Basile de Césarée

Basile de Césarée

évêque et théologien chrétien, père et Docteur de l’Église

Basile de Césarée

Apport pour la Théologie Réformée :

J’ai noté l’intérêt de Saint Basile porté à la culture qui rappelle l’approche englobante de la théologie réformée développée notamment par Abraham Kuyper : « Il n’est pas de domaine de la vie des hommes dont le Christ ne puisse dire : c’est à moi ! »

La réforme du Monachisme va aussi dans le sens de la Réforme :

« Si vous vivez à l’écart des hommes comment pourrez-vous vous réjouir avec les heureux et pleurer avec ceux qui souffrent ? Notre-Seigneur a lavé les pieds de ses apôtres : vous qui êtes seul, à qui les laverez-vous ? Et comment exercerez-vous l’humilité, vous qui n’avez personne devant qui vous humilier ? »F 3.

Son combat pour l’orthodoxie de Nicée est à saluer. Ses écrits sur le Saint Esprit sont absolument remarquables.

On retrouve des accents calvinistes dans sa critique du rationalisme de l’hérésie d’Eunome.

Ce Père cappadocien mérite vraiment d’être connu et étudié, tout comme son illustre contemporain Grégoire de Nazianze, qui est aussi un Père cappadociens.

Biographie [wiki] :

Basile de Césarée, né en 329 et mort, selon la tradition, le 1er janvier 379 à Césarée de Cappadoce, est l’un des principaux Pères de l’Église. Il a été appelé, de son vivant, Basile le Grand en raison de son autorité morale et ecclésiale.

Fondateur d’un monastère dans la région du Pont, sur la mer Noire, il est l’auteur d’une règle connue comme la règle de saint Basile. Celle-ci est devenue la principale règle monastique de l’Église d’Orient et a partiellement inspiré la règle de saint Benoît dans l’Occident chrétien. Il pratiqua l’ascèse toute sa vie.

En 370, il devient évêque de Césarée. Son engagement pendant la famine, les hospices pour les malheureux qu’il crée au sein d’une cité de la miséricorde qui porte le nom de Basiliade en ont fait l’un des précurseurs du christianisme social.

Il défend la foi de Nicée contre l’arianisme et écrit des traités sur le Saint-Esprit, développant la théologie de la Trinité. Il cherche autant que possible à pacifier les divisions au sein de l’Église. Il est considéré, avec son frère Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze, comme l’un des trois « Pères cappadociens ».

Il est reconnu comme Docteur de l’Église en 1568 par le pape Pie V. Vénéré en tant que saint par les orthodoxes comme par les catholiques, il est fêté le 2 janvier en Occident, et le 1er janvier, son dies natalis, en Orient, mais également lors de la « fête des trois docteurs œcuméniques », le 31 janvier, avec Jean Chrysostome et Grégoire de Nazianze.

Postérité ecclésiale

Basile est très vite considéré comme saint et docteur de l’Église[C 3] pour ses contributions contre l’arianisme, en particulier pour ses écrits concernant la divinité de l’Esprit-Saint. Traduits en latin, ceux-ci lui assurèrent de son vivant une grande notoriété en Occident, laquelle lui vaudra d’être un des pères grecs les plus cités par les auteurs médiévaux[12].

Mort le 1er janvier, il est commémoré par le christianisme orthodoxe le même jour que la fête de la circoncision. Le martyrologe romain fête saint Basile, non pas le 1er janvier, consacré à la Vierge Marie, mais le lendemain – 2 janvier – en compagnie de son ami Grégoire de Nazianze. Avant la réforme du martyrologe romain en 1969, la Saint-Basile était célébrée le 14 juin, date traditionnelle à laquelle Basile aurait été ordonné évêque. Les anglicans célèbrent la Saint-Basile le 2 janvier, et les coptes la 14 ou 15 janvier.

Dans le rite byzantin, le 30 janvier est la fête des Trois Hiérarques, qui célèbre Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée et Jean Chrysostome.

Écrits

Basile est reconnu comme l’un des grands théologiens du ive siècle[C 3], en laissant un livre sur le Saint-Esprit écrit en 375[D 2], le traité Contre Eunomius en trois livres écrit entre 363 et 365[D 2], trente-sept homélies[C 3], dont neuf sur l’œuvre des six jours appelée l’Hexaméron ou les six jours de la création, qu’Ambroise de Milan a imitée, treize homélies sur des psaumes[D 1], ainsi qu’une riche correspondance épistolaire[D 2]. Il a laissé encore des traités de Morale et d’Ascétisme et des Commentaires sur diverses parties de l’Écriture[11].

