Cette page rassemble l’ensemble des ressources bibliques, théologiques, liturgiques et pédagogiques autour des textes du jour, centrés sur la présentation de Jésus au temple (Luc 2.22–40). Elle propose une approche complète et cohérente, enracinée dans la foi réformée confessante et la théologie de l’alliance, accessible à un large auditoire.
Tu y trouveras d’abord les textes bibliques du dimanche, suivis d’une exégèse approfondie mettant en lumière le sens du texte à partir du grec, les notions théologiques essentielles, ainsi que des éclairages issus des Pères de l’Église, des Réformateurs et de théologiens réformés confessants contemporains.
La page comprend ensuite une prédication développée, structurée, ancrée dans l’actualité, reliant le texte évangélique à l’ensemble des Écritures et à la vie concrète, avec illustrations, applications et rappels constants de la théologie de l’alliance.
Une méditation courte permet une appropriation personnelle du message, tandis qu’une liturgie complète offre un cadre prêt à l’emploi pour le culte réformé. Enfin, des outils pédagogiques (questions, QCM, travaux de groupe, repères doctrinaux) facilitent l’animation, la transmission et l’approfondissement du texte en communauté.
L’ensemble de ces contenus est proposé librement : chacun est libre de les utiliser, les adapter ou les partager, sans obligation de citation, dans un esprit de service de l’Église et de fidélité à la Parole de Dieu.
Textes de la Bible
Psaume 84
1 Samuel 1.20–28
Colossiens 3.12–17
Luc 2.22–40
Bref résumé
Les lectures de ce dimanche après Noël contemplent la fidélité de Dieu dans le temps long de l’attente. Anne consacre Samuel au Seigneur, le psalmiste chante la joie de demeurer dans la maison de Dieu, Paul exhorte à une vie renouvelée en Christ, et Siméon reconnaît en l’enfant Jésus l’accomplissement des promesses faites à Israël. Dieu tient alliance, génération après génération.
Thème général
L’accomplissement des promesses de Dieu et la fidélité de l’alliance au cœur de l’attente humaine.
Lien avec la théologie de l’alliance
Ces textes montrent l’unité de l’histoire du salut. L’enfant Samuel, consacré dès sa naissance, préfigure le Christ consacré au Père. Siméon et Anne incarnent le reste fidèle d’Israël qui attend la consolation promise. En Jésus, l’alliance n’est pas abolie mais accomplie : Dieu demeure fidèle à ses promesses, et son peuple est appelé à répondre par une vie sanctifiée, enracinée dans la reconnaissance et l’obéissance.
Méditation
Lorsque Siméon prend l’enfant Jésus dans ses bras, rien ne change extérieurement dans le monde. Pourtant, tout est accompli. Le salut de Dieu n’est plus une promesse lointaine, mais une présence réelle. « Mes yeux ont vu ton salut ». La foi chrétienne repose sur cette certitude : Dieu a tenu parole, même si l’histoire semble encore lente et fragile.
Jean Calvin écrit : « En Christ, Dieu ne nous promet pas seulement le salut, il nous le donne réellement ». Siméon peut mourir en paix, non parce que tout est réglé, mais parce qu’il a vu Celui qui est fidèle.
Application
Ce texte nous invite à vivre dans une paix qui ne dépend pas des circonstances. Voir le Christ par la foi, c’est apprendre à attendre sans anxiété et à marcher sans peur, même lorsque tout n’est pas encore accompli.
Prière
Seigneur, ouvre mes yeux pour reconnaître ton salut. Donne-moi une foi patiente et confiante, afin que je vive chaque jour dans ta paix. Amen.
Prédication
Introduction
Le texte de l’Évangile du jour nous place dans un lieu familier, le temple, mais dans une situation profondément contre-culturelle pour notre temps. Alors que notre époque valorise l’instantané, la visibilité et l’efficacité immédiate, Luc nous raconte une scène marquée par l’attente, la fidélité et le silence. Quarante jours après Noël, rien n’a encore changé en apparence : Rome domine, Israël est soumis, la pauvreté demeure. Et pourtant, Dieu est à l’œuvre. Ce passage nous apprend à reconnaître l’accomplissement de l’alliance non dans le spectaculaire, mais dans l’obéissance humble et la persévérance de la foi.
