Le premier dimanche de l’Avent ouvre l’année liturgique sous le signe de la lumière qui se lève au cœur de la nuit. Loin de se réduire à une préparation sentimentale de Noël, l’Avent est dans sa source la plus profonde une attente : celle du retour du Christ, de sa venue glorieuse, de la Parousie qui apportera justice, paix et restauration. Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à lever la tête, à veiller, à demeurer sobres et vigilants, car notre délivrance approche. Ils orientent notre foi vers la promesse que Dieu accomplit sa Parole, qu’il fait germer la justice, et qu’il affermit son peuple dans l’espérance.
Sommaire
- Les textes bibliques du jour : Jérémie 33.14-16 ; Psaume 25 ; 1 Thessaloniciens 3.12 – 4.2 ; Luc 21.25-36.
- Signification des couleurs liturgiques (violet, etc.)
- Exégèse détaillées
- Prédication : L’Avent comme appel à la vigilance et à l’espérance.
- Culte réformé complet : prières, liturgie, lectures et chants.
Lectures de la Bible
1re lecture : Jérémie 33, 14-16 Le prophète annonce la venue d’un « germe juste » issu de David, qui fera régner justice et sécurité. C’est le texte classique d’ouverture de l’Avent : Dieu va tenir sa promesse.
Psaume : Ps 25 (24), 4-5, 8-9, 10.14 « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme… Montre-moi tes chemins. »
2e lecture : 1 Thessaloniciens 3, 12 – 4, 2 Saint Paul souhaite que l’amour des chrétiens grandisse et que leur cœur soit affermi pour être saints au jour de la venue du Seigneur.
Évangile : Luc 21, 25-28.34-36 Jésus annonce les signes cosmiques terrifiants de la fin des temps, puis conclut : « Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » Il invite à veiller et à prier pour être prêts quand le Fils de l’homme viendra.
Résumé du message du jour
L’Avent commence par un appel à l’espérance et à la vigilance :
- Dieu tient toujours ses promesses (Jérémie).
- Le Christ va revenir de manière glorieuse et définitive (Luc).
- En attendant, nous sommes invités à vivre dans l’amour et la sainteté (Paul).
- L’Avent n’est donc pas seulement la préparation de Noël, mais d’abord la préparation à la seconde venue du Christ.
C’est pour ça que le 1er dimanche de l’Avent a souvent un ton un peu « apocalyptique » : on commence l’année liturgique en regardant vers la fin des temps, avant de revenir ensuite à la naissance de Jésus.
Textes (Bible à La Colombe)
1ʳᵉ lecture : Jérémie 33.14-16
14 Voici, des jours viennent, déclare l’Éternel, où j’accomplirai la bonne parole que j’ai prononcée au sujet de la maison d’Israël et de la maison de Juda. 15 En ces jours et en ce temps-là, je ferai germer à David un germe de justice ; il exercera le droit et la justice dans le pays. 16 En ces jours-là, Juda sera sauvé et Jérusalem habitera en sécurité. Voici le nom dont on l’appellera : L’Éternel notre justice.
Psaume 25.4-5, 8-9, 10, 14
4 Éternel, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. 5 Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi, car tu es le Dieu de mon salut ; c’est toi que j’attends tout le jour.
8 Bon et droit est l’Éternel ; c’est pourquoi il indique aux pécheurs la voie. 9 Il fait marcher les humbles selon la justice, il enseigne aux humbles sa voie.
10 Tous les sentiers de l’Éternel sont grâce et fidélité pour ceux qui gardent son alliance et ses témoignages.
14 L’amitié de l’Éternel est pour ceux qui le craignent ; il leur fait connaître son alliance.
2ᵉ lecture : 1 Thessaloniciens 3.12 – 4.2
3.12 Que le Seigneur vous fasse croître et abonder en amour les uns envers les autres et envers tous, comme nous abondons nous-mêmes en amour envers vous, 13 afin qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient irréprochables dans la sainteté devant Dieu notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints !
4.1 Au reste, frères, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà ; nous vous prions donc et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de progresser encore. 2 Vous savez en effet quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus.
Évangile : Luc 21.25-28, 34-36
25 Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Et sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le bruit de la mer et des flots. 26 Des hommes rendront l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra sur la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire. 28 Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre délivrance approche.
34 Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par l’intempérie, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste. 35 Car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre. 36 Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme.
Couleur liturgique
La couleur liturgique du 1er dimanche de l’Avent est le violet (ou pourpre).
C’est la même couleur que pendant le Carême : elle symbolise l’attente, la conversion, la pénitence et l’espérance.
Petites précisions selon les traditions :
- Catholique : violet obligatoire (sauf dans certains diocèses où l’on autorise le bleu sarcelle ou « bleu Avent » depuis quelques années, mais c’est encore minoritaire en France).
- Protestant/luthérien : presque toujours le violet aussi (même si certaines Églises réformées utilisent parfois le bleu pour bien marquer la différence avec le Carême).
- Anglican haut-church : souvent le bleu sarcelle (« Sarum blue »).
Donc en France, que tu ailles à la messe catholique ou au culte protestant le 30 novembre 2025, tu verras très majoritairement du violet sur l’autel et à l’ambon (et l’étole du pasteur ou du prêtre sera violette).
Symbolisme détaillé du violet (ou pourpre) liturgique
Le violet est la couleur la plus « parlante » du calendrier liturgique chrétien. Elle n’est utilisée que deux fois dans l’année : pendant l’Avent et pendant le Carême (et aux offices des défunts). Son symbolisme est très riche et se déploie sur plusieurs niveaux.
1. Sens historique et matériel : la pourpre des rois et des empereurs
- Dans l’Antiquité (Empire romain, monde byzantin), la vraie pourpre (obtenue à partir du murex, un coquillage) était l’un des produits les plus coûteux au monde : plus cher que l’or.
- Seuls l’empereur, les hauts dignitaires et les généraux vainqueurs pouvaient la porter.
- Porter ou offrir de la pourpre = reconnaître quelqu’un comme roi ou comme quelqu’un d’infiniment précieux.
- Le Christ est moqué comme « Roi des Juifs » avec un manteau de pourpre (Mc 15,17 ; Jn 19,2-5) → le violet liturgique reprend paradoxalement ce manteau de dérision et le transforme en manteau de royauté véritable.
2. Sens spirituel principal : l’attente ardente et la conversion
- Le violet dit : « Quelqu’un d’infiniment grand vient. Prépare-toi, change de vie, fais-lui de la place. »
- C’est la couleur de l’attente royale : on attend le Roi qui vient (Avent) ou on se prépare à suivre le Roi jusqu’au bout (Carême → Passion).
- Contrairement au blanc (joie accomplie) ou au rouge (feu et sang), le violet est une couleur « en tension » : on n’est pas encore arrivé, il y a encore un chemin de conversion.
3. Les trois dimensions du violet dans l’Avent
A) Attente du Roi Le violet rappelle que nous attendons le retour glorieux du Christ-Roi à la fin des temps (thème du 1er dimanche de l’Avent).
B) Pénitence joyeuse L’Avent ancien (Ve-VIIIe siècles) était un vrai temps de jeûne et de pénitence presque aussi austère que le Carême (on l’appelait parfois « le Carême de saint Martin »). Le violet garde la trace de cette sobriété : on se dépouille pour mieux accueillir.
C) Espérance dans la nuit Le violet est une couleur sombre, mais qui contient du rouge (sang, feu) et du bleu (ciel, éternité). → C’est la couleur de l’aube avant le lever du soleil : il fait encore nuit, mais la lumière vient. → C’est la couleur du peuple qui marche dans les ténèbres et qui voit se lever une grande lumière (Isaïe 9,1).