Il a en outre produit plusieurs autres œuvres littéraires dans un style qui s’apparente à celui de la seconde sophistique, comme Lucien de Samosate.

Ses œuvres ont été réunies en trois volumes in-folio, par Julien Garnier et Prudhomme Maran, à Paris, entre 1721 et 1730, et réimprimées par les frères Gaume, 1835-1840, et dans la collection de l’abbé Jacques Paul Migne.

Les Homélies et les Lettres ont été traduites en français par l’abbé Jean-Baptiste Morvan de Bellegarde en 1691 ; l’Hexaméron, par Athanase Auger, 1788 ; les Ascétiques par Godefroy Hermant, 1661 ; un des traités de Morale par l’abbé Leroy, 1663 ; le Discours sur l’utilité des livres profanes par Claude-Antoine-Félix Frémion, 1819.

M. Roustan a publié une traduction complète de Basile de Césarée, 12 volumes in-8 dont 4 seulement sont parus , 1847 et Hermant a donné sa Vie, 1674. Eugène Fialon a écrit une Étude historique et littéraire sur saint Basile, suivie de l’Hexaméron qu’il a traduit en français en 1865.

Ses œuvres sont répertoriées au tome 2 de la Clavis Patrum Græcorum sous les no 2835 à 3005.

Héritage

Théologie de Basile de Césarée

Contre Eunome

Dans ce traité, Basile développe son argumentation afin de rejeter ce qu’il considère comme l’hérésie d’Eunome, qui remet en cause la nature divine du ChristF 9.

Eunome, tenant du courant anoméen de l’arianisme, développe, à partir des écrits de Platon, et son Phèdre en particulier, une conception qui remet en cause la Sainte Trinité. La conception de Platon de l’Inengendré, ou l’innascible, conduit Eunome à affirmer que l’innascibilité est le propre de DieuF 10. Or pour Eunome, Jésus est engendré par le Père. Comme il est engendré, il ne peut être inengendré et donc il ne peut pas être de nature divineF 10. Ainsi il affirme que « Platon a triomphé du concile de Nicée »8,F 9.

Basile met en cause les thèses d’Eunome en affirmant que l’« inengendré » ne peut être une définition satisfaisante de Dieu. Basile critique la définition de Platon, qui identifie dans l’« inengendré » la forme du concept avec son objet connu. Basile continue en affirmant qu’Eunome réduit la définition de Dieu à l’un de ses attributsF 11Eunome a donc la prétention de parler de Dieu en se fondant sur ses connaissances rationnelles. Pour Basile, notre nature humaine et finie ne peut pas prétendre à une connaissance entière de Dieu comme l’affirme EunomeF 11.

Basile affirme ainsi :

« Le monde a été créé, nous fait bien connaître la puissance et la sagesse du Créateur, mais non son essence. La puissance du Créateur ne s’y révèle pas nécessairement tout entière. Il se peut que le bras de l’Artiste divin n’y déploie pas toute sa force… En tout cas, le dilemme d’Eunomius ne saurait nous étreindre. Si nous ne connaissons pas l’essence de Dieu, nous ne connaissons rien de Lui. Si, pour être vraie, la connaissance devait être la pleine compréhension, que saurions-nous des choses finies elles-mêmes, qui par tant de côtés, nous échappent ? Et il s’agit de l’infini ! Connaître l’essence divine, c’est avant tout connaître l’incompréhensibilité de Dieu. »F 12,9.

Traité du Saint-Esprit

Dans ce traité, achevé en 375, Basile, issu du parti homéousien, vise à établir l’égalité d’honneur (« l’homotimie ») de l’Esprit avec le Père et avec le Fils, à partir des Écritures et de la Tradition. Ce traité qui est un modèle de pneumatologie marque, entre les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381), une étape décisive sur la voie de la définition de la consubstantialité du Saint-Esprit.

  • Le Magnificat de l’Esprit

« Comme le soleil brille sur les corps sans être amoindri par la part de lumière qu’ils reçoivent de mille façons, l’Esprit procure à tous sa grâce sans être diminué ni divisé.