Premier point
Le Messie entre dans l’alliance par l’obéissance et l’humiliation
Luc insiste à plusieurs reprises sur l’expression « selon la loi du Seigneur ». Jésus est présenté au temple, non parce qu’il aurait besoin de purification, mais parce qu’il assume pleinement la condition de son peuple. Le verbe grec παραστῆσαι indique une offrande cultuelle : Jésus est présenté comme une offrande vivante dès son enfance. Le premier-né consacré rappelle l’Exode : Dieu réclame ce qui lui appartient, mais ici, il donne son propre Fils.
Théologiquement, cela touche au cœur de la christologie réformée : le Christ n’est pas seulement le Sauveur par sa mort, mais par toute sa vie d’obéissance active. Calvin souligne que Christ se soumet à la Loi pour l’accomplir en notre nom, afin que sa justice nous soit imputée. Irénée affirme que le Christ « récapitule » toute l’histoire humaine en la traversant.
Illustration : beaucoup veulent aujourd’hui un christianisme sans contraintes, sans Loi, sans cadre. Or Dieu commence l’œuvre du salut dans l’obéissance la plus simple : monter au temple, offrir ce que la Loi demande, marcher humblement.
Application : l’alliance nous rappelle que Dieu agit puissamment dans la fidélité ordinaire. La foi véritable se vit souvent loin des projecteurs, dans la constance et la soumission confiante à la Parole.
Deuxième point
Le salut discerné par ceux que l’Esprit rend patients
Siméon est décrit comme juste et pieux, attendant la « consolation d’Israël ». Le mot παράκλησις renvoie aux promesses d’Ésaïe : le réconfort de Dieu après l’exil, la restauration de l’alliance. Trois fois, l’Esprit Saint est mentionné : sur lui, l’ayant averti, le conduisant. Le salut n’est jamais reconnu par simple intelligence humaine ; il est révélé par l’Esprit.
Lorsque Siméon prend l’enfant dans ses bras, il proclame que le salut est désormais visible : σωτήριον, non une idée abstraite mais une réalité incarnée. Chrysostome dira que celui qui a vu le Christ a déjà vaincu la mort.
Illustration : Siméon n’est ni prêtre influent ni chef politique. C’est un homme âgé, apparemment insignifiant, mais spirituellement attentif. Dieu se révèle à ceux qui attendent sans se lasser.
Application : dans l’alliance, Dieu forme un peuple qui sait attendre. La foi n’est pas impatience mais espérance éclairée par l’Esprit, même quand l’accomplissement semble tarder.
Troisième point
Un salut universel, mais tranchant et révélateur
Siméon annonce un salut préparé « devant tous les peuples » : lumière pour les nations, gloire d’Israël. L’alliance s’ouvre aux nations sans renier l’élection d’Israël. Mais cette universalité n’est pas consensuelle. Jésus est un signe de contradiction. Le terme ἀντιλεγόμενον indique une opposition persistante, une contestation durable.
La prophétie adressée à Marie introduit la croix dès l’enfance : l’épée annonce la souffrance, la révélation des cœurs, le jugement. Augustin dira que le Christ est la pierre sur laquelle on se relève ou contre laquelle on trébuche. Calvin insiste : il n’y a pas de Christ glorieux sans Christ crucifié.
Illustration : aujourd’hui encore, Jésus est souvent accepté comme modèle moral, mais rejeté comme Seigneur. Il demeure un signe qui dérange.
Application : vivre dans l’alliance, c’est accepter que la foi ne soit jamais neutre. Le Christ oblige à une réponse : foi ou rejet.
Conclusion
Luc 2.22–40 nous montre que l’alliance de Dieu avance sûrement, même lorsque rien ne semble changer. Dieu tient parole. Le salut promis n’est ni annulé par le temps ni affaibli par l’humilité de ses commencements. Il est là, porté dans des bras humains, reconnu par des croyants fidèles, attesté par l’Esprit.