4. Comparaison avec les autres couleurs
| Couleur | Moment | Message principal |
|---|---|---|
| Violet | Avent & Carême | « Le Roi vient : convertis-toi et espère » |
| Rose | 3ᵉ dim. Carême (Lætare) & 4ᵉ dim. Avent (Gaudete) | « Réjouis-toi, nous sommes à mi-chemin ! » |
| Blanc | Noël & Pâques | « Il est là, la joie est accomplie » |
| Rouge | Passion & martyrs | « Amour jusqu’au sang » |
| Vert | Temps ordinaire | « Croissance tranquille dans la grâce » |
5. Petite nuance actuelle
Depuis les années 1970-1980, certains milieux (surtout anglo-saxons et allemands) ont voulu marquer la différence entre l’Avent (attente joyeuse) et le Carême (pénitence plus austère) en introduisant le bleu sarcelle ou « bleu Avent ». Mais en France, dans la très grande majorité des paroisses catholiques et protestantes, on reste fidèle au violet traditionnel, qui porte toute cette richesse symbolique.
En résumé : quand tu vois du violet, l’Église te dit en une seule couleur : « Le Roi des rois vient. Il est déjà en route. Change de vie, ouvre-lui grand la porte de ton cœur, et espère : l’aube est proche. »
Exégèse
Voici une exégèse courte, claire et fidèle des trois lectures du 1er dimanche de l’Avent (30 novembre 2025), en suivant la Bible à la Colombe.
1. Jérémie 33.14-16 – « Je ferai germer à David un germe de justice »
Contexte historique Jérusalem est détruite (587 av. J.-C.), le Temple rasé, la dynastie de David brisée, le peuple en exil à Babylone. Tout semble fini. C’est dans ce désespoir total que Jérémie prononce cette parole (chap. 33 = « livre de la consolation »).
Points clés
- V. 14 : « des jours viennent » → formule typique d’espérance messianique.
- V. 15 : « un germe de justice » (tsémaḥ tsaddiq) → le même mot « germe » est utilisé en Zacharie 3,8 et 6,12 pour désigner le Messie. Les chrétiens y ont toujours vu une prophétie directe de Jésus, descendant de David (Mt 1 ; Lc 1).
- V. 16 : Jérusalem sera appelée « L’Éternel notre justice » (YHWH tsidqênou). → Double miracle : la ville pécheresse devient « justice de Dieu » parce que le Messie lui-même est la justice même et qu’il habite en elle.
Lien avec l’Avent Ce texte ouvre l’Avent en disant : même quand tout est mort, Dieu fait pousser la vie là où il n’y a plus rien. L’espérance n’est pas fondée sur nos mérites ou la situation présente, mais sur la parole fidèle de Dieu. C’est la première bougie allumée dans la nuit de l’histoire.
2. Psaume 25 (24 Bibles catholiques) – « Fais-moi connaître tes voies »
Type de psaume : psaume alphabétique (acrostiche) d’un pauvre qui se remet totalement entre les mains de Dieu.
Versets retenus et sens
- V. 4-5 → prière de l’Avent par excellence : « Enseigne-moi tes chemins ». On ne sait pas encore tout à fait qui va venir ni comment, mais on veut déjà marcher droit pour l’accueillir.
- V. 8-9 → Dieu est « bon et droit » : il ne demande pas la perfection pour nous instruire, il instruit les humbles et les pécheurs.
- V. 10 → « grâce et fidélité » (ḥesed we-’emet) : les deux mots les plus forts de l’alliance. Dieu reste fidèle même quand nous ne le sommes pas.
- V. 14 → « l’amitié (sôd) de l’Éternel » : intimité secrète réservée à ceux qui le craignent. En Avent, on passe de la crainte à l’amitié : Dieu va se faire petit enfant pour nous parler de très près.
Message Je suis pécheur, je ne connais pas la route, mais je sais que tu es fidèle → apprends-moi à t’attendre et à marcher vers toi.