Il illumine tous les êtres vers l’intelligence de Dieu, il inspire les prophètes, il donne la sagesse aux législateurs, la consécration aux prêtres, la force aux rois, le conseil aux justes, l’honneur aux gens de vertu. Par sa grâce, il opère les guérisons, il rend la vie aux morts, il libère les enchaînés, il adopte les enfants déshérités. Il opère ces merveilles en faisant naître d’en haut. Un publicain a la foi ? il en fait un évangéliste (Mt. 9.9). Il vient chez un pêcheur ? Il en fait un théologien (Mt. 4.19). Un persécuteur se repent ? Il en fait l’Apôtre des nations, le héraut de la foi, l’instrument qu’il s’est choisi (Ac. 9.15). Par lui, les faibles sont forts, les pauvres sont riches, les gens sans esprit ni éloquence, plus sages que les sages.

L’Esprit est dans le ciel et il remplit la terre, il est partout présent et n’est enfermé nulle part. Il réside tout entier en chacun et est tout entier avec Dieu. Il n’administre pas les dons en serviteur liturgique, mais il dispense sa grâce de sa propre autorité. Car il la dispense, dit Paulà chacun en particulier, comme il le veut (1 Co. 12.11). Il est envoyé comme dispensateur, mais il agit de sa propre autorité. Prions pour qu’il soit présent en nos âmes et qu’à aucun moment il ne nous abandonne, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et le pouvoir dans les siècles des siècles. Amen ! »

— Homélie 15, sur la foi, 3, traduction inédite de Guillaume Bady.

Basile a longtemps étudié la culture profane avant de devenir évêque de Césarée en Cappadoce. Extrait du Traité du Saint-Esprit :

Le Fils de l’homme va être livré

« Comment ne pas être stupéfaits devant la grande puissance, mais aussi l’amour du Sauveur pour les hommes, lui qui a supporté de compatir à nos faiblesses et qui a été capable de s’abaisser jusqu’à notre pauvreté ? En effet, ni le ciel, ni la terre, ni l’immense étendue des mers, les habitants des eaux, ceux qui vivent sur la terre, les plantes, les étoiles, l’air, les saisons, l’ordonnance infiniment variée de l’univers, rien ne prouve autant la suréminence de sa force que le fait d’avoir pu, lui Dieu, lui que l’espace ne saurait contenir, se laisser impassiblement lier par la chair à la mort, afin de nous accorder, par sa propre Passion, la grâce de l’impassibilité.

Et si l’Apôtre dit : En tout cela, nous triomphons par celui qui nous a aimés (Rm. 8, 37), il n’indique pas par ce mot quelque humble service, mais le secours qui opère dans la vigueur de la force. Ne considérons donc pas l’action du Fils comme une aide fournie sous la contrainte – celle qu’impose à un esclave sa condition inférieure – mais dans le soin attentif dont il entoure délibérément son propre ouvrage, voyons l’œuvre de la bonté et de la miséricorde, selon la volonté de Dieu le Père. Nous ferons ainsi un acte de piété, en témoignant, en tout ce qu’il accomplit, de la puissance parfaite du Fils, sans jamais le séparer du dessein du Père10. »

Extrait du Traité du Saint-Esprit

Réforme du cénobitisme

Basile de Césarée a une expérience importante de la vie cénobitique et anachorétique à travers ses voyages en Orient, au cours desquels il observe les différentes formes de vies consacrées. À l’issue de ses voyages, il crée une communauté à Annisa, près de Neocésarée, où il développe une nouvelle forme de monachisme, suivant une règle qu’il rédige en partie avec l’aide de Grégoire de Nazianze, donnant naissance à l’Ordre de saint Basile.

Pour Basile, l’idéal de vie monastique ne réside pas dans les immenses colonies de moines existant en Égypte, ni dans les ermitages qu’il a visités dans le désertF 3. Il trouve que les trop grandes colonies de moines sont trop actives et bruyantes et que les ermitages oublient la charité et l’humilité : « Si vous vivez à l’écart des hommes comment pourrez-vous vous réjouir avec les heureux et pleurer avec ceux qui souffrent ? Notre-Seigneur a lavé les pieds de ses apôtres : vous qui êtes seul, à qui les laverez-vous ? Et comment exercerez-vous l’humilité, vous qui n’avez personne devant qui vous humilier ? »F 3.