Ce texte nous rappelle que l’histoire du salut est une histoire cohérente : la Loi n’est pas abolie, elle est accomplie ; l’attente n’est pas vaine, elle est exaucée ; l’élection n’est pas repliée, elle s’ouvre aux nations. L’alliance trouve son centre et sa plénitude en Jésus-Christ.
Pour nous aujourd’hui, cela signifie vivre dans la confiance, même au milieu des contradictions. Cela signifie marcher dans l’obéissance, persévérer dans l’espérance, accepter que la foi engage toute la vie. Et comme Siméon, nous pouvons affronter l’avenir sans crainte : non parce que le monde est apaisé, mais parce que Dieu a tenu parole. Celui qui a vu le Christ peut vivre, servir et même mourir en paix, car l’alliance est désormais scellée pour toujours en lui.
Liturgies
Prière d’ouverture
Seigneur notre Dieu,
toi qui as tenu parole à ton peuple et accompli tes promesses en Jésus-Christ,
nous venons devant toi avec reconnaissance et humilité.
Ouvre nos cœurs à ta Parole,
donne-nous de reconnaître ton salut
et de marcher dans la paix de ton alliance,
par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.
Lecture de la Loi
Écoute, Israël, ce que le Seigneur demande de toi :
aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme et de toute ta force,
et aimer ton prochain comme toi-même.
La Loi nous rappelle la sainteté de Dieu
et notre vocation à vivre selon sa volonté.
Confession des péchés
Dieu fidèle,
nous confessons que nous avons souvent cherché notre sécurité ailleurs qu’en toi.
Nous avons été impatients dans l’attente,
peu attentifs à ton œuvre discrète,
lents à obéir, prompts à douter.
Pardonne-nous pour nos cœurs divisés
et renouvelle-nous par ton Esprit,
à cause de Jésus-Christ. Amen.
Annonce du pardon
Écoutez la bonne nouvelle :
Dieu a préparé son salut devant tous les peuples.
En Jésus-Christ, vos péchés sont pardonnés.
La paix du Christ vous est donnée.
Recevez-la avec reconnaissance
et vivez dans la liberté des enfants de Dieu. Amen.
Prière d’illumination
Esprit Saint,
toi qui as conduit Siméon et Anne
à reconnaître le Christ,
ouvre nos intelligences et nos cœurs.
Que ta Parole habite en nous avec richesse,
afin que nous entendions, croyions et obéissions,
pour la gloire de Dieu. Amen.
Intercessions
Seigneur,
nous te prions pour ton Église :
qu’elle demeure fidèle à ta Parole
et qu’elle annonce avec courage le salut en Jésus-Christ.
Nous te prions pour les nations,
afin que la lumière du Christ éclaire les peuples
et que la paix progresse dans un monde troublé.
Nous te prions pour ceux qui attendent,
ceux qui souffrent, ceux qui doutent :
qu’ils trouvent en toi consolation et espérance.
Nous te confions nos vies, nos familles, notre avenir,
dans la confiance de ton alliance fidèle.
Par Jésus-Christ. Amen.
Envoi
Allez dans la paix du Christ.
Vivez dans la reconnaissance,
marchez dans l’obéissance,
et servez le Seigneur avec joie,
car Dieu a tenu parole
et son alliance demeure pour toujours.
