Au 14e siècle, Oxford était l’université la plus remarquable au monde et John Wyclif était son théologien et philosophe parmi les plus illustres. Les travailleurs de terrain de Wyclif (les lollards) ont aidé à préparer la voie à la réforme anglaise (au 16e siècle) en lisant, prêchant et chantant les Écritures en anglais dans les marchés, les champs et les maisons à travers le pays.
Sur la traduction de la Bible de John Wyclif à partir de la Vulgate on peut lire ceci :
La traduction de la Bible a été non seulement un élan spirituel, mais aussi une contribution décisive à la langue anglaise en perfectionnant sa structure et en enrichissant son vocabulaire. La grandeur et la pureté des doctrines véhiculaient une simplicité, une beauté, une précision et une puissance inconnues jusqu’alors. Wyclif a été appelé le père de la prose anglaise, tout comme Chaucer est reconnu comme le père de la poésie anglaise. Aucun homme de son époque n’a écrit autant que Wyclif. Son style était simple et clair et, bien qu’il ait écrit sur les sujets les plus profonds. On ne trouve dans ses œuvres aucune trace des puérilités et des subtilités que l’on trouve chez d’autres écrivains de son époque. Mais sa version de la Bible surpasse ses autres compositions en dignité, grâce et tendresse. Ce que Lechler en dit est intéressant : « La traduction de Wyclif marque une époque dans le développement de la langue anglaise comparable à celle marquée par la traduction de la Bible en allemand par Luther. »
https://fr.wycliffe.ch/histoire/john-wycliffe/
Encyclopédie du protestantisme :
L’œuvre de Wyclif est d’abord celle d’un philosophe : dans la controverse des universaux, il incarne le réalisme face au nominalisme.
Ensuite, comme théologien ses thèses sont les suivantes :
– l’Église est la communauté invisible des prédestinés au salut, hors de tous liens avec l’institution pontificale ; il critique violemment le Grand Schisme d’Occident qui déchire la papauté entre Rome et Avignon dès 1378.
– affirmation de l’autorité de l’Écriture qui doit être mise à la portée de tous ;
– il admet la présence réelle mais dénonce la doctrine de la transsubstantiation ;
– il condamne l’esclavage et préconise la mise en communs des biens matériels.
Considéré comme un précurseur de la Réformation, J. Wyclif n’aura qu’une influence indirecte sur les réformateurs. Certaines de ses oeuvres sont encore inédites.
Durant quelques années, il multiplie les provocations (légitimes ! ) – traduction du Vulgate, répudiation de la doctrine de la transsubstantiation – si bien qu’en 1382, Guillaume Courtenay, l’ancien évêque de Londres devenu archevêque de Canterbury, rassemble un tribunal ecclésiastique, qui décide d’expulser John Wyclif d’Oxford. Il est condamné à titre posthume au concile de Constance en 1415.
Article sur le site braham.org :
Bien que bon nombre de gens considèrent Martin Luther comme l’auteur de la Réforme protestante, les idées que Luther soutenait trouvent leurs origines deux siècles plus tôt, chez un Anglais surnommé « l’étoile du matin de la réforme », John Wycliffe (1320-1384).
Né 150 ans avant Martin Luther, Wycliffe a amorcé un mouvement qui a posé les assises pour la Réforme protestante, qui se répandrait presque partout à travers l’Europe au fil du 16e et 17e siècles. Le point central de ses enseignements remettait en question l’autorité ultime : était-ce l’Église ou la Parole de Dieu. Il ne faisait preuve d’aucune retenue lorsqu’il attaquait les erreurs de l’organisation hiérarchique de l’Église romaine, ainsi que la corruption qui infestait leur clergé. À cause de cette prise de position, Rome avait Wycliffe dans le collimateur jusqu’à la fin de ses jours.