3. 1 Thessaloniciens 3.12 – 4.2 – « Que le Seigneur vous fasse croître en amour »
Contexte Première lettre écrite du Nouveau Testament (vers 50-51). Les Thessaloniciens vivent dans l’attente brûlante et proche du retour du Christ (la parousie). Certains sont morts, d’autres ont peur d’être surpris.
Structure du passage
- 3.12-13 → prière de Paul :
- Croissance de l’amour fraternel et universel.
- Conséquence : cœurs affermis → « irréprochables dans la sainteté » au jour du retour du Seigneur. → L’amour est la seule vraie préparation à la venue du Christ.
- 4.1-2 → exhortation concrète : « progressez encore ». La sainteté n’est jamais acquise ; l’Avent est un temps de progression, pas de stagnation.
Point théologique fort Le critère du jugement dernier ne sera pas d’abord « ai-je assez prié ? » ou « ai-je bien jeûné ? », mais : « est-ce que mon cœur est devenu plus large, plus aimant ? » L’amour est la preuve que le germe de justice (Jérémie) a déjà commencé à pousser en nous.
Exégèse détaillée
Luc 21.25-28 – Les signes cosmiques et la venue du Fils de l’homme
| Verset | Texte grec (NA28) | Traduction Colombe | Exégèse précise |
|---|---|---|---|
| 25a | Καὶ ἔσονται σημεῖα ἐν ἡλίῳ καὶ σελήνῃ καὶ ἄστροις | Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles | σημεῖα = « signes » (pas forcément catastrophes, mais signes qui parlent). Luc évite le mot plus apocalyptique « terreurs » (φόβητρα) qu’on trouve chez Marc 13, il garde un ton plus « révélation » que « terreur ». |
| 25b | καὶ ἐπὶ τῆς γῆς συνοχὴ ἐθνῶν ἐν ἀπορίᾳ ἤχους θαλάσσης καὶ σάλου | Et sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, épouvantées par le bruit de la mer et des flots | συνοχή = « étau, oppression » (même racine que « angoisse » cardiaque). ἀπορία = « absence de passage, impasse ». ἤχους… σάλου = onomatopée : le grondement et le ressac deviennent insupportables. |
| 26 | ἀποψυχόντων ἀνθρώπων ἀπὸ φόβου καὶ προσδοκίας τῶν ἐπερχομένων τῇ οἰκουμένῃ· αἱ γὰρ δυνάμεις τῶν οὐρανῶν σαλευθήσονται | Des hommes rendront l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra sur la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées | ἀποψύχειν = litt. « expirer, rendre l’âme » (terme médical : arrêt cardiaque de peur). δυνάμεις τῶν οὐρανῶν = les « puissances » (anges ou astres qui régissent l’ordre cosmique) vacillent. Tout l’univers est déréglé. |
| 27 | καὶ τότε ὄψονται τὸν υἱὸν τοῦ ἀνθρώπου ἐρχόμενον ἐν νεφέλῃ μετὰ δυνάμεως καὶ δόξης πολλῆς | Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire | ὄψονται = futur moyen : « ils verront de leurs yeux » (tous, même ceux qui l’ont percé, cf. Za 12,10). ἐν νεφέλῃ (singulier) = la nuée divine unique de l’Ancien Testament (Ex 13,21 ; Dn 7,13). Luc ajoute « une » (Marc et Matthieu ont « des nuées »). |
| 28 | ἀρχομένων δὲ τούτων γίνεσθαι ἀνακύψατε καὶ ἐπάρατε τὰς κεφαλὰς ὑμῶν, διότι ἐγγίζει ἡ ἀπολύτρωσις ὑμῶν | Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre délivrance approche | ἀνακύψατε (impératif aoriste) = « redressez-vous d’un coup » (comme quelqu’un qui était courbé sous le poids). ἐπάρατε τὰς κεφαλὰς = geste de la liberté retrouvée (cf. esclaves affranchis). ἀπολύτρωσις = rançon payée → libération définitive, pas simple « rédemption » abstraite. |
Résumé théologique des v. 25-28 Le monde entier est pris dans une crise cosmique et existentielle qui atteint son paroxysme. Au moment exact où tout semble perdu, le Fils de l’homme apparaît – non comme un juge lointain, mais comme le libérateur qui vient chercher les siens. Le même événement qui fait mourir de peur les uns fait lever la tête des autres.