Propositions de Psaumes et cantiques (Arc-en-ciel)
Psaume 84 – Heureux ceux qui demeurent dans ta maison
Psaume 98 – Le Seigneur a fait connaître son salut
Cantique : « Peuple fidèle, le Seigneur t’appelle »
Cantique : « À toi la gloire, ô Ressuscité »
Exégèse
Psaume 84
1 Samuel 1.20-28 NVS78P
[20] Dans le cours de l’année, Anne devint enceinte ; elle accoucha d’un fils, qu’elle appela du nom de Samuel, car, (dit-elle), je l’ai demandé à l’Éternel. [21] Le mari, Elqana, monta ensuite avec toute sa famille, pour offrir à l’Éternel le sacrifice annuel et pour (accomplir) son vœu. [22] Mais Anne ne monta pas. Car elle dit à son mari : Lorsque le garçon sera sevré, je le mènerai, afin qu’il soit présenté devant l’Éternel et qu’il reste là pour toujours. [23] Elqana, son mari, lui dit : Fais ce qui te semblera bon, reste ici jusqu’à ce que tu l’aies sevré. Que l’Éternel accomplisse seulement sa parole ! Et la femme resta ; elle allaita son fils, jusqu’à ce qu’elle l’eût sevré. [24] Quand elle l’eut sevré, elle le fit monter avec elle et prit trois taureaux, un épha de farine et une outre de vin. Elle le mena dans la maison de l’Éternel à Silo : le garçon était encore tout jeune. [25] Ils égorgèrent le taureau et conduisirent le garçon à Éli. [26] Anne dit : Pardon mon seigneur, aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se trouvait placée ici près de toi pour prier l’Éternel. [27] C’était en vue de ce garçon que je priais, et l’Éternel m’a donné ce que je lui demandais. [28] Aussi, moi je veux le prêter à l’Éternel : il sera toute sa vie prêté à l’Éternel. Et ils se prosternèrent là devant l’Éternel.
Exégèse détaillée à partir de l’hébreu (AT)
Le passage 1 Samuel 1.20–28 conclut le récit de la supplication d’Anne et ouvre une nouvelle étape de l’histoire du salut. Le texte est construit autour de l’accomplissement de la parole divine et de la réponse fidèle d’Anne. Le verbe clé apparaît dès le verset 20 : Anne « conçoit » (וַתַּהַר, vattahar), signal clair de l’intervention souveraine de l’Éternel. La naissance de Samuel n’est pas présentée comme un simple événement biologique, mais comme un acte de grâce lié à la prière et au vœu.
Le nom Samuel est explicitement interprété dans le texte : « je l’ai demandé à l’Éternel ». L’hébreu joue probablement sur שָׁאַל (sha’al, demander), qui reviendra au verset 28 pour qualifier le don réciproque : Anne « prête » Samuel à l’Éternel. La narration insiste sur le temps : Anne attend le sevrage, moment culturellement significatif marquant le passage de la dépendance totale à une forme de maturité. Le sanctuaire de Silo, lieu central du culte avant Jérusalem, devient le théâtre de la consécration de l’enfant, soulignant que Samuel appartient d’abord à Dieu avant d’appartenir à sa famille.
Le geste final de prosternation indique que l’offrande de Samuel est un acte de culte, non une perte tragique. Samuel entre ainsi dans le service sacré comme fruit d’une promesse tenue par Dieu et honorée par l’homme.
Explication du sens des mots les plus importants
Samuel (שְׁמוּאֵל) : probablement « demandé à Dieu » ou « Dieu a entendu ». Le nom est une confession de foi.
Demander / prêter (שָׁאַל) : même racine utilisée pour la prière d’Anne et pour la remise de l’enfant. Ce parallélisme montre que ce que Dieu donne par grâce est rendu par reconnaissance.
Rester là pour toujours : expression idiomatique désignant une consécration à long terme, non une éternité abstraite.
Se prosterner (שָׁחָה) : acte liturgique marquant l’adoration et la reconnaissance de la souveraineté divine.
Citations des Pères de l’Église
Origène voit en Anne l’image de l’âme fidèle qui, ayant reçu un don de Dieu, le lui rend sans réserve, montrant que la vraie fécondité est spirituelle avant d’être charnelle.
Jean Chrysostome souligne que Dieu n’a pas seulement donné un enfant à Anne, mais un prophète à Israël, rappelant que les prières personnelles servent souvent un dessein collectif plus vaste.
Citations des Réformateurs
Jean Calvin insiste sur la gratuité de la grâce divine dans ce passage : Dieu n’est pas contraint par le vœu d’Anne, mais choisit librement d’agir. Le vœu est une réponse reconnaissante, non une monnaie d’échange. Calvin note aussi que la fidélité d’Anne contraste avec la corruption des fils d’Éli, préparant le lecteur à la réforme spirituelle qu’apportera Samuel.
