Fiducia Supplicans ?

Comment réagir face à la récente déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi Fudicia Supplicans1 au sujet de la bénédiction des couples homosexuels ?

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C’est peut-être d’abord l’occasion ‒ une parmi tant d’autres, hélas ! ‒ de se rendre compte du clivage qui existe bel et bien entre la Foi chrétienne historique et biblique et ses contrefaçons, ses altérations, ses déviations plus ou moins prononcées, plus ou moins profondes.

L’occasion aussi de réaliser à quel point le clivage passe aujourd’hui davantage au sein même de chaque confession plutôt que d’une confession à l’autre.

Protestants et catholiques2, ceux qui restent attachés à la vérité de la Parole de Dieu et de la Tradition multiséculaires de l’Église ‒ et fort heureusement, il y en a encore beaucoup ! ‒, se retrouvent sur les mêmes champs de bataille, pour défendre le caractère inaliénable, inaltérable et contraignant de la Loi de Dieu.

Revenons aux fondamentaux et à ce que l’Église ne doit jamais perdre de vue, ne jamais oublier, sous peine de sombrer dans les illusions et le mensonge, les mythes, les espérances trompeuses.

L’Église ne doit jamais oublier, pour commencer, que l’anthropologie chrétienne est, et a toujours été de type « anormaliste ». L’Église enseigne la corruption de la nature humaine à la suite du péché originel. L’homme n’est pas naturellement bon, et tous ses « penchants », aussi naturels qu’ils puissent paraître, ne sont pas nécessairement conformes au dessein du Créateur, à la volonté de Dieu, à sa Loi, et par conséquent, à ce qui est bon pour lui. L’Évangile nous appelle à devenir de nouvelles créatures (2 Corinthiens 5.17), en marchant d’une manière digne de Dieu, pour reprendre les mots de l’apôtre Paul (Colossiens 1.10).

L’Église ne doit jamais oublier non plus que l’Évangile et la Loi sont inséparables, ils sont comme l’avers et le revers d’une médaille : ils sont inextricablement liés.

Aussi, l’annonce de l’Évangile de la grâce et du pardon doit-elle toujours se conjuguer avec celle des exigences de la Loi de Dieu : le sage qui construit sa maison sur le roc (Matthieu 7), c’est celui qui ne se contente pas d’écouter, mais qui met en pratique la Parole ; la maison sur le sable, c’est l’Évangile sans la Loi… La grâce à bon marché, pour reprendre l’expression du pasteur Dietrich Bonhoeffer, c’est l’Évangile sans la repentance.

« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » dit le Christ (Jean 14.15) !

Mais alors qu’est-ce que le bien, et qu’est-ce que le mal, nous répondra-t-on peut-être ? Comment savoir si l’Église est sur la bonne voie en matière de mœurs, de morale, d’éthique, et si elle prend les bonnes décisions ? A partir de quel moment est-on en droit de considérer qu’elle est entrain de s’égarer, de se fourvoyer, et de perdre de vue sa vocation de sel de la terre et de lumière du monde (Matthieu 5) ?

Rien n’est plus simple en un sens : Le bien c’est ce que Dieu commande et le mal ce qu’il défend.

Ce que Dieu commande dans sa Parole, dans sa Loi, c’est ce qui doit être, c’est ce que l’Église doit enseigner au monde. Le péché, au contraire, c’est la transgression de la Loi de Dieu. Et c’est ce qui nous sépare de Dieu, notre souverain bien. Il y a des interdictions dans la Bible, des limites à ne pas dépasser, sous peine de passer à côté de notre vocation, et à côté du véritable bonheur, de notre fin ultime.

N’allez pas penser pour autant que le christianisme authentique soit une religion rigoriste et légaliste, bourrée de restrictions en tout genres : dans le jardin d’Éden, tous les arbres étaient bons à manger sauf un, l’arbre de la connaissance du bien et du mal… Les dix commandements, les dix paroles de l’Alliance plus exactement, nous montrent le chemin, dix commandements, comme garde-fou, pour nous garder du mal, et nous montrer la voie, dix exigences avec leurs interdits, mais pour combien de manières différentes de faire le bien ? Dix commandements que Jésus résume d’ailleurs dans cette seule parole : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être, et ton prochain comme toi-même » (Marc 12.28ss) !

Le Christ nous invite à une vraie liberté, liberté qui consiste à aimer, tout en se gardant de tout ce qui est contraire à l’amour, c’est-à-dire contraire à sa Loi.

Il n’appartient à personne de bénir ce que Dieu ne bénit pas. Point fini !

« La vérité est, bien sûr, que la dureté des Dix Commandements est une évidence, pas de la morosité et de l’étroitesse d’une religion, mais, au contraire, de sa libéralité et de son humanité.

Il est plus court d’énoncer les choses interdites que les choses autorisées : précisément parce que la plupart des choses sont permises, et que peu de choses sont interdites. »

GK Chesterton

Pasteur Vincent Bru

  1. « Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe », affirme ainsi le dicastère pour la doctrine de la foi, dans une déclaration d’une dizaine de pages intitulée « Fiducia supplicans » (« La confiance suppliante »), sur la signification pastorale des bénédictions, approuvée par le pape François et diffusée par le Vatican en cinq langues, dont le français. Cette bénédiction, insistent les auteurs du document, peut être pratiquée à condition de « ne pas créer de confusion avec la bénédiction du mariage ». ↩︎
  2. A ce titre, les évêques africains, avec à leur tête le Cardinal Sarah, me semblent être parmi ceux qui ont le mieux su réagir, et nous montrer la voie, ainsi que d’autres en France et dans le monde. ↩︎

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