance de détourner nos regard de l’essentiel, souvent, pour nous arrêter à des choses futiles et sans grand intérêt, parfois intentionnellement, pour ne pas avoir à nous remettre en question ?

L’espérance messianique

Verset 19 :

19 Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites pour lui demander : 20 Toi, qui es-tu ? Il confessa sans le nier, il confessa : Moi, je ne suis pas le Christ.

Les questions posées à Jean-Baptiste reflètent bien l’état d’esprit qui régnait en Israël au moment de la venue du Christ : visiblement, on attendait le Messie de façon très prochaine ; et dans certains milieux, au moins, cette attente était devenue une impatience, si bien que dans les dernières décennies avant la venue du Christ, on a cru plusieurs fois le reconnaître enfin ; et de toute évidence, Jean-Baptiste jouissait d’une réputation telle qu’on s’est posé la question à son sujet.

Tout le monde attendait, oui, mais tout le monde n’attendait pas la même chose, ou le même personnage : c’est pour cela que les questions se bousculent

Les premiers à interroger Jean-Baptiste sont des prêtres, des « sacrificateurs et des Lévites ».

Ils ont été envoyés par « les juifs », expression qui désigne probablement les membres du Sanhédrin avec à leur tête les saducéens. N’oublions pas que ce sont eux qui plus tard livreront Jésus au romains.

Plus loin dans notre texte il est aussi question des pharisiens.

Tout ce monde-là attendait le Messie, avec plus ou moins d’impatience.

On sait que c’était plus particulièrement le cas des pharisiens qui étaient animés d’une espèce de « fièvre eschatologique », une impatience fiévreuse, une attente que l’on pourrait qualifier d’exacerbée, tellement il était urgent pour eux que Dieu accomplisse enfin ses promesses au sujet du Messie.

Je pense à deux textes en particulier qui sont mentionnés, au moins implicitement, dans les versets qui suivent.

Malachie 3.23-24

Le premier c’est Malachie 3.23-24 :

23 Voici : moi-même je vous enverrai

Le prophète Élie

Avant la venue du jour de l’Éternel,

(Jour) grand et redoutable.

24Il ramènera le cœur des pères à leurs fils

Et le cœur des fils à leurs pères,

De peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit.

Tels sont les toutes dernières paroles du dernier des prophètes de l’Ancien Testament prononcées plus de 400 ans de cela.

Malachie, 5e siècle avant Jésus-Christ, annonce la venue du prophète Élie, un nouvel Élie, un prophète comme Élie.

400 ans de silence, cela commence à faire !

Avec en plus de cela la domination romaine : quel horizon restait-il au peuple juif ?

Et le Messie qui se fait attendre : roi ou prophète ? Ou bien les deux peut-être bien ? Un roi-prophète ?

Nous savons aujourd’hui que le Messie est en réalité tout-à-la fois prophète, prêtre et roi.

Mais à ce moment-là, comment savoir ?

Pour certains il devait être un roi, un nouveau David, un chef de guerre pourquoi pas, venu pour chasser l’occupant romain, et libérer son peuple de l’esclavage, comme au temps de l’Exode.

Pour d’autres, il devait être un guide spirituel, venu pour ramener le peuple aux exigences de la Loi de Moïse, à la tradition, aux directives de l’alliance.

Se pouvait-il qu’il soit plus que cela ? Se peut-il qu’il soit plus que ce que nous pensons parfois ? Que ce que certains pensent ?

Tout ce monde-là était bien loin de s’imaginer que le Messie serait Dieu lui-même.

Deutéronome 18

Le deuxième texte que tout juif pieux connaissait bien et qui nourrissait l’attente d’Israël, c’est

Deutéronome 18 :

15 L’Éternel, ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète comme moi : vous l’écouterez ! 16C’est là tout ce que tu as demandé à l’Éternel, ton Dieu, à Horeb, le jour du rassemblement, quand tu disais : Que je ne continue pas à entendre la voix de l’Éternel, mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, afin de ne pas mourir. 17L’Éternel me dit : Ce qu’ils ont dit est bien. 18Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai. 19Et si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte.

