Grande Guerre 14-18

Sous la plume et le canon

Dans ce trou de la terre où la mort me surveille,
Je t’écris, ô ma fleur, ma clarté, mon matin ;
La nuit pleure alentour, mais mon souffle est certain :
Ton nom brille en mon cœur comme un astre qui veille.

J’entends gronder l’acier, mais ton portrait m’éveille ;
Je combats pour un rêve au parfum de jasmin,
Pour que la France un jour, reprenant son chemin,
Puisse offrir aux vivants un soleil sans pareil.

S’il faut donner mon sang pour que ton ciel flamboie,
Je le verse sans crainte et je me fais soldat
De l’amour, du devoir, du courage et du droit.

Et si mon dernier mot se perd avant l’aurore,
Qu’il vole jusqu’à toi, plus léger qu’un éclat :
C’est pour l’amour, toujours, qu’un homme tient encore.

Vincent Bru, le 11 novembre 20251


Description générale

Ce sonnet met en scène un soldat de la Grande Guerre, réfugié dans sa tranchée, qui écrit une lettre à la femme qu’il aime. Dans l’obscurité et sous la menace de la mort, il puise dans cet amour une lumière capable de transfigurer l’horreur du front.

Le ton est résolument romantique, avec des images grandioses et un lyrisme inspiré de Victor Hugo : contrastes entre l’ombre et la lumière, entre le fracas des armes et la douceur des sentiments, entre la mort qui rôde et la vie intérieure qui résiste.

L’adresse à la bien-aimée porte aussi un accent cyranesque : panache, noblesse, dignité dans la souffrance, héroïsme du cœur, fidélité à l’amour comme ultime justification du combat.

L’ensemble fait entendre la voix intemporelle des soldats tombés, de leurs lettres inachevées et de leur courage silencieux.
Le poème évoque un combat qui tire son sens de l’amour :
si l’homme se bat, ce n’est pas par haine, mais pour préserver la beauté de ce qu’il aime.


Clefs de lecture vers par vers

Vers 1 — « Dans ce trou de la terre où la mort me surveille, »

Le soldat se situe dans une tranchée.
C’est une image forte : la terre devient tombe anticipée, ventre maternel retourné, lieu d’enfouissement.
La mort est personnifiée, presque en faction.

Vers 2 — « Je t’écris, ô ma fleur, ma clarté, mon matin ; »

Triple métaphore adressée à la bien-aimée :

  • Fleur : délicatesse, beauté fragile, vie
  • Clarté : lumière intérieure
  • Matin : renaissance, espoir
    La lettre naît comme un acte d’amour qui chasse les ténèbres.

Vers 3 — « La nuit pleure alentour, mais mon souffle est certain : »

La nuit « pleure » : larmes du ciel, pluie, tristesse cosmique.
Malgré cela, le soldat affirme sa stabilité intérieure, son souffle guidé par l’amour.

Vers 4 — « Ton nom brille en mon cœur comme un astre qui veille. »

Image astrale très hugolienne : l’amour est étoile, lumière dans l’obscurité.
La femme devient un repère, un phare dans la nuit de la guerre.


Vers 5 — « J’entends gronder l’acier, mais ton portrait m’éveille ; »

« L’acier » symbolise les canons, les obus, le métal meurtrier.
Le portrait — photo gardée sur lui — le ramène à la vie.
L’amour triomphe du fracas.

Vers 6 — « Je combats pour un rêve au parfum de jasmin, »

Le jasmin : symbole de pureté, d’amour délicat.
La guerre est reliée à une motivation poétique : préserver la douceur de la paix.

Vers 7 — « Pour que la France un jour, reprenant son chemin, »

France-personnage, France blessée, France espérée.
On retrouve le souffle patriotique de Hugo dans Les Châtiments ou La Légende des siècles.

Vers 8 — « Puisse offrir aux vivants un soleil sans pareil. »

Le soleil est ici la paix retrouvée, la liberté.
But ultime du sacrifice du soldat.


Vers 9 — « S’il faut donner mon sang pour que ton ciel flamboie, »

L’amour pour la bien-aimée est associé à l’amour de la patrie.
Le sang versé n’est pas vain : il a un sens lumineux (« flamboie »).

Vers 10 — « Je le verse sans crainte et je me fais soldat »

L’acceptation du courage : pas par résignation, mais par conviction.
Le soldat assume son rôle, le revendique.

Vers 11 — « De l’amour, du devoir, du courage et du droit. »

Quatre piliers chevaleresques qui rappellent Cyrano.
Le « droit » signifie ici la justice, la liberté, l’égalité menacée par la guerre.


Vers 12 — « Et si mon dernier mot se perd avant l’aurore, »

L’aurore : l’espoir du lendemain.
Mais le soldat envisage la mort : la lettre pourrait ne jamais atteindre sa destinataire.

Vers 13 — « Qu’il vole jusqu’à toi, plus léger qu’un éclat : »

L’éclat d’obus devient ici « éclat de lumière » ou « éclat de voix ».
Transmutation poétique du danger en message d’amour.

Vers 14 — « C’est pour l’amour, toujours, qu’un homme tient encore. »

Chute magistrale :
L’amour est la cause, la vocation, la dernière force des vivants.
Sans amour, le combat serait vide ; avec lui, il devient un acte noble.


  1. Assistance IA (ChatGPT) utilisée pour la rédaction. ↩︎

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