Martin Bucer voit dans l’acte d’Anne un modèle de piété domestique ordonnée au culte public, rappelant que la famille est appelée à servir l’Église.
Citations de théologiens réformés confessants contemporains
Geerhardus Vos souligne que Samuel se situe à un moment charnière de l’histoire de la rédemption, entre la période des juges et l’établissement de la royauté, montrant que Dieu prépare ses instruments longtemps à l’avance.
Michael Horton note que ce récit illustre la logique de l’alliance : Dieu promet, Dieu accomplit, et l’homme répond dans l’obéissance et la reconnaissance.
Apports éventuels de l’archéologie biblique pour expliquer le sens
Les fouilles associées au site de Silo confirment l’existence d’un centre cultuel important à l’époque prémonarchique. La présence d’espaces liés aux sacrifices et aux repas cultuels éclaire la mention des taureaux, de la farine et du vin, éléments normaux d’une offrande solennelle. Cela renforce le caractère public et liturgique de la consécration de Samuel.
Implications du texte pour la théologie de l’alliance
Ce passage illustre de manière exemplaire la dynamique de l’alliance : Dieu entend la prière de son peuple, agit fidèlement selon sa promesse, puis appelle à une réponse d’obéissance reconnaissante. Samuel est un enfant de l’alliance, donné par grâce et consacré au service de Dieu dès son plus jeune âge. L’alliance ne repose pas sur la performance humaine, mais elle engage toute la vie. En Samuel, Dieu prépare le renouvellement spirituel d’Israël, montrant que l’histoire de l’alliance progresse par des actes souverains de Dieu au sein de familles croyantes fidèles.
Colossiens 3.12-17 NVS78P
[12] Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’ardente compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. [13] Supportez-vous les uns les autres et faites-vous grâce réciproquement ; si quelqu’un a à se plaindre d’un autre, comme le Christ vous a fait grâce, vous aussi, faites de même. [14] Mais par-dessus tout, revêtez-vous de l’amour qui est le lien de la perfection. [15] Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants. [16] Que la parole du Christ habite en vous avec sa richesse, instruisez-vous et avertissez-vous réciproquement, en toute sagesse, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels ; sous (l’inspiration de) la grâce, chantez à Dieu de tout votre cœur. [17] Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui à Dieu le Père.
Exégèse détaillée à partir du grec (NT)
Colossiens 3.12–17 s’inscrit dans la section parénétique de l’épître, où Paul déduit l’éthique chrétienne de l’œuvre accomplie du Christ. L’exhortation commence par un fondement théologique fort : les croyants sont « élus de Dieu, saints et bien-aimés ». Ces qualificatifs ne décrivent pas un idéal moral à atteindre, mais une identité reçue. Le participe ἐνδύσασθε (endýsasthe, « revêtez-vous ») renvoie à un acte décisif enraciné dans l’union au Christ, déjà évoquée en Colossiens 3.1–4.
La liste des vertus rappelle le caractère même du Christ. La logique n’est pas légaliste mais covenantale : parce que vous êtes morts et ressuscités avec Christ, vivez conformément à cette nouvelle réalité. Le verset 13 introduit le pardon mutuel comme reflet direct du pardon du Christ, établissant une analogie descendante : la grâce reçue devient norme de la grâce donnée.
L’amour (ἀγάπη) est présenté comme le « lien de la perfection », image d’une ceinture maintenant ensemble toutes les autres vertus. La paix du Christ est appelée à « régner » (βραβευέτω), terme emprunté au vocabulaire de l’arbitrage, soulignant son rôle normatif dans la vie communautaire. Le passage culmine dans une vision ecclésiale : la parole du Christ habitant l’Église, se manifestant dans l’enseignement, l’exhortation et le chant, avant de s’étendre à toute la vie vécue « au nom du Seigneur Jésus ».