Basile souhaite donc que les monastères soient de taille raisonnable, de sorte que l’higoumène puisse avoir un rapport suivi avec chaque moine.,D 2.

En outre, il s’oppose à l’austérité radicale et systématique qu’il a observée lors de son séjour en Orient. Même s’il pratique une vie de privations, il rejette les trop grandes privations, celles-ci devant rester modéréesD 2. Ainsi recommande-t-il de ne pas se dépouiller de ses biens en embrassant la vie religieuse, mais de les considérer comme étant consacrés à Dieu, afin de les employer pour des bonnes œuvresF 5.

La règle de Basile contribue à rapprocher les moines du clergé séculier. Dans les monastères orientaux, les moines avaient l’interdiction de devenir prêtre. Basile défend la présence de prêtres dans les monastèresD 2, alors même que Pacôme le Grand refuse catégoriquement que ses moines reçoivent l’ordination presbytéraleC 2. Il souhaite que les monastères soient proches des villes, certes coupés physiquement et moralement du monde, de manière à pouvoir contribuer à l’instruction chrétienne, mais aussi pour être un exemple de vie chrétienneD 2.

Basile rédige les règles de l’ordre vers 361, en tant que prêtre. Il écrit au Pape Libère en 363, qui confirme le bienfait de ces règles monacales, comme le Pape Damase Ier en 366 et le Pape Léon en 456C 2.

L’ordre de saint Basile se propage rapidement en Orient, au point de devenir l’un des ordres de référence de la vie cénobitique orthodoxe. En Occident, Benoît de Nursie s’inspire de ces règles pour rédiger la règle de saint Benoît, qui y joue le même rôleD 2.

La règle de saint Basile est la seule règle monastique ayant perduré jusqu’à nos jours dans les monastères d’OrientC 3.

Liturgie de saint Basile

La liturgie de la messe a repris certaines formules de la divine Liturgie de saint Basile, toujours en usage dans l’Église orthodoxeG 9, où elle est célébrée les dimanches du Grand Carême de Pâques, hormis le dimanche des Rameaux, le Jeudi saint, le Samedi saint, la veille de Noël, le 1er janvier, fête de saint Basile et la veille de la Théophanie (Épiphanie).

Saint Basile réforme durablement la liturgie, laquelle porte son nom : la liturgie de saint Basile, encore en usage chez les orthodoxes et les catholiques de rite byzantinC 3. Cette liturgie est célébrée dans l’Église d’Orient à la place de la liturgie de saint Jean Chrysostome les dimanches et jours de fêtes mentionnés plus haut. Les Coptes et les Éthiopiens ont aussi une anaphore de saint Basile, dont la paternité est confirmée par les liturgistes, alors que l’anaphore principale de l’église arménienne est celle de saint Basile.

Basile et la culture

La double formation, tant profane que chrétienne, de Basile lui donne un poids important dans la question de l’utilisation chrétienne des sources païennesG 10. Son œuvre la plus connue est le Discours aux jeunes gens. Cet ouvrage « humaniste » démontre comment un chrétien peut tirer profit de la littérature classique païenne.

L’opposition entre la culture païenne et le christianisme conduisait certains à rejeter toute la culture profane, la considérant comme contraire à la foi. Basile écrit un texte sur « La manière de tirer profit des lettres grecques ». Dans cet écrit, Basile défend la culture profane très décriée ; tout n’est pas immoral, les nombreux exemples peuvent, selon Basile, apporter aux jeunes un ennoblissement. Basile réclame cependant que soient éliminées les parties les plus suspectes. Les études des jeunes peuvent donc commencer par les écrits profanes avant de terminer sur l’étude de la BibleG 10.

Ainsi les écrits grecs sont, pour le chrétien, la même chose que la culture égyptienne pour Moïse et sont pour Basile les premières étapes afin d’accéder à la plus haute tâche, qui est, pour Basile, l’intelligence de l’Ancien Testament et du Nouveau TestamentG 10.

Cette lettre de Basile est l’une des plus connues et a été réimprimée à la RenaissanceG 10.