Luc 21.34-36 – L’exhortation à la vigilance
| Verset | Texte grec | Traduction Colombe | Exégèse précise |
|---|---|---|---|
| 34 | Προσέχετε δὲ ἑαυτοῖς μήποτε βαρηθῶσιν ὑμῶν αἱ καρδίαι ἐν κραιπάλῃ καὶ μέθῃ καὶ μερίμναις βιωτικαῖς | Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par l’intempérie, l’ivresse et les soucis de la vie | βαρηθῶσιν = « ne soient alourdis » (comme un estomac trop plein). κραιπάλη = gueule de bois, excès de table (terme rare dans la Bible). μέθῃ = ivrognerie. μερίμναις βιωτικαῖς = soucis quotidiens (même mot qu’en Lc 8,14 ou Mt 6,25-34). Les trois ensemble forment la « sainte trinité » de l’endormissement spirituel. |
| 35 | καὶ ἐπιστῇ ἐφ’ ὑμᾶς αἰφνίδιος ἡ ἡμέρα ἐκείνη· ὡς παγίς γὰρ ἐπελεύσεται ἐπὶ πάντας τοὺς καθημένους ἐπὶ πρόσωπον πάσης τῆς γῆς | et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste. Car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent la surface de toute la terre | αἰφνίδιος = « soudain, à l’improviste » (même mot qu’en 1 Th 5,3). παγίς = piège de chasseur (le filet qui tombe d’un coup). Le jour n’est pas seulement cosmique, il est personnel : il peut me surprendre au milieu de mes petites habitudes. |
| 36 | ἀγρυπνεῖτε δὲ ἐν παντὶ καιρῷ δεόμενοι ἵνα κατισχύσητε ἐκφυγεῖν πάντα τὰ μέλλοντα γίνεσθαι καὶ σταθῆναι ἔμπροσθεν τοῦ υἱοῦ τοῦ ἀνθρώπου | Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme | ἀγρυπνεῖτε = « rester éveillé » (même verbe qu’à Gethsémani : les disciples s’endorment, Jésus veille). κατισχύσητε = « soyez assez forts » (force donnée par la prière). ἐκφυγεῖν = « échapper » (pas forcément éviter les épreuves, mais en sortir vivant et libre). σταθῆναι ἔμπροσθεν = « tenir debout devant » (même expression qu’en Ap 6,17 : les impies ne peuvent pas tenir debout devant l’Agneau). Seuls ceux qui ont veillé et prié pourront rester debout quand tout tremblera. |
Synthèse théologique de l’ensemble (Luc 21.25-28 + 34-36)
- Le retour du Christ est un événement cosmique, historique et personnel à la fois.
- Il provoque deux réactions radicalement opposées :
- ceux qui vivent dans la κραιπάλη, la μέθη et les μερίμναι βιωτικαῖς seront écrasés par la peur et pris au piège ;
- ceux qui veillent et prient seront capables de lever la tête et de tenir debout devant le Fils de l’homme.
- L’Avent commence donc par la parousie (et non par la crèche) : c’est une invitation à vivre dès aujourd’hui comme si nous étions déjà devant le Christ qui vient.
En une phrase (dans le grec même) : « Quand tout l’univers vacille et que les cœurs s’alourdissent, le Fils de l’homme vient dans la nuée ; alors, redressez-vous (ἀνακύψατε), priez en tout temps (ἀγρυπνεῖτε… δεόμενοι) et vous aurez la force de vous tenir debout devant lui (σταθῆναι ἔμπροσθεν τοῦ υἱοῦ τοῦ ἀνθρώπου). »
Prédication
Redressez-vous et levez la tête, parce que votre délivrance approche (Luc 21.28).
C’est de là que tout commence aujourd’hui.
Un monde qui s’effondre… Mais un Roi qui s’approche
Luc 21 nous place d’emblée dans un univers de bouleversements. Le soleil, la lune, les étoiles vacillent comme si la création elle-même entrait en convulsion. Les nations sont en angoisse. Les hommes « rendent l’âme de terreur ». Ce langage n’est pas là pour nourrir une imagination apocalyptique malade : il exprime avec force ce que nos yeux voient déjà. Un monde miné par la violence, la peur, l’instabilité géopolitique, l’effritement moral. Rien de nouveau : mais l’Écriture affirme que ces secousses sont les douleurs de l’enfantement du Royaume.
Et au cœur de ces secousses, une vision éclate :
« Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec puissance et grande gloire » (Luc 21.27).
Voilà le centre de l’Avent.
Le Christ revient.
Le Roi s’approche.
Celui qui fut couché dans la paille se manifestera dans la gloire.
Le prophète Jérémie l’avait entrevu : un « Germe de justice » surgira de la lignée de David (Jérémie 33.15).
À sa première venue, il inaugure la justice.
À sa seconde, il l’établira parfaitement.
Et Jérusalem portera un nom nouveau : « L’Éternel notre justice » (33.16).
Illustration
Lorsque l’on se trouve sur un navire en pleine tempête, on scrute l’horizon pour distinguer la silhouette du port. Plus la mer est agitée, plus le marin espère la côte ferme. Ainsi pour nous : les vagues du monde n’ont pas pour but de nous effrayer, mais de nous orienter. Elles deviennent la clameur qui dit : « Regarde vers le Roi qui vient. »
L’attente qui sanctifie (1 Thessaloniciens 3.12 – 4.2)
Paul parle de la venue du Seigneur comme d’une vérité qui transforme l’existence quotidienne. L’attente n’est pas un regard figé vers le ciel, mais une sanctification active.Il écrit :
« Qu’il affermisse vos cœurs pour qu’ils soient irréprochables dans la sainteté… Lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus » (3.13).
L’attente du Christ n’est pas inerte : elle dynamise l’amour, purifie le cœur, oriente la vie vers la volonté du Père. Les Thessaloniciens marchaient déjà dans cette direction, mais Paul les presse :
« Progressez encore » (4.1).
Illustration
Un musicien sait que, même s’il joue juste, il doit continuer à s’exercer. Ce n’est pas parce qu’il est mauvais, mais parce que la beauté de la musique exige une discipline constante. Ainsi le chrétien qui attend la venue du Christ ne se croit jamais « arrivé » : il affine sa vie, son caractère, ses choix. L’horizon de la Parousie donne un sens, une urgence, une direction.
« Tous les sentiers de l’Éternel sont grâce et fidélité » (Psaume 25.10)
Le psaume du jour relie admirablement ces appels à la vigilance. Le psalmiste prie :
« Fais-moi connaître tes voies… Conduis-moi dans ta vérité… »
L’attente du Christ n’est pas passive. Elle s’exprime dans la docilité, dans l’humilité, dans ce désir profond de marcher dans la vérité de Dieu. Et le psaume ajoute une promesse bouleversante :
« L’amitié de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (25.14).
Attendre le Christ, c’est entrer dans l’amitié de Dieu.
Ce que redoute celui qui rejette Dieu, espère celui qui l’aime.
La vigilance selon Jésus (Luc 21.34-36)
Le Seigneur nous avertit : la plus grande menace n’est pas la violence du monde, mais l’endormissement du cœur.
Trois ennemis sont nommés :
L’intempérance.
L’ivresse.
Les soucis de la vie.
Autrement dit : les faux plaisirs… Et les vraies préoccupations. Les deux ont le même effet : alourdir l’âme.
Jésus dit :
« Prenez garde à vous-mêmes… Veillez donc et priez en tout temps » (21.34, 36).
La vigilance chrétienne n’est pas une angoisse : c’est une attention aimante. C’est l’attitude du serviteur qui veille la nuit parce qu’il sait que son Seigneur arrive. C’est l’attitude du fiancé qui attend la fiancée, impatient de la voir apparaître. C’est l’attitude du peuple qui sait que son Roi revient non pour juger sa fidélité, mais pour achever sa délivrance.
Application
Veiller, aujourd’hui, signifie :
Prendre au sérieux la Parole,
refuser la banalisation du mal,
refuser la torpeur morale,
prier pour rester éveillé,
balayer les compromis,
nourrir la flamme de l’espérance,
regarder le monde non avec cynisme, mais avec lucidité et charité.
Illustration
Un veilleur sur les remparts n’est pas un rêveur. Il voit la nuit telle qu’elle est, mais il voit plus loin que la nuit : il aperçoit la première lueur de l’aube. Ainsi est le chrétien au cœur de l’Avent.
La grande espérance de l’humanité
Le monde cherche désespérément une espérance terrestre. Mais l’Écriture affirme : l’espérance ultime ne vient pas de nous. Elle vient de Celui qui revient. C’est pourquoi Jésus dit :
« Redressez-vous… Votre délivrance approche ».
La délivrance ne vient pas de la technologie, ni des gouvernements, ni des efforts humains.
Elle vient du Fils de l’homme.
Elle vient du Roi qui revient pour achever le salut commencé à Noël et scellé à Pâques.
Noël n’a de sens que parce qu’il annonce la Parousie.
La crèche annonce les nuées.
Les langes annoncent la splendeur.
L’Enfant annonce le Roi.
Le silence de Bethléem annonce la trompette finale.
Conclusion
Entrer en Avent, c’est entrer dans la lumière de la Parousie
Cher ami, l’Avent te dit : ne baisse pas les yeux devant la nuit du monde.
Ne laisse pas ton cœur s’alourdir.
Lève la tête.
Ton Roi vient.
Il vient avec puissance et grande gloire.
Il vient établir la justice promise.
Il vient consoler les humbles.
Il vient affermir ton cœur.
Il vient te rendre irréprochable en sa présence.
Il vient achever ce qu’il a commencé en toi.
Alors veille.
Prie.
Marche dans la lumière.
Aime avec abondance.
Et attends avec joie la venue de Celui qui a dit :
« Oui, je viens bientôt ».
Bonne entrée en Avent, dans la paix et la force du Seigneur qui vient.
Textes liturgiques (culte réformé)
ACCUEIL ET SALUTATION
Grâce et paix te soient données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Seigneur.
En ce premier dimanche de l’Avent, nous levons les yeux vers Celui qui vient, notre Roi, notre Sauveur, notre Justice. Que nos cœurs soient éveillés à sa présence.
APPEL À L’ADORATION
« Redressez-vous et levez la tête, parce que votre délivrance approche » (Luc 21.28).
Entrons dans ce temps de culte pour adorer le Seigneur, attendre son retour et nous disposer à sa venue.
CHANT D’OUVERTURE — Arc-en-Ciel
Arc-en-Ciel n°214 : « Ô viens, Jésus, ô viens Emmanuel » (chant d’Avent par excellence)
PRIÈRE D’OUVERTURE
Seigneur notre Dieu, en ce début de l’Avent, tu nous appelles à veiller.
Délivre-nous de la torpeur, ouvre nos yeux à ta lumière, affermis nos cœurs dans l’espérance de ton retour.