Vous voyez qu’ici il est question d’un prophète comme Moïse, autant dire un nouveau Moïse.

Alors on comprend mieux les versets suivants que je vous lis :

« je ne suis pas le Messie »

21 Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

Élie fait référence à la prophétie de Malachie, et l’expression « le prophète » à Deutéronome 18.15 et 18.

A ces deux questions Jean-Baptiste répond non. Il n’est ni l’un ni l’autre. Il n’est pas le Messie, mais seulement son témoin.

L’objectif de ces versets est double : ils permettent de relativiser l’action du baptiste à la figure, bientôt dévoilée, de Jésus-Christ.

Tout ce que Jean n’est pas, Jésus en assumera l’identité : le Christ destiné à sauver Israël ; le prophète Élie dont le retour est annoncé pour le Jour du Jugement (Ml 3,23) ; le Prophète comme Moïse, promis par Dieu (Dt 18,15).

En Luc 4, verset 16, au tout début de son ministère public, on voit Jésus entrer dans une synagogue, et là, il ouvre le livre du prophète Ésaïe, il lit :

18 L’Esprit du Seigneur est sur moi,

Parce qu’il m’a oint

[Pour guérir ceux qui ont le cœur brisé  ;]

Pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ;

Il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance,

Et aux aveugles le recouvrement de la vue,

Pour renvoyer libres les opprimés,

19 Pour proclamer une année de grâce du Seigneur .

Verset 20 :

20Puis il roula le livre, le rendit au serviteur et s’assit. Les yeux de tous, dans la synagogue, étaient fixés sur lui.

21 Alors il se mit à leur dire : Aujourd’hui cette (parole de l’) Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie.

Il faut bien comprendre la différence entre Jésus et Jean-Baptiste : là où le Christ dit « aujourd’hui cette parole est accompli », Jean dit : « il vient après moi celui qui est plus puissant que moi… »

Jean se présente simplement comme le témoin de foi annoncé par Ésaïe et préparant le peuple à la venue de ce Christ des derniers temps.

Ésaïe 40 : voix dans le désert

Verset 22 :

22 Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ; que dis-tu de toi-même ?

23 Il dit :

Je suis la voix de celui qui crie dans le désert :

Rendez droit le chemin du Seigneur,

comme a dit le prophète Ésaïe.

Notez bien que ce n’est pas dans la figure du prophète Élie que Jean-Baptiste se reconnait, pas plus que dans celle du nouveau Moïse, mais dans la parole prophétique du livre d’Ésaïe, que nous avons lu dimanche dernier. Voix qui crie dans le désert : rendez droit le chemin du Seigneur !

Chez Ésaïe, c’était une annonce de la libération prochaine du peuple exilé à Babylone : le Seigneur allait venir lui-même prendre la tête de son peuple et le ramener sur sa terre.

Par la suite, ce texte avait été relu comme une annonce de la venue du Messie, et c’est bien dans ce sens là que Jean-Baptiste le cite : le Messie est proche, lui-même (Jean) est seulement la voix qui l’annonce.

Au tour des pharisiens

Verset 24, les pharisiens insistent à leur tour :

24 Ceux qui avaient été envoyés étaient des Pharisiens. 25Ils l’interrogèrent et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Élie, ni le prophète ?

Jean leur répondit : 26Moi, je baptise dans l’eau ; au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas et qui vient après moi ; 27je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale.

Et enfin le verset 28 :

28 Cela se passait à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Ainsi, Jean annonce la venue imminente (il vient après moi dit Jean), d’un messie si grand que lui-même ne mériterait pas l’honneur de délier la courroie de sa sandale.

Son baptême n’est rien à l’approche de sa venue.

Pour Jean, le Christ qui vient, est celui que les Pharisiens ne connaissent pas.

