
Martin Luther nait à Eisleben, dans l’électorat de Saxe. Entré au couvent des moines augustins à Erfurt, il reçoit l’ordination et devient un spécialiste de la Bible. Alors qu’il médite l’Épître aux Romains, durant l’hiver 1512-13, il est conduit à s’interroger sur les pratiques et l’enseignement de l’Église. Il condense sa pensée en 95 thèses qu’il affiche, comme le veut l’usage de ce temps, à la porte de la chapelle du château de Wittenberg. Luther y condamne le commerce des indulgences qui constitue une importante source de revenus pour l’Église. Pour lui, seul le sacrifice du Christ sur la croix est à même d’assurer le salut de l’homme. C’est la doctrine libératrice qu’il défendra toute sa vie.
Description historique
Martin Luther naît le 10 novembre 1483 à Eisleben, en Saxe, dans le Saint-Empire. Avant lui, plusieurs pré-Réformateurs avaient préparé le terrain :
- Pierre Valdo (XIIe s.) – prédication vernaculaire et retour à la Bible
- Jean Wyclif (XIVe s.) – autorité de l’Écriture
- Jean Hus (†1415) – réforme morale de l’Église, communion sous les deux espèces
Mais c’est Luther qui devient le Père de la Réforme : la première génération du mouvement. Son combat pour la justification par la foi seule et l’autorité de l’Écriture ouvre la voie à un bouleversement théologique, ecclésial et culturel.
En 1517, il affiche ses 95 thèses contre les indulgences. Sa prédication, ses écrits et sa traduction de la Bible en allemand donnent naissance au luthéranisme, encore largement présent en Allemagne, Scandinavie, Europe du Nord et dans de nombreuses communautés en Amérique du Nord.
Calvin représentera la seconde génération de la Réforme, systématisant l’héritage doctrinal que Luther a rendu possible.
Citations de Luther
1. Sur la justification par la foi
« Nous sommes justifiés par la foi seule, sans les œuvres de la Loi. »
(Préface à l’Épître aux Romains, 1522)
2. Sur l’autorité de la Parole
« La Parole a tout fait et accompli l’œuvre, moi je n’ai rien fait. »
(Sermon sur la dédicace de l’église du château, 1522)
3. Sur la conscience captive de l’Écriture
« Ma conscience est captive de la Parole de Dieu. Je ne puis ni ne veux me rétracter. »
(Déclaration à la Diète de Worms, 18 avril 1521)
4. Sur la liberté chrétienne
« Le chrétien est un seigneur libre sur toutes choses, et n’est soumis à personne.
Le chrétien est un serviteur empressé en toutes choses, et est soumis à tous. »
(De la liberté du chrétien, 1520)
Apport pour la théologie réformée (au sens large)
1. Redécouverte centrale de l’Évangile
Luther remet en lumière la vérité biblique selon laquelle :
- La justice de Dieu est donnée, non méritée ;
- L’homme est sauvé par la grâce seule (sola gratia) ;
- La foi est l’instrument de la justification (sola fide).
Cette redécouverte structure tout le protestantisme : luthérien et réformé.
2. Autorité de l’Écriture (sola Scriptura)
Luther affirme avec force que :
- L’Écriture est l’autorité suprême en matière de foi,
- Les conciles et papes peuvent errer,
- La conscience doit être liée par la Parole.
Cette conviction deviendra un pilier du calvinisme, systématisé ensuite par Bucer, Calvin, Bullinger et les confessions réformées.
3. Rupture avec la théologie méritoire médiévale
Grâce à Luther, la théologie protestante se libère des systèmes de mérites et des médiations humaines.
Dieu sauve par Christ seul (solus Christus), ce qui conduit les Églises réformées à centrer :
- La prédication sur l’Évangile,
- La liturgie sur la Parole,
- La vie chrétienne sur la reconnaissance.
4. Impulsion pour la structure ecclésiale et la pastorale
Luther renouvelle :
- La prédication biblique,
- La catéchèse,
- La liturgie,
- Le chant d’assemblée,
- L’éducation chrétienne.
Les Églises réformées reprendront ce mouvement en lui donnant une organisation presbytéro-synodale plus rigoureuse.
5. Héritage durable dans l’Europe du Nord
Le luthéranisme demeure aujourd’hui la confession majoritaire en :
- Allemagne du Nord
- Danemark
- Suède
- Norvège
- Finlande
- Islande
- Pays baltes
Luther reste ainsi l’une des figures les plus influentes de l’histoire du christianisme occidental.
Prière du 10 novembre – Pour la fidélité à l’Évangile de la grâce
Seigneur notre Dieu,
nous te rendons grâce en ce jour pour ton serviteur Martin Luther,
que tu as suscité pour rappeler à ton Église
la bonne nouvelle de la grâce,
de la justice reçue par la foi,
et de la liberté des enfants de Dieu.
Tu l’as fortifié dans son combat intérieur,
tu as éclairé son intelligence par ta Parole,
et tu lui as donné le courage de confesser la vérité
devant les puissants de ce monde.
Accorde-nous ce même zèle pour l’Écriture,
cette même joie de la justification gratuite,
et cette même assurance que notre salut
ne repose pas sur nos œuvres,
mais sur l’œuvre parfaite de Jésus-Christ.
Fais de nous des témoins humbles et fidèles,
attachés à la vérité de ton Évangile,
courageux dans la confession,
serviteurs de ton Église et de notre prochain.
Que ton Esprit nous garde libres de la crainte,
et captifs de ta Parole.
À toi seul la gloire,
par Jésus-Christ,
notre Justice et notre Paix.
Amen.
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