Envoie ton Esprit afin que notre culte soit une montée vers toi, un avant-goût de ce jour où nous te verrons face à face.
Amen.
LECTURE DE LA LOI DE DIEU
Les dix commandements (Exode 20.1-17) ou résumé de la Loi (Matthieu 22.37-40)
CHANT DE RÉPONSE — Psautier
Psaume 130 : strophe 1 (« Des profondeurs je crie vers toi »), évoquant l’attente confiante.
CONFESSION DES PÉCHÉS
Seigneur, nous confessons que nos cœurs se sont alourdis.
Nos pensées se perdent dans les soucis, nos désirs s’égarent dans la facilité.
Pardonne nos négligences, nos compromissions, notre manque de vigilance.
Rends-nous sobres, éveillés, et remplis d’amour en attendant la venue de ton Fils.
Nous nous abandonnons à ta miséricorde.
Amen.
ANNONCE DU PARDON
« Tous les sentiers de l’Éternel sont grâce et fidélité pour ceux qui gardent son alliance » (Psaume 25.10).
En Jésus-Christ, Dieu nous pardonne et nous relève.
Marche dans sa paix.
CANTIQUE DE GRÂCE — Arc-en-Ciel
Arc-en-Ciel n°31 : « Mon Rédempteur est vivant »
PRIÈRE D’ILLUMINATION AVANT LES LECTURES
Éternel, enseigne-nous tes voies, conduis-nous dans ta vérité.
Ouvre nos cœurs aux Écritures, que ta Parole nous relève, nous sanctifie et nous prépare à la venue du Roi.
Amen.
LECTURES BIBLIQUES
1ʳᵉ lecture : Jérémie 33.14-16
Psaume : Psaume 25.4-5, 8-9, 10, 14
2ᵉ lecture : 1 Thessaloniciens 3.12 – 4.2
Évangile : Luc 21.25-28, 34-36
CHANT AVANT LA PRÉDICATION — Arc-en-Ciel
Arc-en-Ciel n°215 : « Il vient, il vient le Roi de gloire »
PRÉDICATION
(La prédication complète a été fournie dans ton message précédent ; elle s’insère ici.)
RÉPONSE À LA PAROLE
Confessons ensemble notre foi :
Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre…
(Le Symbole des Apôtres)
CHANT DE RÉPONSE — Psautier
Psaume 98 : strophe 1 (« Chantez au Seigneur un cantique nouveau »), célébrant la venue du Roi.
INTERCESSIONS
Seigneur, nous te prions pour ton Église, afin qu’elle demeure vigilante et fidèle dans l’attente de ton retour.
Nous te prions pour le monde qui frémit, qui souffre, qui espère sans savoir vers qui lever les yeux :
qu’il découvre en toi sa délivrance.
Nous te prions pour les humbles, les affligés, les pauvres, les endeuillés :
qu’ils trouvent refuge en ta justice.
Nous te prions pour notre pays, pour les responsables, pour les artisans de paix :
affermis leurs décisions dans la sagesse et la vérité.
Viens, Seigneur Jésus.
Amen.
NOTRE PÈRE
Notre Père qui es aux cieux…
ANNONCE ET RÉCEPTION DES OFFRANDES
Nous donnons avec reconnaissance, dans l’attente du Royaume qui vient.
CHANT FINAL — Arc-en-Ciel
Arc-en-Ciel n°201 : « Préparez le chemin du Seigneur »
ENVOI
Veille et prie en tout temps, afin d’être trouvé debout devant le Fils de l’homme.
BÉNÉDICTION
Que le Seigneur vous affermisse et vous garde.
Qu’il fasse croître en vous l’amour, la sainteté et la vigilance.
Et que la paix de Christ garde votre cœur jusqu’au jour de sa venue.
Amen.
POSTLUDE (suggestion)
Psaume 24 : strophes 7 à 10 (« Portes, élevez vos frontons »)

Laisser un commentaire