« Au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas et qui vient après moi »

Autrement dit, ces Pharisiens, et bien d’autres, comme bien des chrétiens aujourd’hui aussi, et bien des théologiens, ces pharisiens devront se défaire de leurs propres représentations du Messie, en l’occurrence ici d’un Christ au bras armé et au jugement sévère, et ils auront tout à apprendre de lui, comme nous avons tout à apprendre de lui.

N’en sommes-nous pas là nous aussi en un sens ? Quel est notre Messie, le Messie que nous imaginons, le Messie auquel nous voulons bien croire ?

Est-il vraiment le véritable Messie, celui de la révélation ? Celui de la Sainte Écriture ? Celui de la Bible ?

C’est une vraie question !

La nuit de la foi

Il nous faut revenir un instant sur le personnage de Jean-Baptiste car il en dit long aussi sur nous-mêmes et sur la réalité de la vie de la foi.

Notez que Jean-Baptiste lui-même, au moment où il est interrogé sur son identité et sur la venue du Messie, semble ne pas le connaître encore.

Il le dit explicitement quelques versets plus loin : c’est seulement lorsque Jésus s’est présenté à lui pour lui demander le baptême que Jean-Baptiste a eu la certitude qu’il était le Messie.

Verset 33 :

33et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise d’Esprit Saint. 34Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui le Fils de Dieu.

Ce qui veut dire que Jean-Baptiste a connu ce que nous appelons quelquefois la nuit de la foi : il a commencé à annoncer la présence de Jésus au milieu des hommes avant même de l’avoir reconnu dans sa plénitude.

Le vrai prophète !

Mais n’est-ce pas à cela que l’on reconnaît le vrai prophète ? Le vrai pasteur aussi…

Tout d’abord, il poursuit sa mission, même dans la nuit… car ce qui compte avant tout, c’est que les hommes croient : « Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. »

On retrouve là une très grande insistance de l’apôtre Jean tout au long de son évangile : « afin que tous croient ».

Tout ce qui est écrit dans la Bible et dans les évangiles en particulier, l’a été afin que nous croyons que Jésus est véritablement ce qu’il a prétendu être, le Christ-Sauveur.

La mission des pasteurs aujourd’hui est la même car « la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole de Dieu », selon l’apôtre Paul.

Deuxièmement, le vrai prophète, mais on peut en dire autant du vrai pasteur, du vrai théologien, du vrai homme de Dieu, ne nous attire pas vers lui-même, ni même vers une sagesse d’homme, une sagesse humaine, mais vers celui qu’il annonce : Jean-Baptiste remet bien les choses en place, car si c’est vers lui que les foules viennent, il les dirige aussitôt vers le Christ.

Il ne se présente pas en porteur de la vérité, mais il tourne les cœurs vers la vérité.

Conclusion

J’aimerais en conclusion insister sur ce dernier point.

L’Église traverse, à bien des égards, depuis plusieurs décennies déjà une crise, dont il nous faut comprendre les raisons.

Avec l’avènement de l’humanisme athée, vous savez cette espèce de religion de l’homme, une religion sans prêtres et sans Messie où l’homme prétend être son propre sauveur…, plusieurs ont été tenté d’accommoder le message de l’Évangile, de mettre la foi chrétienne au gout du jour.

En un sens la tentation a toujours existé, mais aujourd’hui, c’est beaucoup plus grave en un sens.

Car s’il s’agit de suivre les modes, alors on risque fort d’être entraînés par de forts courants bien loin de la radicalité du message de l’Évangile du Christ Sauveur, vrai Dieu et vrai homme.

Le « wokisme » a gagné une partie de la chrétienté, de la civilisation chrétienne.

On le dit de l’Église d’Angleterre, l’Église Anglicane, pour une partie non négligeable de cette bonne vieille institution en tout cas.

On le dit de bien des églises historiques, les églises dites luthéro-réformées… et ce même risque, cette même tentation existe aussi, bien que de façon moins prononcée aujourd’hui, dans les églises de la mouvance évangéliques, qui ne sont pas à l’abri de tout ceci.