Citations

Basile a longtemps étudié la culture profane, avant de devenir évêque de Césarée en Cappadoce13.Heureux est l’homme

« Heureux est l’homme qui ne suit pas le chemin des pécheurs (Ps 1, 1). Pourquoi dire « heureux » non pas celui qui pratique la vertu, mais celui qui s’abstient du péché ? Car ainsi, on pourrait dire « heureux » le cheval, le bœuf, la pierre ! Quel être inanimé se tient-il dans la voie des pécheurs ? Attends donc un peu, tu trouveras le remède. Suit en effet : Mais se plaît dans la loi du Seigneur (Ps 1, 2). Or méditer la loi divine est le lot de celui-là seul qui est doué de raison.
Quant à nous, nous dirons ceci : pour commencer à posséder les biens, il faut se retirer des maux : Évite le mal, fais ce qui est bien (Ps 36, 27). Le psaume nous conduit donc à la vertu avec science et art, il fait du retrait des vices le commencement des biens. Car s’il t’avait dirigé d’emblée vers des œuvres parfaites, tu aurais reculé avant de t’y mettre. Mais maintenant, il t’en présente d’assez faciles pour que tu les affrontes hardiment.
Car je pense que l’exercice de l’amour envers Dieu est semblable à cette échelle que vit un jour le bien-heureux Jacob, qui d’une part était au ras du sol, mais d’autre part s’élevait plus haut que le ciel lui-même (Gn 28, 12). Ainsi ceux qui s’engagent dans une vie vertueuse doivent d’abord mettre le pied sur les premiers degrés, de là monter toujours sur les degrés suivants jusqu’à ce que, petit à petit, ils arrivent aussi haut que la nature humaine peut monter. »

— Basile de Césarée. Homélie sur le psaume 1, 4-5 ; Magnifiez avec moi le Seigneur, trad. L. Brésard, Cerf, 1997, p. 48-49.

À saint Basile, évêque de Césarée en Cappadoce, sont attribuées des Règles14 suivies encore aujourd’hui par une large partie des moines d’Orient, et rédigées sous forme de questions et de réponses15.Questionner la foi

« Question : — Parlez-nous d’abord de l’amour de Dieu. Il est entendu qu’il faut aimer Dieu, mais comment faut-il l’aimer ? Voilà ce que nous voudrions apprendre.
Réponse : — L’amour de Dieu ne s’enseigne pas. Personne ne nous a appris à jouir de la lumière ni à tenir à la vie par-dessus tout ; personne non plus ne nous a enseigné à aimer ceux qui nous ont mis au monde ou nous ont élevés.
De la même façon, ou plutôt, à plus forte raison, ce n’est pas un enseignement extérieur qui nous apprend à aimer Dieu. Dans la nature même de l’être vivant — je veux dire de l’homme —, se trouve inséré comme un germe qui contient en lui le principe de cette aptitude à aimer. C’est à l’école des commandements de Dieu qu’il appartient de recueillir ce germe, de le cultiver diligemment, de le nourrir avec soin, et de le porter à son épanouissement moyennant la grâce divine. »

— Basile de Césarée. Grandes règles, question 2, trad. L. Lèbe, dans Saint Basile, Les règles monastiques, Maredsous, 1969, p. 49.
Interprétation

Le texte qui suit est tiré du Traité du baptême. Cette œuvre, destinée aux moines, est attribuée à saint Basile le Grand16.Servir Dieu, avant tout

« Ce n’est pas seulement le mépris des biens et des nécessités de la vie qui nous est enseigné. Nous apprenons aussi à élever nos sentiments au-dessus des usages de la société, considérés selon la loi et selon la nature comme de justes obligations.
À l’un qui avait dit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père », il a répondu : « Laisse les morts enterrer leurs morts » (Lc 9, 59-60). Et à cette parole de l’autre : « Laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison », il a donné cette réplique plus frappante, accompagnée d’une plus lourde menace : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu » (Lc 9, 61-62). On voit par là que l’obligation humaine, lorsqu’elle fait tant soit peu différer la ferme obéissance due au Seigneur, est incompatible, même si elle semble raisonnable, avec le désir de devenir son disciple.
« Si quelqu’un, affirme le Seigneur, vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Cette « haine » met en nous l’idée non de tramer des embûches, mais d’exceller dans la piété en nous empêchant d’écouter les voix qui en détournent. »

— St Basile le Grand. Sur le baptême I, 3-4, trad. J. Ducatillon, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 357, 1989, p. 93-99.

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