En 1378, il a clairement pris position en écrivant, La Vérité des Saintes Écritures. Le point central de cet ouvrage était que l’Écriture est la révélation complète de Dieu, et l’autorité absolue, au-delà des traditions, du droit canon, des papes, des conciles, et de toute chose terrestre. Il croyait aussi que la Parole devait être accessible à tous les laïques, comme au clergé. C’est de cette conviction qu’est issue la Bible Wycliffe, traduite du latin, en anglais.
Grâce aux efforts de Wycliffe, la Bible en latin a été traduite en anglais (elle n’a pas été imprimée en grande quantité étant donné que la presse typographique n’avait pas encore été inventée), et les exemplaires circulaient partout. (…) Les gens du peuple, peu instruits, ne parlaient pas le latin, et devaient donc se fier à l’interprétation des prêtres.
Les groupes de gens qui avaient des exemplaires de la Bible Wycliffe, et qui tiraient leurs prédications de celle-ci, étaient appelés des lollards. C’était un terme péjoratif à l’époque (…) qui signifiait « marmoneurs ». Un grand nombre d’entre eux ont été brûlés avec leur copie attachée autour du cou. Comme Shadrach, Méshach, et Abed-Nego, ces vaillants martyrs sont allés dans le feu à cause de la Parole.
Les Bibles des lollards ont été copiées en un grand nombre d’exemplaires, et distribuées partout au pays (…) il y a, à ce jour, plus d’exemplaires de cette Bible que de n’importe quel autre manuscrit de l’époque médiévale (230 copies).
La Bible de Wycliffe n’était pas aussi bonne qu’elle aurait pu l’être, car elle a été traduite du latin, plutôt que de l’original en grec et en hébreux… Néanmoins, le travail de Wycliffe a tracé le chemin pour la traduction de Tyndale (en anglais) et de Luther (en allemand). Ces deux traductions sont basées sur les écrits originaux, et elles sont encore utilisées aujourd’hui. De 1604 à 1611, l’équipe de traduction du Roi Jacques (King James – en anglais) s’est beaucoup fiée à la traduction de Tyndale pour créer la Bible King James.
À cause de sa popularité, et par crainte du peuple, l’église a attendu 40 ans avant de déterrer les ossements de Wycliffe pour les brûler et répandre ses cendres dans un cours d’eau voisin – le fleuve Swift. Il était aussi interdit, sous peine de mort, de détenir une copie de la Bible Wycliffe. Cependant, cela n’a pas eu d’effet sur l’influence de Wycliffe, ni sur les événements qui avaient été mis en branle en Europe. L’auteur, John Foxe, l’a dit en ces mots dans son livre des martyrs :
« Bien qu’ils aient déterré son corps, brûlé ses os et noyé ses cendres, la Parole de Dieu et la vérité de sa doctrine, ainsi que le fruit et le succès qui en découlèrent, ne pouvaient être incinérées; encore aujourd’hui, elles demeurent. »
Foxes Book of Martyrs
Wikipedia (extraits) :
John Wyclif (ou Wycliff, Wycliffe, ou encore Jean de Wiclef) (v. 1330-1384) est un théologien anglais et précurseur de la Réforme anglaise, et plus généralement de la Réforme protestante.
Principaux écrits :
- Postilla super totam Bibliam (v.1370/71 – v.1375/76), commentaire sur l’ensemble de la Bible ; il s’agit d’un ensemble de manuscrits dont une partie a été perdue (notamment les commentaires sur le Pentateuque et le Livre des Proverbes)2 ;
- Summa theologiae, ensemble de textes rassemblés en 12 livres au début de la carrière de Wyclif et couvrant une grande partie de ses principaux écrits théologiques2 ;
- De mandatis divinis (1373/74) ;
- De statu innocenciae (1373/1374) ;
- De Dominio divino (1375) ;
- De officio regis ;
- De civili dominio (1376/78), dont il défend ensuite les thèses dans une Protestatio / Declarationes en réponse à leur condamnation par le pape Grégoire XI12 ;
- De veritate sacrae scripturae (1378), où il insiste sur sa conception de la Bible comme seule et ultime source de la doctrine chrétienne2 ;
- De potestae papae (1379) ;
- De eucharistia (1380/81) ;
- Dialogus ;
- Trialogus (1383), revue générale de ses opinions sur divers sujets ; condamné avec le Dialogus en 1412 ;
- Opus evangelicum, son dernier ouvrage.
Les avis divergent sur la traduction de la Bible par Wyclif. Il a été un fervent partisan de sa traduction du latin en langue vernaculaire, afin qu’elle soit lue directement par les fidèles, mais un tel travail de traduction et de révision semble incompatible avec ses autres activités2. Une traduction a pourtant bien eu lieu, qui a donné deux versions différentes de la Bible en anglais, toutes deux publiées après sa mort : il se peut donc qu’il ait commencé lui-même la traduction à la fin de sa vie, ses disciples se chargeant de l’achever15, ou qu’il y ait tout au moins participé.
Postérité :
Après la mort de Wyclif, son enseignement se répand rapidement. La traduction de la Bible qui porte son nom paraît en 1388, et elle est largement diffusée par ses disciples, les Lollards. Enfin, les œuvres de Wyclif influencent fortement le réformateur tchèque Jan Hus et les anabaptistes. Martin Luther reconnaîtra également sa dette à l’égard de Wyclif.
Il est parfois surnommé « l’Étoile du Matin » par les protestants, car il posa les premières bases théoriques du protestantisme plus de cent ans avant que celui-ci ne prenne corps.
Musée du protestantisme :
Né dans une famille de petite noblesse du Yorkshire, John Wyclif fait de brillantes études à Oxford, scientifiques d’abord puis théologiques et il devient docteur en 1372. Il est professeur à Oxford puis entre au service du roi d’Angleterre.
À partir de 1374, il publie par fascicules une véritable somme théologique dans laquelle il expose sa doctrine :
- la hiérarchie ecclésiastique : la véritable Église est l’Église invisible des chrétiens en état de grâce. S’ils sont en état de péché mortel, les membres de la hiérarchie, et le pape lui-même, en sont exclus. Wyclif préconise même le tirage au sort de la dignité pontificale.
- la Bible est l’autorité suprême.
- les indulgences : un péché ne peut être pardonné sans qu’il y ait expiation et c’est Dieu seul qui pardonne.
- en revanche, Wyclif maintient le dogme de la présence réelle du Christ dans la communion.
On reproche à Wyclif de semer le désordre social. Sa doctrine est condamnée en 1382 par trois synodes tenus à Londres par les dominicains, mais lui-même n’est pas excommunié.
Ses idées se répandent partout grâce aux lollards
Wyclif envoie de sa propre autorité ses disciples prêcher dans le royaume d’Angleterre ; ils sont appelés «lollards». Ceux-ci sont largement écoutés.
Leurs prédications contribuent, dans le Sussex et le Kent, à une révolte des paysans qui, massacrant nobles et clercs, envahissent Londres en 1381. Cette révolte est durement réprimée.
Leurs « Douze Conclusions » (1395) condamnent l’Église établie, les sacrements, les prières pour les morts, la confession. Les lollards veulent la pratique d’une foi simple et « évangélique » : tout homme doit avoir le libre accès aux Écritures dans sa propre langue. On doit aux lollards deux traductions de la Bible en anglais.
En 1401 un décret anglais condamne les hérétiques lollards au bûcher.
Une influence posthume
Les idées de Wyclif ont un rayonnement considérable en Angleterre et hors d’Angleterre, particulièrement à Prague et dans toute l’Europe centrale, où elles inspirent Jan Hus.
Longtemps après sa mort, le concile de Constance en 1415 le condamne comme hérétique. En 1428, ses ossements sont déterrés, brûlés et jetés dans la rivière Swift.
Le mouvement lollard annonce certaines idées de la Réforme et dispose favorablement l’opinion à accueillir la séparation de l’Église d’Angleterre d’avec Rome, décidée par Henri VIII en 1534.
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