L’Église catholique résiste assez bien au modernisme, soi-disant progressiste, du fait du poids de la Tradition et du Magistère. Et c’est tant mieux ! Mais elle n’est pas non plus au-dessus de la tentation.

Le résultat c’est que l’on se retrouve parfois avec un Christ rabougri comme le disait le regretté pasteur Pierre Marcel, un Messie racorni, un christianisme à la dérive, c’est l’expression qu’il utilise dans « Face à la critique, Jésus et les apôtres ».

Notre texte nous met en garde : il est possible de passer à côté de la vérité, à côté de la vraie foi, à côté du véritable Messie, tout en prétendant le connaître, pourtant.

Il faut se méfier des idées toute faites, des conclusions trop logiques, des théologies trop savantes aussi…

Verset 26 :

26Moi, je baptise dans l’eau ; au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas et qui vient après moi…

« Au milieu de vous, il en est un que vous ne connaissez pas… »

Semper Reformanda

Il y a un adage auquel les protestants sont sensés être très attachés, mais qui est souvent mal compris.

« L’Église réformée, toujours à réformer » !

Aujourd’hui on le cite à tout de champ pour dire que l’Église doit se réformer en suivant les modes, les évolutions sociétales, ou prétendues telles…

Les évolutions sociétales que l’on connaît aujourd’hui… Dois-je les mentionner ?! Vous les connaissez.

Alors on nous parle d’une Église ouverte au monde, de communautés « inclusives », où il s’agit d’inclure tout le monde, y compris, et surtout, le péché

Or, comme le disait si bien l’écrivain catholique anglais du siècle dernier, Chesterton : « Nous ne voulons pas, comme le disent les journaux, d’une Église qui suive le monde, nous voulons d’une Église qui entraîne le monde. »

Je pense aussi ici à ce qu’écrivait déjà à l’époque le pasteur Pierre Marcel dans les années 80 :

« Incroyable, mais vrai : on offre pour remède à l’homme-moderne ce qu’on croit qu’il est devenu : on se fait le porte-parole de son idéologie et de ses misères. Si le monde et présent dans l’Église, comment l’Église peut-elle être présente au monde ? – Les difficultés de l’homme-moderne à recevoir l’Évangile sont celles de tous les temps. Il y faut la repentance et la foi, par la puissance de l’Esprit Saint. Mais l’Esprit n’a pas de place dans la nouvelle théologie ! » (Face à la critique, Jésus et les Apôtres, Labor & Fides, p. 149)

Selon la Parole de Dieu !

« L’Église réformée, toujours à réformer » !

Ce qu’il faut dire ici, c’est qu’en réalité la formule entière c’est plus exactement : « L’Église réformée toujours à réformer selon la Parole de Dieu » !

Les cinq derniers mots sont essentiels. Sans eux la formule ne veut strictement, plus rien dire du tout.

Les Réformateur ont cherché à remettre l’Église sur le moule de la Parole de Dieu.

L’Église était déformée, il fallait donc la re-former. C’est le sens même du mot « Réformation », ou re-formation.

Qu’en est-il aujourd’hui des institutions ecclésiales ?

Où est l’autorité de la Parole de Dieu ?

Où est le Christ de l’Écriture Sainte ? Où est notre obéissance à celui-ci ? Où est la Foi de l’Église ?

Ce temps de l’Avent nous invite à faire table rase de nos infidélités, hypocrisies, hérésies, apostasies…

Il s’agit de revenir à la source, au désert, dans un tête-à-tête avec le Dieu vivant et vrai, afin de recevoir sa révélation d’un cœur sincère, aimant, libre, joyeux, reconnaissant et obéissant.

« La lumière est venue chez les siens, mais les siens ne l’ont pas reçue » !

Noël nous invite à recevoir la lumière venue d’en haut, alors laissons-nous surprendre comme tout à nouveau.

Dans la foi !

Amen.

Pasteur Vincent Bru


Publié

dans

,

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Foedus

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading