Bataille de la Montagne Blanche

Le 8 novembre 1620 : la bataille de la Montagne Blanche

Le 8 novembre 1620 : la bataille de la Montagne Blanche, près de Prague. C’est l’une des premières et des plus importantes batailles de la guerre de Trente Ans. Les troupes de la Ligue catholique y écrasent l’armée bohémienne du roi Frédéric V (calviniste, « roi d’un hiver »), ce qui met fin à la révolte bohémienne et porte un coup sévère aux Églises réformées en Europe centrale.

Description

Le 8 novembre 1620, la bataille de la Montagne Blanche (près de Prague) marque un tournant dramatique pour le monde réformé européen. Les armées de la Ligue catholique, soutenues par les Habsbourg, écrasent les forces protestantes bohémiennes dirigées par le roi Frédéric V du Palatinat, surnommé le « roi d’un hiver ». Les protestants perdent 5 000 hommes sur les 21 000 engagés dans la bataille. Cette défaite entraîne la répression du protestantisme en Bohême, l’exil massif de pasteurs et de fidèles, et le renforcement du pouvoir catholique dans l’Empire. C’est le début d’une longue période de persécutions, mais aussi d’un approfondissement spirituel du monde réformé, qui apprend à confesser la foi sous la croix.

Apport pour la théologie réformée

La Montagne Blanche rappelle que la foi réformée n’est pas d’abord une puissance politique, mais une confession spirituelle. Frédéric V et ses partisans croyaient à la possibilité d’un royaume protestant terrestre ; leur chute oblige les Églises réformées à se recentrer sur la souveraineté de Dieu, la fidélité dans l’épreuve et l’espérance du Royaume éternel. Cette défaite nourrit la théologie du règne spirituel du Christ, chère à Calvin, et inspire plus tard la piété des communautés persécutées, notamment dans les Pays-Bas, en France (Églises du Désert), et dans les cantons suisses solidaires des exilés.

Citations et méditations

1. Frédéric V du Palatinat (lettre à sa femme, 1620)

« Dieu m’a donné un royaume, Dieu me l’a ôté ; que son saint nom soit béni. »
— Témoignage d’humilité et de foi dans la Providence, rappelant la parole de Job (Job 1.21). Frédéric V reconnaît que le règne appartient à Dieu seul, non aux ambitions humaines.

2. Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne (IV, 20, 1)

« Le Royaume du Christ est spirituel, afin que nous sachions qu’il n’est pas du monde, et que, néanmoins, il régit les consciences plus puissamment que les sceptres des rois. »
— Cette citation éclaire le sens spirituel de la défaite : la vraie victoire n’est pas politique, mais celle de la fidélité à l’Évangile.

3. Théodore de Bèze (épître aux Réformés de France, 1562)

« La croix est l’école de Dieu, où il instruit ses enfants à mieux le connaître et à espérer contre toute espérance. »
— La Montagne Blanche devient ainsi une « école de la croix », où la théologie réformée apprend à vivre la foi au cœur de l’épreuve.

4. Confession de foi de La Rochelle (1559, art. 25)

« Nous croyons que, bien que les puissances du monde s’élèvent contre Dieu, il gouverne toutes choses selon son conseil éternel pour le salut de ses élus. »
— Cette confession réformée exprime la conviction centrale que Dieu dirige même les défaites apparentes vers son dessein souverain.

5. Psaume 46 (traduction de Marot, chanté par les Réformés en exil)

« Dieu est pour nous un sûr refuge, un appui ferme et assuré ; quand la terre serait émue, nous ne craignons point. »
— Ce psaume, chanté par les exilés après 1620, symbolise la résistance spirituelle du peuple réformé : Dieu demeure leur forteresse.

Prière du 8 novembre – Sous la croix du Roi

Seigneur notre Dieu,
toi qui règnes au-dessus des royaumes de la terre,
tu abaisses les orgueilleux et relèves les humbles.
En ce jour, nous nous souvenons des frères et sœurs
qui ont connu la défaite à la Montagne Blanche,
et dont la foi fut éprouvée par le feu.

Tu as permis que leurs couronnes terrestres tombent,
afin qu’ils découvrent la gloire du Royaume qui ne passe pas.
Apprends-nous à ne pas chercher la victoire dans la puissance,
mais dans la fidélité à ton Christ crucifié.
Fais de ton Église un peuple patient dans la tribulation,
ferme dans la confession, joyeux dans l’espérance.

Que ton Esprit nous garde constants dans la prière,
courageux dans l’épreuve,
et confiants dans ta souveraine Providence.
Car à toi seul appartiennent le règne, la puissance et la gloire,
par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen.


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