Sur le sujet voir en particulier, pour une approche apologétique et théologique : Pierre Marcel, « Calvin & Copernic la légende ou les faits ? – La science et l’astronomie chez Calvin », La Revue Réformée, n
Biographie [wiki]
Galilée (en italien : Galileo Galilei), né à Pise le 15 février 1564 et mort à Arcetri près de Florence le 8 janvier 1642, est un mathématicien, géomètre, physicien et astronome italien du xviie siècle.

Portrait de Galilée par Giusto Sustermans en 1636.
Parmi ses réalisations techniques, il a perfectionné et exploité la lunette astronomique, perfectionnement de la découverte hollandaise d’une lunette d’approche, pour procéder à des observations rapides et précoces qui ont bouleversé les fondements de l’astronomie. Cet homme de sciences s’est ainsi posé en défenseur de l’approche modélisatrice copernicienne de l’Univers, proposant d’adopter l’héliocentrisme et les mouvements satellitaires. Ses observations et généralisations se sont alors heurtées aux critiques des philosophes partisans d’Aristote (proposant un géocentrisme stable, une classification des corps et des êtres, un ordre immuable des éléments et une évolution réglée des substances et des scientifiques attachés au modèle de Ptolémée), ainsi qu’à une partie des théologiens de l’Église catholique romaine et des Églises protestantes. Galilée, qui ne disposait pas de preuves directes du mouvement terrestre, a parfois oublié la prudence qui lui était prônée par ses protecteurs religieux.
Dans son opus sur les comètes de 1623, il se fait le partisan de « l’écriture mathématique du livre de l’Univers ». Si Galilée n’a pas contribué à faire progresser l’algèbre, il a tout de même produit des travaux inédits et remarquables sur les suites, sur certaines courbes géométriques et sur la prise en compte des infiniment petits.
Par ses études et ses nombreuses expériences, parfois uniquement de pensée, sur l’équilibre et le mouvement des corps solides, notamment leur chute, leur translation rectiligne, leur inertie, ainsi que par la généralisation des mesures, en particulier du temps par l’isochronisme du pendule, et la résistance des matériaux, ce chercheur a posé les bases de la mécanique avec la cinématique et la dynamique. Il est considéré depuis 1680 comme le fondateur de la physique, qui s’est imposée comme la première des sciences exactes modernes.

Galilée face au tribunal de l’Inquisition romaine, par Cristiano Banti, 1857.
Le Dialogue et la condamnation de 1633
Dans les années 1620, après la censure de ses thèses, Galilée passe un mois à Rome où il est reçu plusieurs fois par le pape Urbain VIII qui a pour lui une grande amitié. Il lui expose le plan de l’étude commanditée par celui-ci Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, ouvrage devant présenter de façon neutre les avantages comme les inconvénients du système de Ptolémée et du système de Copernic. En effet, le pape qui apprécie Galilée ne veut pas qu’il fasse figurer des arguments peu convaincants notamment à propos de sa théorie sur les marées, conseil dont Galilée ne tiendra pas compte.
Jusqu’en 1631, Galilée consacre son temps à l’écriture du Dialogo qui sera le triomphe de ses idées et à tenter de les faire admettre par la censure. L’ouvrage est achevé d’imprimer en février 1632. Les yeux de Galilée commencent à le trahir en mars et avril.
Le 22 juin 1633, au couvent dominicain de Santa-Maria, la sentence est rendue :
« Il est paru à Florence un livre intitulé Dialogue des deux systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic dans lequel tu défends l’opinion de Copernic. Par sentence, nous déclarons que toi, Galilée, t’es rendu fort suspect d’hérésie, pour avoir tenu cette fausse doctrine du mouvement de la Terre et repos du Soleil. Conséquemment, avec un cœur sincère, il faut que tu abjures et maudisses devant nous ces erreurs et ces hérésies contraires à l’Église. Et afin que ta grande faute ne demeure impunie, nous ordonnons que ce Dialogue soit interdit par édit public, et que tu sois emprisonné dans les prisons du Saint-office. »
Sentence du Saint-office, 22 juin 1633.
Il prononce également la formule d’abjuration que le Saint-office avait préparée :
« Moi, Galileo, fils de feu Vincenzo Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j’ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l’aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église catholique et apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j’avais été condamné par injonction du Saint-office d’abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n’est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit ; et après avoir été averti que cette doctrine n’est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j’ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière ; ce pour quoi j’ai été tenu pour hautement suspect d’hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n’est pas le centre, et se meut. J’abjure et maudis d’un cœur sincère et d’une foi non feinte mes erreurs. »
Voir le texte complet : Texts from The Galileo Affair [archive] : A Documentary History, edited and translated by Maurice A. Finocchiaro.
Le fameux aparté attribué à Galilée E pur si muove! (ou Eppur si muove – « Et pourtant elle tourne ») est probablement apocryphe : cette rétractation l’aurait en effet immédiatement fait passer pour relaps aux yeux de l’Église et aurait pu lui faire risquer le bûcher, voire perdre tout espoir de commutation de sa peine.
La condamnation de Galilée est immédiatement commuée par le Pape en résidence surveillée. Le scientifique n’est donc jamais allé en prison et continue même à percevoir les revenus de deux bénéfices ecclésiastiques que le souverain pontife lui a octroyés. La deuxième sanction, la récitation des psaumes de la pénitence une fois par semaine pendant un an, sera effectuée par sa fille religieuse carmélite.