Explication du sens des mots les plus importants
Élus (ἐκλεκτοί) : terme de l’alliance, désignant ceux que Dieu a choisis souverainement, non sur la base de leurs œuvres.
Revêtez-vous (ἐνδύσασθε) : image baptismale et christologique, indiquant une identité nouvelle assumée activement.
Supportez-vous (ἀνεχόμενοι) : patience active, impliquant l’endurance dans les relations imparfaites.
Amour (ἀγάπη) : amour sacrificiel, enraciné dans l’amour de Dieu manifesté en Christ.
Paix (εἰρήνη) : plus qu’absence de conflit, elle exprime la réconciliation objective accomplie par le Christ.
Parole du Christ (ὁ λόγος τοῦ Χριστοῦ) : soit l’enseignement du Christ, soit la parole concernant le Christ, les deux étant inséparables.
Citations des Pères de l’Église
Jean Chrysostome souligne que Paul ne commence pas par commander, mais par rappeler ce que les croyants sont déjà en Christ, afin que l’obéissance naisse de la gratitude et non de la crainte.
Augustin voit dans l’amour le principe unificateur de toutes les vertus : sans l’amour, les vertus deviennent orgueil ; avec l’amour, elles deviennent service.
Citations des Réformateurs
Jean Calvin affirme que l’élection n’est jamais un motif de relâchement moral, mais au contraire le fondement le plus solide de la sanctification. Être élu signifie être mis à part pour vivre à la gloire de Dieu.
Théodore de Bèze souligne que la paix du Christ gouverne l’Église lorsque la doctrine et la discipline sont ordonnées à la charité et à l’édification du corps.
Citations de théologiens réformés confessants contemporains
Herman Bavinck rappelle que la sanctification est la conséquence nécessaire de l’union au Christ : elle n’ajoute rien à la justification, mais elle en manifeste la réalité.
Sinclair B. Ferguson insiste sur le fait que « revêtir le Christ » signifie vivre quotidiennement ce que Dieu a déjà déclaré vrai de nous en Christ.
Apports de l’archéologie biblique pour expliquer le sens
Les recherches sur la vie communautaire gréco-romaine montrent que les vertus listées par Paul étaient souvent valorisées dans les cercles philosophiques. Toutefois, Paul les reconfigure radicalement : elles ne sont plus des moyens d’auto-perfectionnement, mais les fruits d’une identité reçue en Christ, vécue dans une communauté appelée à être un seul corps.
Implications du texte pour la théologie de l’alliance
Colossiens 3.12–17 exprime clairement la logique de l’alliance de grâce : Dieu choisit, sanctifie et aime son peuple avant toute réponse humaine. La vie nouvelle découle de cette initiative souveraine. L’éthique chrétienne est ainsi relationnelle et communautaire : elle se vit dans le cadre du corps du Christ, nourrie par la Parole et orientée vers la gloire de Dieu. L’alliance ne se limite pas à une déclaration juridique ; elle façonne une existence entière vécue « au nom du Seigneur Jésus », dans la reconnaissance et la paix.
Luc 2.22-40 NVS78P
[22] Et, quand les jours de leur purification furent accomplis selon la loi de Moïse, on l’amena à Jérusalem pour le présenter au Seigneur – [23] suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur – [24] et pour offrir en sacrifice une paire de tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme c’est prescrit dans la loi du Seigneur. [25] Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. [26] Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. [27] Il vint au temple, (poussé) par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qui était en usage d’après la loi, [28] il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : [29] Maintenant, Maître, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix selon ta parole. [30] Car mes yeux ont vu ton salut, [31] Que tu as préparé devant tous les peuples, [32] Lumière pour éclairer les nations Et gloire de ton peuple, Israël. [33] Son père et sa mère étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui. [34] Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Voici : cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction, [35] et toi-même, une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient révélées. [36] Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était d’un âge fort avancé. Après avoir vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, [37] elle resta veuve, et, âgée de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le temple et servait (Dieu), nuit et jour, par des jeûnes et des prières. [38] Elle survint elle aussi, à cette même heure ; elle louait Dieu et parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem. [39] Lorsqu’ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. [40] Or le petit enfant grandissait et se fortifiait ; il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Brève introduction pour situer le texte dans son contexte
Luc 2.22–40 s’inscrit dans le cycle de l’enfance selon Luc, marqué par l’accomplissement fidèle de la Loi et par l’irruption discrète mais décisive de l’Esprit. Après la naissance à Bethléem, Jésus est présenté au temple de Jérusalem conformément à la Torah. Ce passage met en scène deux figures du « reste fidèle » d’Israël, Siméon et Anne, qui reconnaissent en l’enfant l’accomplissement des promesses eschatologiques. Le récit relie étroitement Loi, Esprit et promesse, préparant déjà les thèmes lucaniens de salut universel et de contradiction.
Exégèse détaillée à partir du grec (NT)
Le texte s’ouvre sur l’obéissance scrupuleuse de Joseph et Marie à la loi de Moïse. Les expressions « selon la loi du Seigneur » (κατὰ τὸν νόμον Κυρίου) reviennent comme un refrain, soulignant que l’incarnation ne contourne pas la Loi mais l’assume pleinement. Jésus est présenté (παραστῆσαι) au Seigneur comme premier-né consacré, non parce qu’il aurait besoin de purification, mais parce qu’il entre volontairement dans la condition de son peuple.
Siméon est décrit comme « juste et pieux » (δίκαιος καὶ εὐλαβής) , qualificatifs typiques de la piété vétérotestamentaire. Il « attendait la consolation d’Israël » (παράκλησιν τοῦ Ἰσραήλ) , expression chargée d’espérance messianique, en écho direct à Ésaïe 40–55. L’Esprit Saint est mentionné à trois reprises, montrant que la reconnaissance messianique est œuvre divine avant d’être discernement humain.
Le cantique de Siméon (Nunc Dimittis) proclame que le salut est désormais visible, préparé « devant tous les peuples ». L’universalité du salut n’abolit pas l’élection d’Israël, car l’enfant est à la fois « lumière pour les nations » et « gloire d’Israël ». Les paroles adressées à Marie introduisent cependant la dimension de la contradiction et de la souffrance : le Messie sera un signe contesté, révélant les cœurs et provoquant jugement et relèvement.
La prophétesse Anne confirme le témoignage de Siméon. Par sa persévérance dans le jeûne et la prière, elle incarne l’attente eschatologique et devient messagère de la rédemption à venir pour Jérusalem.
Explication du sens des mots les plus importants
Présenter (παρίστημι) : terme cultuel indiquant l’offrande et la consécration à Dieu.
Consolation (παράκλησις) : réconfort eschatologique promis à Israël après l’exil.
Salut (σωτήριον) : salut concret, visible, incarné dans la personne du Christ.
Signe de contradiction (σημεῖον ἀντιλεγόμενον) : manifestation divine qui suscite foi ou rejet.
Rédemption (λύτρωσις) : libération opérée par Dieu, enracinée dans l’histoire de l’alliance.
Citations des Pères de l’Église
Irénée de Lyon voit dans la présentation au temple la preuve que le Christ récapitule toute l’histoire d’Israël en lui-même, sanctifiant chaque étape de la vie humaine.
Ambroise de Milan souligne que Siméon ne craint plus la mort, car celui qui a vu le Christ a déjà goûté à la vie éternelle.
Citations des Réformateurs
Jean Calvin insiste sur le fait que Christ se soumet à la Loi non pour lui-même, mais pour nous, afin d’en accomplir toute la justice. Il souligne aussi que la prophétie de Siméon annonce dès l’enfance la croix, rappelant que la gloire du Christ ne peut être séparée de la souffrance.
Heinrich Bullinger voit en Siméon et Anne les représentants du véritable Israël, non défini par le sang mais par l’attente croyante de la promesse.
Citations de théologiens réformés confessants contemporains
Herman Ridderbos note que Luc présente ici la tension fondamentale de l’histoire du salut : continuité avec l’ancienne alliance et nouveauté radicale de son accomplissement en Christ.