Postérité : de l’incompréhension des scientifiques au réexamen par l’Église
Le procès de Galilée, spécialement pour sa présentation jugée non neutre de l’ouvrage qui lui avait été commandé, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (1633), a eu des retombées considérables sur la méthode scientifique, tant la méthode expérimentale que théorique, mais aussi indirectement sur la philosophie et d’autres domaines de la pensée. En philosophie, on a vu ainsi apparaître des courants de pensée rationalistes (Descartes) et empiriques (voir Francis Bacon et Robert Boyle).
En 1728, James Bradley fut le premier à prouver scientifiquement, par l’explication qu’il donna à « l’aberration de la lumière », la rotation de la Terre autour du Soleil.
Le pape Benoît XIV autorisa les ouvrages sur l’héliocentrisme dans la première moitié du xviiie siècle, et ceci en deux temps :
- en 1741, devant la preuve optique de l’orbitation de la Terre faite par Bradley en 1728, il fit donner par le Saint-office l’imprimatur à la première édition des œuvres complètes de Galilée, avec cependant l’ajout du fait que le mouvement de la Terre est supposé. Ce geste constitua une révision implicite des sentences de 1616 et 1633, même si celles-ci ne furent pas abrogées ;
- en 1757, les ouvrages favorables à l’héliocentrisme furent à nouveau autorisés, par un décret de la Congrégation de l’Index, qui retira ces ouvrages du catalogue des livres interdits.
Dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, d’Alembert critique sévèrement l’Inquisition pour la condamnation de Galilée :
« Un tribunal devenu puissant dans le midi de l’Europe, dans les Indes, dans le Nouveau Monde, mais que la foi n’ordonne point de croire, ni la charité d’approuver, ou plutôt que la religion réprouve, quoique occupé par ses ministres, et dont la France n’a pu s’accoutumer encore à prononcer le nom sans effroi, condamna un célèbre astronome pour avoir soutenu le mouvement de la terre, et le déclara hérétique […]. C’est ainsi que l’abus de l’autorité spirituelle réunie à la temporelle forçait la raison au silence ; et peu s’en fallut qu’on ne défendît au genre humain de penser. »
D’Alembert, in Colette Le Lay, Jacques Gapaillard (dir.), Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mémoire de DEA d’histoire des sciences et des techniques, faculté des Sciences et des techniques de Nantes Centre François Viète, 1997, lire en ligne [archive], p. 21.
Dans l’article « Astronomie », l’Encyclopédie indique :
« Les opinions de Galilée lui attirèrent les censures de l’inquisition de Rome mais ces censures n’ont pas empêché qu’on ne l’ait regardé comme un des plus grands génies qui ait paru depuis longtemps. »
Colette Le Lay, Jacques Gapaillard (dir.), Les articles d’astronomie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mémoire de DEA d’histoire des sciences et des techniques, faculté des Sciences et des techniques de Nantes Centre François Viète, 1997, lire en ligne [archive], p. 13.
L’Église catholique a reconnu lors du concile Vatican II (1962-1965) que les interventions de certains chrétiens dans le domaine scientifique étaient indues, en mentionnant Galilée.
En 1979 et en 1981, Jean-Paul II, récemment élu, charge une commission d’étudier la controverse ptoléméo-copernicienne des xvie et xviie siècles et le procès de Galilée, nommant le cardinal Paul Poupard à la tête de cette commission. Il ne s’agit pas d’établir une réhabilitation, le tribunal qui a condamné Galilée n’existant plus, et la mise à l’Index étant levée depuis le xviiie siècle. Celle-ci est d’ailleurs implicite après les autorisations de l’édition des œuvres de Galilée données par Benoît XIV en 1741 et en 1757.
Le 31 octobre 1992, Jean-Paul II reconnaît, lors de son discours aux participants à la session plénière de l’Académie pontificale des sciences, les erreurs de « la plupart » des théologiens du xviie siècle dans l’affaire :
« Ainsi la science nouvelle, avec ses méthodes et la liberté de recherche qu’elle suppose, obligeait les théologiens à s’interroger sur leurs propres critères d’interprétation de l’Écriture. La plupart n’ont pas su le faire.
Paradoxalement, Galilée, croyant sincère, s’est montré plus perspicace sur ce point que ses adversaires théologiens. « Si l’écriture ne peut errer, écrit-il à Benedetto Castelli, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons ». On connaît aussi sa Lettre à Christine de Lorraine (1615) qui est comme un petit traité d’herméneutique biblique.
L’erreur des théologiens d’alors, quand ils soutenaient la centralité de la terre, fut de penser que notre connaissance de la structure du monde physique était, d’une certaine manière, imposée par le sens littéral de l’Écriture Sainte. »
Cardinal Paul Poupard, L’Affaire Galilée, éditions de Paris, p. 125-126.
Jean-Paul II souligne que le grand savant a eu une « intuition de physicien de génie » en comprenant pourquoi seul le Soleil pouvait avoir fonction de centre du monde, tel qu’il était alors connu, c’est-à-dire comme système planétaire.
En janvier 2008, 67 professeurs de l’université de Rome « La Sapienza », soutenus par des étudiants, s’en prennent à Benoît XVI, au point que ce dernier doit renoncer à participer à la cérémonie d’inauguration de l’année universitaire à laquelle il avait été convié. Ces professeurs lui reprochent sa position sur l’affaire Galilée telle qu’elle était apparue dans un discours prononcé par lui à Parme en 1990, dans lequel il s’appuie sur l’interprétation du philosophe des sciences Paul Feyerabend jugeant la position de l’Église d’alors plus rationnelle que celle de Galilée. Une manifestation en soutien du pape réunit 100 000 fidèles sur la place Saint-Pierre le 20 janvier 2008.
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