Richard Gaffin souligne que la présence répétée de l’Esprit montre que l’ère nouvelle a déjà commencé, bien avant le ministère public de Jésus.
Apports de l’archéologie biblique pour éclairer le sens
Les données archéologiques sur le temple du Second Temple confirment l’importance des rites de présentation et de purification, notamment pour les familles modestes offrant des oiseaux plutôt qu’un agneau. Cela souligne l’humilité sociale dans laquelle le Messie entre dans l’histoire, tout en respectant pleinement le cadre cultuel d’Israël.
Implications du texte pour la théologie de l’alliance
Luc 2.22–40 montre que l’alliance de grâce atteint son accomplissement sans rupture avec les promesses anciennes. Le Christ est présenté comme le véritable premier-né consacré à Dieu, celui par qui la bénédiction d’Abraham s’étend aux nations. L’alliance demeure élective et universelle à la fois, centrée désormais sur la personne du Messie. La réponse attendue n’est pas seulement l’admiration, mais la foi persévérante au milieu de la contradiction, dans l’espérance certaine que Dieu tient sa parole.
Outils pédagogiques
Questions ouvertes
- Pourquoi Luc insiste-t-il autant sur l’obéissance de Joseph et Marie à la Loi du Seigneur ?
- En quoi Siméon et Anne représentent-ils le « reste fidèle » d’Israël ?
- Que signifie pour toi l’expression « mes yeux ont vu ton salut » aujourd’hui ?
- Pourquoi le salut en Jésus est-il à la fois source de paix et de contradiction ?
- Comment ce texte nourrit-il l’espérance chrétienne dans un monde instable ?
QCM
- Où se déroule la scène de Luc 2.22–40 ?
a) À Bethléem
b) À Nazareth
c) Au temple de Jérusalem
d) À Silo
Réponse : c - Que signifie l’expression « consolation d’Israël » ?
a) Une victoire militaire
b) Le retour de l’exil
c) L’accomplissement des promesses messianiques
d) Une réforme politique
Réponse : c - Qui reconnaît publiquement Jésus comme le salut de Dieu ?
a) Les prêtres
b) Siméon et Anne
c) Les pharisiens
d) Les bergers
Réponse : b - Que symbolise la lumière dans le cantique de Siméon ?
a) La sagesse humaine
b) La Loi seule
c) Le salut offert aux nations
d) La gloire de Jérusalem
Réponse : c - Selon Siméon, Jésus sera :
a) Accepté par tous
b) Un roi politique
c) Un signe de contradiction
d) Un prophète parmi d’autres
Réponse : c
Travail en petits groupes
Groupe 1 : Relire Luc 2.22–24 et identifier ce que ce passage dit de l’obéissance et de l’humilité du Christ.
Groupe 2 : Étudier le cantique de Siméon (v.29–32) et relever ce qu’il dit du salut et de son universalité.
Groupe 3 : Réfléchir aux paroles adressées à Marie (v.34–35) et à leur portée pour la foi chrétienne.
Groupe 4 : Comparer l’attente de Siméon et Anne avec celle décrite dans le Psaume 84 ou le Psaume 98.
Proposition d’animation
Inviter les participants à écrire en une phrase ce qu’ils « attendent » de Dieu aujourd’hui. Mettre ces phrases en regard du témoignage de Siméon : qu’est-ce qui change lorsque l’attente est centrée sur le Christ plutôt que sur les circonstances ?
Repères théologiques essentiels
– Le salut est une personne, non un concept.
– L’alliance de Dieu se déploie dans le temps, sans rupture.
– L’élection d’Israël trouve son accomplissement en Christ et s’ouvre aux nations.
– La foi biblique est une attente patiente, éclairée par l’Esprit.
– Le Christ révèle les cœurs et appelle à une réponse personnelle.
Objectif pédagogique
Aider chacun à comprendre que la fidélité de Dieu dans l’alliance fonde une espérance solide, capable de traverser l’attente, la contradiction et l’épreuve, parce que le salut est déjà donné en Jésus-Christ.

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